Canessence - Éducation et comportement canin

Canessence - Éducation et comportement canin Sarah, consultante en comportement canin : prédation et réactivité. Méthode positive et bienveillante. Nord Gironde et à distance.

Idées reçues et interrogations sur le travail de la prédation- "Le chien a moins d'intérêt pour la faune après avoir tra...
10/02/2025

Idées reçues et interrogations sur le travail de la prédation

- "Le chien a moins d'intérêt pour la faune après avoir travaillé la prédation "

Oui et non

En travaillant la prédation en positif ou de manière bienveillante, on ne supprime pas de comportements car on travaille sans punitions.
Les comportements de prédation restent donc présents MAIS peuvent paraître moins intenses pour les raisons suivantes :
-> On apprend à reconnaître, gérer et à créer du lien autour des comportements de prédation les plus subtils. On travaille en réalité la gestion des comportements de prédation afin que ces derniers prennent moins de place pendant les balades.
-> Un des axes de travail est de développer d’autres activités en extérieur ; on élargit donc le répertoire de comportements du chien en balade. Si votre compagnon ne pensait qu’à chasser en extérieur, effectivement vous pourrez observer une diminution de son intérêt pour la faune.
-> S’il y avait une composante réactivité à la prédation de votre chien, vous observerez une diminution des comportements de prédation avec le travail global (réactivité et prédation).

Mais globalement; un chien chasseur restera intéressé par la faune !

- "Plus la séquence de prédation est complète, plus il est difficile de travailler la prédation "

Oui et non

Qui dit séquence complète dit mise à mort de l’animal.
Oui, il est plus difficile émotionnellement de travailler la prédation quand le chien met à mort car le moindre défaut de gestion peut mener à une issue fatale. Et c’est encore pire si votre chien considère le bétail ou les chats du voisinage voire du foyer comme des proies.
En outre, si le chien produit des comportements de mise à mort sans course-poursuite ou pistage préalable, il se peut qu’il tue des animaux fragiles ou peu sauvages (chats, pigeons) même en laisse de 3m en pleine ville, malgré vos efforts de gestion. Dans ce cas, je vous conseille vivement la muselière.

En revanche, si le chien met à mort un pigeon en ville sans avoir à courser, chercher ou pister, ces derniers comportements ne seront pas forcément renforcés car ils ne feront pas partis de la séquence. Ça n’impactera pas nécessairement le travail global.

Ainsi, on peut vite voir des progrès sur la prédation globale chez les chiens qui mettent à mort et à l’inverse stagner avec des chiens qui ne présentent qu’une recherche à vue et un comportement de course-poursuite.

En bref, la longueur de la séquence et le nombre de comportements de prédation produits par le chien ne prédisent en rien de la vitesse des progrès ou la longueur du travail à effectuer.

- “Le plan d’entraînement va dépendre de la race du chien”

NON !

Il n’existe pas de comportement qu’on n’observerait que dans une race.. Tout comportement qu’on attribue généralement à une race est forcément présente au sein de l’espèce canine, dans son éthogramme. Ça vaut donc aussi pour les comportements de prédation.

Ainsi votre husky peut ramper tel un border collie pour approcher ses proies et votre berger allemand peut avoir une posture d’arrêt digne d’un braque allemand.
Ce qui est important est de reconnaître les comportements de prédation de VOTRE animal et parmi eux, ceux qui le motivent le plus.
La race de votre chien ne va donc pas être pertinente pour décider du plan d’entraînement.

Dans une publication récente*, les comportements de prédation ont été rassemblés sous 4 grandes fonctions : Chercher - approcher - poursuivre - mordre. Dans chacune de ces catégories peuvent rentrer plusieurs comportements dont des comportements plus spécifiques qu’on attribue généralement à des races précises. Ce qui permet de sortir du modèle de Coppinger et Coppinger de 2002, dans lequel l’eye et le stalk (fixation visuelle et l’approche lente) prenaient beaucoup de place, alors que ce ne sont pas des comportements très courants.

- "Donner de l'intérêt à la faune va renforcer la prédation de mon chien"

Oui et non

À travers la synchronisation, on donne forcément de l’intérêt à la faune et on renforce les comportements de prédation qui sont inoffensifs, c’est un fait. Mais si la prédation de votre chien vous pose souci au quotidien, l’intérêt est déjà là. Vous n’observerez donc pas un intérêt grandissant pour la faune avec votre chien chasseur en travaillant la prédation de cette manière (voir slide 2).

