03/12/2024
À tous mes clients de réactifs :
un excellent article sur les chiens réactifs. Je vous encourage à le lire ❤️❤️🐾
[profiter de la vie avec un chien réactif, c'est possible ?]
J'aime expliquer aux personnes que j'accompagne, lorsqu'elles me demandent si elles retrouveront un jour "une vie normale" avec leur chien, que la réactivité s'apparente à une problématique d'addiction : les comportements réactifs sont le symptôme d'un malaise intérieur, qui prend lui-même ses racines dans un terrain glissant.
Il est possible, en travaillant sur le fond du problème, sur l'émotionnel, l'environnement, ET à terme sur les réponses comportementales, d'apaiser les symptômes. Cependant, le terrain restera toujours fragile. Les traumas, l'insécurité ressentie dans l'enfance (ou la période juvénile chez le chiot), les défaillances de socialisation précoce... sont des éléments de la vie de l'individu qui ne pourront jamais être modifiés (tout simplement parceque la machine à remonter dans le temps n'a pas encore été brevetée 🤔).
Le TERRAIN psycho-affectif et émotionnel de nos chiens réactifs est et restera glissant. Un chien qui a pu, au cours de sa vie, produire des comportements réactifs, est avant tout un chien avec une sensibilité particulière. Et cette sensibilité mérite et nécessite (sans quoi, risque de rechute assuré) d'être respectée toute la vie du chien.
Pour autant, il est possible, en fonction de son environnement de vie, de partager de beaux moments avec son chien réactif. Quelques points importants :
🍁 L'environnement devra être choisi avec soin (et possiblement repéré en amont sans le chien) afin de respecter la distance de confort de l'individu. Lors de ces sorties, il n'est pas question de travailler la réactivité, d'aller jouer avec les zones pour modifier les comportements réactifs... Mais bien de profiter, de partager un moment agréable avec son chien. Éviter les déclenchements en balade c'est non seulement respecter l'émotionnel de son chien, mais c'est aussi s'offrir une pause bien méritée. Le travail attendra. Il est donc primordial de s'assurer que tout le long de la balade, des solutions de repli/éloignement existent en cas de besoin
🍁 Comprendre et analyser avec précision ce qui met en difficulté le chien (quel déclencheur, dans quel contexte de liberté de mouvement, dans quel environnement, en présence de quelles ressources... etc) est une étape essentielle pour désamorcer certaines situations et profiter de sa balade sans incident.
Un exemple concret : Azuki met à distance de façon très virulente tout chien qui s'approcherait de lui de façon frontale lorsqu'il est bloqué sans sa possibilité de s'éloigner (laisse courte, bloqué contre un mur, contre les jambes de quelqu'un, etc). En l'observant, j'ai compris que lorsqu'il avait la possibilité de s'éloigner du chien, alors il choisissait systématiquement l'évitement à l'agression. En ayant compris cet état de fait, la fréquence des agressions a drastiquement diminué, car je fais toujours en sorte qu'il ait la possibilité de s'éloigner... en agissant directement sur l'environnement.
Autre exemple : le chien d'une de mes clientes réagit à vue sur tout humain entrant dans son champ de vision de façon inattendue. Visiblement, la surprise est LE facteur qui fait la différence entre une situation gérée et une explosion. Pour réduire le facteur "surprise", nous avons donc codé un mot qui permet à l'humain de prévenir le chien en cas d'apparition de déclencheur, et donc de lui permettre d'analyser la situation, mais également de l'aider à se reposer sur son humaine et donc faire baisser l'hypervigilance.
À force de collecter des données sur les réactions de nos chiens dans diverses situations, il devient donc possible de discriminer certains environnements, certains facteurs aggravants ou facilitants... Pour ensuite sélectionner des environnements où le risque de déclenchement sera réduit au maximum
🍁 Vouloir à tout prix adapter son chien à toutes les situations du quotidien est-il vraiment éthique ? Un chien profondément mal à l'aise avec l'humain, même après avoir travaillé sur ses comportements réactifs, sera-t-il épanoui attaché sur une terrasse de café entouré de personnes inconnues? Un ancien grand réactif congénères, à peine stabilisé, s'épanouira-t-il sur des chemins de balade saturés de chiens en liberté ?
Les comportements réactifs sont, ne l'oublions pas, des tentatives de s'extraire de situations inconfortables. Le chien se réfugie dans l'agressivité pour se soustraire à une émotion aversive. S'il est sans cesse confronté à ces émotions, la régression sera pour ainsi dire inévitable, car le refuge est trop bien connu et maîtrisé.
Il peut être extrêmement difficile, voire douloureux, de réaliser qu'il existe un fossé immense entre ce que nous aurions voulu partager avec notre "chien idéal" et ce qu'il est réellement possible de partager avec notre chien réactif. Et cette souffrance n'est en aucun cas à minimiser.
Cependant, en étant assez observateurs et à l'écoute de notre chien, il est possible de trouver des fenêtres, de faire se recouper nos envies mutuelles et ses besoins de distance et de sécurité. Cela nécessite par contre beaucoup de réflexion, de proactivité dans la recherche des lieux adaptés, et parfois de renoncement à nos envies de tout partager.
Mais ces sacrifices ne viennent pas sans contrepartie, car lorsqu'on vit avec un chien réactif, on devient non seulement plus compétent en analyse du comportement canin, mais nous devenons aussi de meilleures personnes, plus empathiques, plus à même de comprendre les émotions d'autrui. Et ça, dans une société aussi auto-centrée, c'est une compétence précieuse.
Juliette SASTRE
Yes We Dog - Education & Comportement canin