14/07/2021
🐟 Front de libération des poissons rouges : stop aux poissons rouges dans les abreuvoirs pour équidés 🐟
A la lecture du titre de cet article, il serait possible de se demander ce qu’une personne tenant une page traitant des relations entre les équidés, les plantes et l’environnement peut bien avoir à dire concernant l’utilisation des poissons rouges dans les bacs à eau. Et pourtant…
🐟 Pourquoi les poissons rouges sont-ils régulièrement conseillés comme épurateurs dans les bacs à eau ?
C’est un peu l’exemple parfait d’une « fausse bonne idée ». Les gens qui conseillent de mettre des poissons rouges dans les bacs à eau le font pour limiter la présence de larves d’insectes et la détérioration de la qualité de l’eau du bac quand celui-ci n’est pas changé souvent. Dans l’idée, les poissons rouges, insectivores et détritivores vont manger les larves et autres « impuretés » (comprendre impuretés via le prisme de l’œil humain, le moustique par exemple a son utilité qu’on le veuille ou non) et donc l’eau va rester propre et saine. Sauf que…
🐟 Le poisson rouge n’est pas un animal améliorant la qualité des eaux
Votre petit poisson, il mange certes. Et par la suite, il fait ce que tout organisme fait pour vivre un certain temps et qui s’alimente va faire : c**a. Le problème c’est que le c**a de poisson rouge, ce n’est pas exactement le summum en terme de composition et que ça va vite fait bien fait vous rendre l’eau impropre (aussi bien du coté potable que du coté « clair ») si vous ne la changez pas régulièrement. Enfin, les poissons rouges sont des fouisseurs, dont l’activité a tendance à augmenter la turbidité de l’eau. Par ailleurs, Maurice le poisson rouge ne survivra pas non plus dans une eau sans plantes permettant de dénitrifier et oxygéner son environnement clos (le bac).
🐟 Maurice est un animal et comme les autres il a des besoins
Et malheureusement, a moins d’avoir des bacs de 500L vous ne pourrez satisfaire les besoins de Maurice. Ce dernier appartient en effet à une espèce grégaire, comme nos équidés, il convient donc de lui fournir de la compagnie pour qu’il se sente bien. Hors, contrairement à ce qui se lit souvent, le poisson rouge ne se contente pas de 15L d’eau pour être bien. La moyenne est de 100L par poisson rouge et dans un bac si possible rectangulaire pour satisfaire les besoins de nage important de l’espèce. Comme avec les équidés, lorsque l’on se renseigne sur les besoins d’une espèce domestique, il est aisé de se rendre compte que subvenir aux besoins fondamentaux n’est pas si aisé. Si la démarche est engagée pour les équidés, autant éviter de se servir d’une autre espèce en oubliant ses besoins ;)
Enfin, si le poisson rouge commun peut survivre en restant à l’année dehors dans un bac dont une partie gèlera en hiver, ce n’est pas le cas des variantes de l’espèce disponibles en animalerie. Et de façon à éviter un impact négatif sur les écosystèmes aquatiques, on évitera bien entendu de remettre Maurice et ses copains à l’eau si on ne souhaite plus les garder. Parce que Maurice, s’il se retrouve dans les milieux naturels, il ne le fait pas exprès mais il ne fait pas grand-chose de bien. Quelques détails ici : http://especes-exotiques-envahissantes.fr/espece/carassius-auratus/
🐟 Le poubellarium, une solution ?
Qu’est-ce qu’un poubellarium ? Un bac extérieur dans lequel on essaie de recréer un « écosystème » apte à accueillir les poissons et qui va durer dans le temps tout en se passant des filtres, pompes etc classiques dans les aquariums d’intérieur. Exit donc le bac vide avec trois Maurice qui nagent, ici nous parlons d’un bac dans lequel sont ajoutées des plantes, parfois même un substrat faisant office de « sol ». Vu d’ici l’idée n’est franchement pas mal. C’est oublier les plantes les plus souvent proposées pour remplir le poubellarium et assurer la bonne qualité de l’eau malgré la présence des poissons.
🌿Poubellarium et espèces exotiques envahissantes 🌿
Le fait que l’aquariophilie soit à l’origine de l’introduction de nombreuses plantes exotiques envahissantes dans les milieux naturels n’est pas un fait fortement relayé par les médias, et pourtant, c'est le cas. Hors, malgré l’impact de ces espèces sur les milieux naturels et les espèces qui les peuplent, la plupart sont toujours en vente. Si dans un cas d’aquariophilie classique, il faut en général un abandon de l’aquarium suivi d’une vidange dans les toilettes pour répandre les plantes à l’extérieur, dans le cas d’un poubellarium il suffira qu’un oiseau s’y arrête et en emmène un peu avec lui pour que les plantes se retrouvent dans les milieux naturels.
On peut dès lors difficilement parler d’une démarche écoresponsable lorsque la liste des plantes qui reviennent régulièrement en conseil pour ce genre de cas est observée :
🌱Les élodées (Elodea nuttallii & Elodea canadensis) : deux espèces présentes depuis longtemps dans les milieux naturels. Elles forment des communautés monospécifiques dans les pièces d’eau de plus ou moins grande taille, étouffant littéralement les autres espèces végétales, dont certaines représentent des enjeux écologiques très forts.
🌱 L’égérie dense (Egeria densa) est elle aussi une espèce exotique envahissante dont la présence dans l’ouest de la France a entrainé des interventions d’ampleur pour gérer les herbiers qui empêchaient la navigation. Bien que les travaux de faucardage permettent normalement de gérer la plante, ces derniers sont impactants pour la faune qui est prise en même temps que les herbiers dans les machines.
🌱 La jacinthe d’eau (Eichhornia crassipes) est une des espèces exotiques envahissantes les plus répandues dans le monde. En métropole elle n’est pour le moment présente que sur quelques spots dans le sud ouest mais ne parvient pas à se maintenir en raison du climat, pour le moment en tous cas.
🌱 La salvinie géante (Salvinia molesta) qui pour le moment ne s’est pas implantée dans les milieux naturels en métropole car elle ne supporte pas le climat tout comme la laitue d’eau (Pistia stratiotes) qui malgré quelques observations ne se maintient pas dans les milieux naturels actuellement. Cependant, le changement climatique et le caractère très fortement envahissant de ces espèces devrait nous suffire à ne pas prendre de risque.
🌱 Les lentilles d’eau (Lemna sp et apparentées) : si vous achetez des espèces autochtones, pourquoi pas. Cependant bien souvent c’est Lemna minuta, encore une exotique envahissante, qui est implantée dans ce type de bassin.
Alors bien sur, il est possible de prendre des plantes autochtones uniquement pour réaliser un poubellarium, telles que Ceratopyllum demersum ou Lemna minor. Malheureusement c’est plus que rarement ce qui est fait, les plantes exotiques étant les plus conseillées. Les invasions biologiques sont aujourd’hui considérées comme une des trois principales causes d’érosion de la biodiversité. Alors, peut être peut-on se contenter de changer l’eau des bacs de nos chevaux et nettoyer ces derniers régulièrement, plutôt que de prendre le risque de favoriser la dispersion d’exotiques envahissantes dans les milieux naturels ?
Belle journée à tous