En revanche, si la prédation de votre chien ne vous pose que très rarement souci, s’il est juste opportuniste et court après un lapin quand il détale à 2m, ça ne vaut peut-être pas la peine de travailler la prédation de cette manière. Le risque étant de développer une recherche active de gibier et des comportements tels que le pistage, un scan excessif de l’environnement ou de la vigilance en milieu giboyeux alors que votre chien ne présentait pas ces comportements à la base.
Dans ce cas-là, travailler le rappel d’urgence ou les demi-tours / changements de direction peuvent largement suffire (là où ce ne sera pas suffisant pour votre chien chasseur).

- "Jouer à travers les comportements de prédation renforce la prédation envers la faune"

Non

Il n’y a pas de preuve que de s’amuser à travers les comportements de prédation renforce la prédation envers la faune (même via les jeux de lancer !).
Il n’y a pas non plus de preuve que l’utilisation de jeux (substituts) qui imitent les comportements de prédation permette de limiter la prédation envers la faune.

Alors pourquoi on aime les utiliser ? L’intérêt est multiple à mon sens :
-> Jouer avec des chiens qui a priori n’aimaient pas jouer, à travers des comportements très motivants.
-> Améliorer la connexion en situation excitante.
-> Enrichir le quotidien du chien et développer son répertoire de comportements en extérieur.

Attention, néanmoins, gardez en tête que vous pouvez développer les compétences de votre chien pour certains comportements de prédation à travers le jeu (liste non exhaustive) :
-> Une endurance sur la course-poursuite avec les jeux de lancer.
-> Une ténacité dans le pistage, une très bonne détection d’odeurs avec le mantrailing ou le travail du flair en général.
Le but du jeu est de renforcer la connexion avec son chien et d’enrichir son quotidien, pas forcément d’en faire un chien extrêmement compétent sur une tâche. Attention donc au piège de vouloir toujours compliquer la recherche d’objets ou les pistes, par ex.

- "Mon chien est parfait en longe, ça ne sert donc à rien de travailler en longe"

NON !!

Vous travaillez la prédation depuis plusieurs mois et votre chien ne montre plus de comportements de prédation en longe ; il peut regarder les lapinous détaler à 5m sans bouger d’un poil. Vous décidez donc naturellement d’enlever la longe. Malheureusement, son comportement en liberté s’avère complètement différent.
Ce n’est pas rare qu’un chien change radicalement de comportement quand on enlève la longe. Ce n’est pas une raison pour en conclure que ça ne sert plus à rien de travailler en longe !
Plusieurs raisons peuvent expliquer ce changement de comportement :
-> L’historique de renforcement dans les comportements de prédation est encore frais pour le chien. Dézoomez un peu ; certes votre chien est parfait depuis 2 mois en longe mais avant ça pendant combien de temps s’est-il renforcé en suivant la moindre piste en forêt ? L’historique de renforcement peut encore peser lourd dans la balance.
-> Parfois, enlever la longe est tout simplement signal pour le chien de partir courir loin et longtemps. Dans ce cas, plusieurs étapes intermédiaires peuvent être envisagées pour changer cette association.

*Anna Broseghini, Miina Lõoke, Cécile Guérineau, Lieta Marinelli, Paolo Mongillo, Ethogram of the predatory sequence of dogs (Canis familiaris), Applied Animal Behaviour Science, Volume 279, 2024

Aller-retour ou boucle ? Quelle balade privilégier pour mon chien chasseur, sensible et/ou excité ?Les potentiels avanta...
05/02/2025

Aller-retour ou boucle ? Quelle balade privilégier pour mon chien chasseur, sensible et/ou excité ?

Les potentiels avantages aux balades en aller-retour :

- Moins de stimuli : parfaites pour les chiens trop stimulés par leur environnement.

- Plus de prédictibilité pour le bipède et le chien : adaptées pour les anxieux.

- Un chien potentiellement plus attentif à son humain·e au retour : moment parfait pour travailler la connexion, les pauses et l’observation.

Les boucles, quant à elle :

- Sont potentiellement deux fois plus stimulantes.

- Sont à privilégier si le chien déteste les demi-tours.

- Sont à privilégier si le chien part encore plus loin sur le retour des balader en aller-retour, par manque de stimulation ou frustration.

