09/06/2021
Les atouts d’un jardin de poche.
Il y a des contraintes que l’on peut contourner, d’autre pas (le cadastre, un titre de propriété, l’ombre portée faite par le bâtiment du voisin,…). Un jardin de poche est un défi très stimulant pour un designer.
Sinum Hortus peine à totaliser 200m² de surface non artificialisée.
Au début de l’aventure, à l’été 2018 je le voyais comme un jardinet, un support de plantations diverses, incluant une marette et un potager (j’étais quand même doté d’une intuition systémique, éclairée par les principes de la permaculture).
3 ans plus t**d, c’est une galaxie de biotopes offrant gîte et couvert pour une population variée.
Aménager une « petite » surface vous met rapidement face à des choix, parfois radicaux mais surtout questionne la notion d’échelle. Si vous restez positionné(e) à hauteur d’humain, alors l’aventure s’arrête rapidement, vous devenez agent d’entretien d’espaces verts, jardiner vous vide la tête, c’est quand même un bon début.
Pour ma part, la curiosité et le challenge induits par cette question d’échelle ont peu à peu orienté ma façon de concevoir l’aménagement d’espaces naturels.
Cette évolution intérieure a conduit à une « fractalisation » de la pensée, toujours compatible avec une approche systémique. La structure initiale, l’intention première, le squelette de Sinum Hortus, tout cela se maintient. Mais à y regarder de plus près, les surfaces deviennent des espaces qui tendent au fractionnement, à la subdivision (à la manière de cellules ?).
Tant est si bien que maintenant, je me sens presque comme Gulliver, chacun de mes pas au jardin m’amène dans un endroit faunistiquement et floristiquement différent de celui que je viens de quitter (d’où l’image de la galaxie).
Ce changement de paradigme, à la fois progressif et brutal (encore la question d’échelle, cette fois temporelle) opère des modifications comportementales profondes. La « fractalisation » (de l’espace et de la pensée) m’amène à considérer l’espace Sinum Hortus comme une multitude de jardins, connectés mais autonomes.
Cette nouvelle réalité permet ou plutôt force à un abandon de la machine. Aujourd’hui passer la tondeuse reviendrait à lancer un tsunami sur l’Aquitaine. Tous les outils (à main) de jardin « grossissent », le sécateur devient cisaille, etc…
Alors c’est toute la conscience qui évolue car peu à peu c’est un recalage global qui s’opère, une resynchronisation avec la nature.
Les outils mécanisés, perfusés à l’énergie électrique ou thermique, nous font « gagner » du temps mais en contrepartie favorisent une pensée hors-sol déconnectée du réel.
J’exagère à peine quand j’affirme qu’ils transforment leurs utilisateurs en tueurs de masse, co-responsable de graves perturbations de la chaîne alimentaire menant à l’effondrement du vivant.
Je reconnais que ce type de conclusions ne peut germer que dans un esprit « fractalisé » par les défis d’aménagement d’un petit espace.
Faire preuve d’ « intelligence », c’est évidemment d’utiliser des outils adaptés à la situation. L’idée n’est pas de tailler la prairie aux ciseaux.
Alors…
Qui cultive qui ? Est-ce le jardinier qui conduit le jardin ? L’inverse ? les deux ?
Si on me posait la question, je saurai quoi répondre.