Comment introduire les balades en aller-retour si elles sont compliquées pour votre chien ?
(seulement si vous pensez qu’elles peuvent être bénéfiques)

- La pause avant de faire demi-tour

Faire une pause avant de faire demi-tour peut aider. 
On laisse le temps au chien d’explorer les alentours, profiter de son environnement, creuser, etc.
Si le chien fait la “pierre” au moment de faire demi-tour, un moment jeu peut aider à remettre du mouvement.

- Le faux demi-tour

Au lieu de faire demi-tour, on peut faire une mini-boucle avant de regagner le chemin principal.

Si c’est l’action du demi-tour qui pose problème au chien, ça aidera probablement.

- L’habituation aux demi-tours

Il est possible d’introduire les demi-tours sur les balades en boucle en s’engageant sur un chemin sur quelques dizaines de mètres avant de faire demi-tour. 

-> Les nouveaux stimuli de la boucle sont proches et le demi-tour sera plus facile à supporter.

Vous êtes plutôt balade en aller-retour ou boucle ?

L’importance d’une approche globale et les risques des plans d’entraînement “tout faits”Petra et la protection de ressou...
31/01/2025

L’importance d’une approche globale et les risques des plans d’entraînement “tout faits”

Petra et la protection de ressources / le contrôle de mouvement

Nous avons adopté Petra en février 2019, elle avait 10 mois. Les premiers jours à la maison, elle passait son temps à mâcher les os et sabots à disposition dans le coffre à jouets, passant de l’un à l’autre un peu frénétiquement. J’ai du réduire le nombre de mastications à disposition au bout de quelques jours afin qu’elle se repose et dorme en journée.
Après quelques semaines, des comportements de type contrôle de mouvement sur Larsen autour des ressources et surtout du coffre à jouets sont apparus. Au début, ça se traduisait ainsi :
- Suit Larsen quand il se déplace vers le coffre à jouets.
- Reste derrière mais collée à lui, à le fixer.

Ça a ensuite évolué en :
- Fixation visuelle dès que Larsen se met en activité le soir à la maison.
- Le suit puis se met devant, posture tendue, essaye de stopper son mouvement.
- Parfois, coups de museau si Larsen était excité, à proximité des ressources (coffre à jouets, nous).

Ça n’a jamais escaladé et Larsen a toujours complètement ignoré ces comportements.

Le programme d’entraînement classique pour ce type de problématiques : le contre-conditionnement

En cas de protection de ressources, la technique la plus souvent conseillée en éducation positive est le contre-conditionnement. C’est par exemple la technique conseillée dans le livre Fight! de Jean Donaldson.
La présence du congénère autour des ressources est aversive de base, on va donc essayer de changer cette association pour que ça devienne quelque chose de positif pour le chien qui fait de la protection de ressources.
Présence du congénère autour des ressources -> stimulus appétitif (par exemple friandises)
Par exemple, ici, donner des friandises à Petra quand Larsen approche le coffre à jouets ou nous.

Le but est que la proximité de Larsen avec certaines ressources engendre une réponse émotionnelle conditionnée positive chez Petra (anticipation de la friandise donc émotion à valence positive).

En théorie, ça paraît cohérent. En pratique, dans notre situation, je ne suis pas persuadée car :
- Je n’ai pas envie que Petra surveille encore plus Larsen car son mouvement est désormais associé à quelque chose de positif.
- L’anticipation du stimulus appétitif pourrait engendrer une excitation et un niveau d’éveil qui seraient un terrain propice à encore plus de contrôle de mouvement.
- L’approche est trop centrée sur la protection de ressources alors que ce n’est au final qu’une interprétation des comportements de Petra.

Et si on dézoomait ?

Si on se concentre uniquement sur le souci de comportement, on retient : protection de ressources (nourriture, jouets, nous), gestion de
mouvement.

Le contexte nous apprend que le comportement “indésirable” survient :
- Surtout le soir.
- Si Larsen se met en activité (et il est très en demande d’activités le soir).
- Si on se met en activité ou si notre activité d’éveil change soudainement, le soir.

Il faut savoir également que :
- Petra est sourde.
- Elle est très vigilante à son environnement et on a très rarement besoin de la réveiller, elle dort beaucoup mais son sommeil est très léger.
- Elle est généralement plus tendue à la tombée de la nuit.

On suppose que Petra est frustrée et s’énerve quand Larsen s’active et qu’elle ne comprend pas pourquoi : par ex, quand on dit à Larsen que c’est l’heure de manger, qu’on va jouer, que c’est l’heure du dernier p**i (qui précède une friandise à mâcher), etc.

Larsen et son mouvement sont devenus un signal de ressource ou activité à venir mais elle ne sait pas toujours quoi et dans quel contexte.

Et que fait le plan d’entraînement ‘tout fait’ cité précédemment ?
Il renforce le fait que le mouvement / l’excitation voire le comportement de Larsen en général est signal de ressource à venir... probablement pas la meilleure idée surtout quand on fait face à de la fixation visuelle.

Ce qu’on a mis en place

- Changer l’émetteur du signal

On est parti du principe que le signal qui provoquait le comportement de Petra était le comportement de Larsen.
Dans un contexte où elle manquait d’informations, elle ne regardait / ne suivait que Larsen dès le moindre signe d’activité de sa part.

On a donc décidé de changer l’émetteur du signal. Concrètement, on avait déjà mis beaucoup de choses sous signal avec Petra mais on ne faisait pas trop attention à l’ordre dans lequel on parlait à Larsen et signait à Petra.
On a donc simplement systématiquement signalé à Petra les activités de valeur avant de parler à Larsen. On devient ainsi l’émetteur du signal ' activité excitante / ressource importante', à la place de Larsen.

Avant : Larsen se met en activité (signal) -> contrôle de mouvement / fixation visuelle sur Larsen (comportement)
Après : On signe à Petra qu’il va se passer quelque chose (manger, sortie, jeu etc.) avant de le dire à Larsen (signal) -> Elle nous suit, se concentre sur nous et ne fait plus attention à Larsen même quand il se met en mouvement (comportement)

L’importance de l’aménagement des antécédents

“Oui, mais c’est de l’aménagement des antécédents. Tu n’as pas changé le comportement indésirable ou renforcé un comportement alternatif. Donc ça ne veut pas dire qu’elle ne fera pas de contrôle de mouvement si Larsen s’active sans que vous puissiez communiquer avant”.

En effet, on a modifié les antécédents (ce qu’il se passe avant le comportement “indésirable”) mais ici, ça a suffi. Maintenant même si Larsen s’active de lui-même sans signal préalable de notre part, Petra n’agit plus comme ça. Elle peut le suivre ou être curieuse mais c’est tout.

Pourquoi donc ça a suffi ?

Voici des hypothèses :
- Les signaux qui proviennent de nous ont maintenant plus de valeur que le comportement de Larsen. Même si Larsen s’active, elle va nous regarder pour savoir ce qu’il se passe.
- Cette communication systématique avant une ressource (jeu, activité, nourriture) lui donne plus de prédictibilité et donc plus de contrôle sur son environnement.
- La situation était certainement source de frustration pour elle et la poussait à être plus vigilante. On l’interprète ainsi (attention, ) : “je suis très vigilante et je ne comprends pas pourquoi Larsen - qui n’est pas très vigilant - semble avoir accès à des signaux que je n’ai pas”.
Cette situation n’arrivant plus autant, elle tolère beaucoup plus quand Larsen s’active car il a accès à un signal auditif.

L’aménagement de l’environnement / des antécédents devrait toujours prévaloir sur le training à proprement parler. C’est nécessaire pour réduire le comportement “indésirable” mais en plus, souvent, ça peut s’avérer suffisant.

Que vous rencontriez des problématiques de prédation ou de réactivité, l’excitation n’est pas votre amie et est probable...
23/01/2025

Que vous rencontriez des problématiques de prédation ou de réactivité, l’excitation n’est pas votre amie et est probablement un gros frein dans la mise en pratique de programmes d’entraînement.

Cause ou conséquence ?

- L’excitation : la conséquence des problématiques que vous rencontrez...

La réactivité et la prédation regroupent des comportements à forte excitation (charger, courser etc.).
En règle générale, les comportements de réactivité ont une valence négative (désagréables pour le chien) et les comportements de prédation une valence positive (agréables).
Si dans certains, la valence de l’excitation est facile à identifier, c’est loin d’être tout le temps le cas. Le fait de bouger frénétiquement, ne pas rester en place peut être un moyen de gérer une situation stressante ou des émotions à valence négative*.

- ... ou la cause

Bien que l’excitation soit une réponse normale à une stimulation de l’environnement, une surexcitation au quotidien peut devenir délétère et source de problèmes (même si c’est de l’excitation à valence positive !) : impulsivité, réactivité accrue, plus de comportements de prédation, etc.

- Le cercle vicieux de la surexcitation

Plus le chien va être excité en extérieur dans la majorité des environnements de balade, plus il va être difficile de trouver des fenêtres de calme.
En plus de l’association : “extérieur = excitation”, on peut vite rentrer dans un cercle vicieux non propice au calme et au bien-être :
Excitation -> retour au calme difficile -> sommeil et repos de mauvaise qualité -> fatigue et impulsivité -> excitation...

L'arbre qui cache la forêt

Les comportements d’excitation, lorsqu’ils sont très fréquents, prennent énormément de place et un chien surexcité est difficilement “lisible”. On ne voit que la rapidité des mouvements et on n’entend que les potentielles vocalisations. Difficiles à interpréter.
Une fois le chien calmé, les comportements de prédation sont plus visibles, les signaux subtils d’évitement, malaise ou stress sont plus identifiables. Ça nous donne des fenêtres de travail non négligeables.
Un apaisement, même léger, peut également mettre en lumière d’autres soucis : anxiété, soucis de santé / boiteries, etc.

Faire redescendre l’excitation, oui mais...

- La difficulté du retour au calme

L’erreur commune quand on veut travailler le retour au calme est d’attendre un comportement statique alors que le chien n’est pas capable de le produire sur l’instant. L’excitation a une fonction, demander un comportement qui va à l’encontre de cette fonction est contre-productif.
En cas d’excitation qui devient hors de contrôle, il est préférable de :
1. Rediriger l’excitation sur une activité légèrement moins excitante sans viser le calme directement.
2. Éloigner le chien de la zone problématique / du stimulus.
3. Apaiser le chien une fois qu’on s’est éloigné et qu'il a eu l’occasion de décharger sur l’activité qu’on lui a proposée.

Proposer une activité qui se situerait à 7/10 sur l’échelle de l’excitation à un chien qui se situe à 10/10 aura plus d’effet que de lui imposer du statique ou de tenter de le rediriger sur une fouille de friandises.
7 pourrait correspondre à trottiner avec le chien et lui lancer des friandises.
L’avantage est triple :
- On redirige cette excitation vers nous et on crée une connexion avec notre chien.
- On l'éloigne du potentiel déclencheur ou de l'environnement problématique.
- On fait redescendre l’excitation graduellement.

Apprécier et utiliser l’excitation

Loin de moi l’idée de “pathologiser” l’excitation. S’ils sont temporaires, les comportements d’excitation sont normaux. Et si on a un chien facilement excitable, il va falloir apprendre à apprécier les comportements d’excitation et apprendre à s’en “servir”.

- Rediriger et utiliser l’excitation

Qui dit chien excitable dit chien qui est (généralement) facilement motivable par le mouvement. C’est un renforçateur non négligeable quand on s’attaque à des problématiques de réactivité et de prédation.

Ça peut s’avérer utile pour travailler le rappel ; on a plus de chances d’obtenir un rappel du tonnerre avec un chien qui adore courir plutôt qu’avec un chien nonchalant qui trottine une fois de temps en temps.
Idem pour des apprentissages de type demi-tour devant un déclencheur.
On peut à la fois travailler l’observation, le retour au calme ET utiliser l’excitation quand celle-ci est déjà présente pour travailler rappel, changements de direction face à un déclencheur, etc.

Bref, acceptez le côté foufou de votre chien et apprenez à jouer ensemble !

*Flint, H.E., Weller, J.E., Parry-Howells, N. et al. Evaluation of indicators of acute emotional states in dogs. Sci Rep 14, 6406 (2024)

Hocus, pocus ... focus ? Le focus, une baguette magique ?Être focus, ça veut dire quoi ?Le 1er lien sur lequel on tombe ...
19/12/2024

Hocus, pocus ... focus ? Le focus, une baguette magique ?

Être focus, ça veut dire quoi ?

Le 1er lien sur lequel on tombe en recherchant ‘focus chien’ provient de la Fédération française des sports et loisirs canins. Avec comme définition : “Un chien qui est ‘focus’ c'est un chien qui porte son attention sur un point précis, une activité particulière, avec une intention précise”. Pour le Larousse, focaliser = concentrer l'attention de quelqu'un sur un point précis.
J’entends donc par “focus” toute demande de focalisation intense, par le regard, sur l’humain·e et tout apprentissage allant dans ce sens. Ne rentrent pas dans cette définition les check-ins - petits coups d’œil que le chien nous lance naturellement - et que j’utilise volontiers dans mes programmes d’entraînement.

- “Si mon chien était plus focus sur moi, il serait moins réactif / prédateur”
Oui, c'est vrai. Si votre chien ne vous quitte pas des yeux pendant la balade, il ne verra pas le chien sur l'autre trottoir ou le lapin dans le champ.
C’est un raisonnement légitime : si l’attention est constamment sur nous, les distractions n’en sont plus. Dans le cas de la réactivité et la prédation, ça peut vite être perçu comme l’outil magique.
Mais demander au chien de se focaliser sur nous lors d’une balade alors qu’il est censé interagir avec son environnement, c’est un peu dommage. Mais c’est également un apprentissage qui peut s’avérer plus compliqué qu’il n’y paraît.

Le focus en prédation ou réactivité = prendre le problème à l’envers

Si on ressent le besoin d’apprendre le focus à notre chien, c’est qu’il est facilement absorbé par son environnement, ce qui va forcément rendre l’apprentissage du focus compliqué.

- Focus : un niveau d’éveil et d'activité élevé

Le focus n’est pas, par définition, passif. Se concentrer sur son humain·e est un comportement qui implique un niveau d’éveil assez haut et ce n’est pas forcément un comportement intuitif pour notre compagnon. Ça implique un effort qui peut donc favoriser son excitation, ce qui peut s’avérer contre-productif si on vise un apaisement global en extérieur.

- “Le focus, c’est simple !”

Pour le chien chasseur, demander un focus régulièrement en présence de gibier peut être source de frustration et donc intensifier l’envie de chasser.
Si le chien est réactif ou anxieux vis-à-vis de son environnement, ce sera très contre-intuitif pour lui de ne pas scanner son environnement ou ne pas garder un stresseur à l’œil. Garder l’œil sur un déclencheur ou scanner donne un sentiment de contrôle au chien sur son environnement.

Se focaliser sur le focus (ahah) si notre chien est très absorbé par les stimuli en extérieur revient à ne pas considérer la problématique dans sa globalité, en plus de demander une fois de plus au chien de faire des efforts de communication dans un langage qui n’est pas le sien.

Les yeux dans les yeux pour un chien sous contrôle ?

- L’eye contact, un concept humain et culturel

Regarder dans les yeux = prêter attention. C’est une vision très humaine, vos demandes et vos intentions envers votre animal ne sont pas généralement communiquées par vos yeux.
C’est imposé UN aspect de la communication humaine au chien alors qu’on peut clairement s’en passer. En outre, la fixation visuelle est mal perçue et intimidante si elle est dirigée vers un congénère et certains chiens auront des difficultés à regarder les humain·es dans les yeux, même si on renforce généreusement.

- Solution pansement et altération de la communication

Le fait que le chien passe du temps à nous regarder car on lui a enseigné le focus peut avoir plusieurs inconvénients :
* C’est une solution pansement : le chien nous paraît plus facilement contrôlable mais son malaise peut être plus difficile à voir s’il nous regarde et ignore son environnement.
* Un chien qui nous regarde beaucoup naturellement peut communiquer une demande d’aide, apprendre artificiellement un focus peut entraver cette communication.
* Si on renforce le regard vers un congénère puis le regard vers nous (déformation du Look at That de Leslie McDevitt), on peut rentrer dans une chaîne de comportements dont il est difficile de sortir et renforcer une fixation visuelle qui n’est pas souhaitable. L’utilisation de renforçateurs fonctionnels (voir plus loin) est préférable en réactivité et permet au chien de gagner en autonomie.

Voici des notions et techniques que je préfère au traditionnel "focus", qui renforcent la connexion humain-chien et qui auront plus de sens pour votre animal.

Focus ≠ check-in

On peut tout à fait renforcer les coups d’œil que nous jette naturellement notre chien sans demander un focus ni un ‘yeux dans les yeux’.
“Oui mais ma chienne regarde mes mains / ma poche quand elle se retourne” : Oui et si vous lui apprenez à vous regarder dans les yeux puis la récompensez avec une friandise, son objectif est le même mais ça lui demandera plus d’efforts et de concentration de vous regarder dans les yeux alors que ce qu’elle veut est dans votre main.
On range l’ego au placard, si on utilise un renforçateur alimentaire (ou même non alimentaire), notre chien ne nous regardera pas dans les yeux pour la beauté de ces derniers, et ce, même si on travaille le fameux focus.
-> Les check-ins, c’est moins tape-à-l'œil que le focus mais comme ils demandent aussi moins d’effort, ils apparaîtront plus souvent et on aura donc plus d’occasions de les renforcer (tout bénef’).

Fenêtres de capture / renforcement

L’erreur à trop attendre que le chien soit focus sur nous, c’est qu’on loupe de nombreux comportements à renforcer. Il y a un monde entre un comportement “indésirable” et un chien qui nous regarde dans les yeux, et tout ce qui vient entre les 2 est potentiellement renforçable, surtout si notre chien est réactif, très excité ou chasseur.
La fenêtre de renforcement / capture représente le moment qui vient juste avant un comportement jugé indésirable : la seconde pendant laquelle le chien fige face à un chat, le moment où le chien fixe un congénère en se tendant etc. “Ne rien faire”, c’est souvent un comportement qui doit être renforcé.

L’orientation

Le chien communique avec sa posture et ses mouvements. Si on en a conscience dans les interactions avec des congénères, on a du mal à s’en satisfaire quand il communique avec nous.
Pourtant, avec l’orientation de la tête, du regard ou du corps, le chien nous communique plus de choses qu’en nous regardant dans le blanc des yeux.

Partages d’activités

Partager des activités en extérieur avec son chien est le meilleur moyen de créer une connexion et d’avoir un chien plus attentif à notre comportement.
Une activité n’est pas forcément excitante pour le chien, ce n’est pas forcément une activité sportive ou du jeu.
Ça peut être : faire une pause en hauteur pour scanner son environnement, trouver le plus chouette des bâtons, creuser, chercher les écureuils dans les arbres etc.

La synchronisation consiste à faire la même chose au même moment qu’un autre individu. C’est un comportement affiliatif qui a pour but de renforcer et maintenir les liens entre individus (Le comportement de mon chien, Charlotte Duranton).
Une étude a montré que les chiens ‘préfèrent’ les personnes qui se synchronisent avec eux*. Par ‘préférer’ on entend ici : approcher, s’orienter vers, rechercher la proximité avec l’individu (donc pas forcément regarder fixement)
Avec la synchronisation et le partage d’activités, on prend la problématique à sa base : on créé une connexion en extérieur avec le chien afin d’avoir plus facilement son attention si on doit le guider, rappeler etc.

Un chien facilement “guidable” plutôt que focus ?

Que veut-on au final en apprenant le focus à notre chien, notamment dans le cadre de la prédation et réactivité ? On veut un chien facilement “guidable”.

Portes de sortie et renforçateurs fonctionnels

On a plus de chances qu’un chien intègre un comportement et le reproduise de manière autonome si le comportement proposé a une fonction cohérente avec celle que le chien voulait initialement produire.
“Je m’éloigne” à la place de “je charge pour faire fuir” -> la fonction est la même : plus d’espace entre le chien et le déclencheur.
En outre, proposer des portes de sortie au chien quand il est submergé, stressé par des stimuli est le meilleur moyen d’avoir un chien qui s’oriente vers nous pour nous demander de l’aide en cas de difficultés.

Signaux de l’environnement

Pour le chien, l’environnement est composé de signaux qui vont engendrer un comportement :
Une odeur de lapin = je piste
Un copain au loin = je fonce
On peut très bien apprendre au chien à nous jeter un coup d’œil ou au moins à s’arrêter et nous attendre à la vue d’un signal de l’environnement.
L’idée est de façonner ou capturer et renforcer un comportement qu’on souhaite voir se reproduire à la vue d’un certain signal. Ça peut être : s’arrêter et nous attendre à l’approche de routes, revenir à nous quand un chien arrive au loin, etc. Les applications sont multiples. Le chien apprend ainsi à nous regarder à des moments cruciaux, ce qui renforce la communication, la connexion, la coopération.

*Duranton C, Bedossa T, Gaunet F. Pet dogs exhibit social preference for people who synchronize with them: what does it tell us about the evolution of behavioral synchronization? Anim Cogn. 2019 Mar;22(2):243-250. doi: 10.1007/s10071-019-01241-w. Epub 2019 Jan 25. PMID: 30684061.

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