10/05/2022
En comportement, TOUT (ou RIEN) est génétique ?
Héritabilité et génétique
Il y a une grosse confusion entre l’héritabilité calculée en % et le % d’influence génétique sur un caractère biologique (comportemental).
L’héritabilité est l’évaluation de la variabilité d’un phénotype dépendant de la variabilité du génotype, dans une population. Cela ne reflète que partiellement l’impact génétique sur un caractère biologique.
Exemple : chiens et humains ont 5 doigts à la patte antérieure / main : il n’y a que de rares variations à cette constante : donc l’héritabilité est de 0%, par contre cette caractéristique biologique est 100% génétique / héréditaire.
Par analogie à l’exemple de 5 doigts de la main (100% génétique), je propose que les patrons-moteurs soient à 100% génétique dans leur qualité / algorithme, et de x% génétique (inconnu) dans leur ESA (énergie spécifique d’action) ou quantité (intensité + durée).
Quand on décrit dans une race de chien : ‘’amitié pour l’enfant’’, comme si c’était prédictible / génétique, c’est évidemment une grosse connerie scientifique, une manipulation, une propagande : il est impossible de coder ‘’enfant’’ dans la génétique du chien. C’est comme si on codait ‘’voiture’’ dans la génétique du border collie qui poursuit les voitures (au lieu des moutons (inexistants)).
Tout est génétique
Tout est génétique, en partie 😉
Patron-moteur : qualité (algorithme de séquence de mouvement): 100% génétique
Patron-moteur : quantité : x% génétique
Comportement : algorithme d’association de patrons-moteurs et de mouvements : 25%.
Émotion, humeur : qualité : 100% génétique, quantité : a% génétique
Commet déterminer les inconnues x, y, z, w, a ?
Les études d’héritabilité et d’estimation de valeur d’élevage (ESA) permettent d’en avoir une idée dans une population statistique, mais jamais pour un chien déterminé.
Les études des snp / GWAS (single nucleotide polymorphism / Genome Wide Association Study) permettraient d’avoir une idée des centaines de gènes qui interviennent dans l’élaboration d’un algorithme (patron-moteur, comportement, fonction comportementale, émotion, humeur, tempérament…). A ce moment, une prédictibilité (statistique) pourrait être proposée pour un chien précis, ou une lignée, ou une race / espèce.
Quand peu de gènes interviennent dans l’élaboration d’une morphologie / pathologie comportementale, alors il est facile de prédire une chance / un risque / une probabilité d’expression du phénotype correspondant : comme le polymorphisme sur le gène DRD4 qui induit des crises neurologiques de rage et de convulsions.
Quand de nombreux gènes interviennent dans l’élaboration d’un algorithme, alors il y aura moins de prédictibilité génétique, et plus il y aura d’effet épigénétique et environnemental (apprentissage). Et plus on pourra influencer l’expression de la séquence en qualité et en quantité par apprentissage.
Pour autant que le chien ait les capacités d’apprentissage, qui sont aussi 100% génétique en qualité et x% génétique en quantité.
On me rapporte que des comportementalistes disent d’éviter les jeux de b***e avec les border collies, parce que on risque de ‘’déclencher’’ les patrons-moteurs de prédation.
C’est… faux : on ne peut pas déclencher un patron-moteur. Rappelez-vous : un patron-moteur est 100% génétique en qualité / algorithme. Ce sont les patrons-moteurs de [fixation oculaire + poursuite + capture] qui déclenchent (l’attrait pour) la b***e, et pas l’inverse. Par contre, les jeux de b***e peuvent augmenter la quantité d’expression des patrons-moteurs, au-delà du ‘besoin’ génétique. Les patrons-moteurs sont activés par épigénétique intrinsèque (micro ARN, junk DNA, protéines ? ) plus qu’extrinsèque (facteur externe / environnemental inconnu).
J'imagine que j'ai déjà perdu la moitié de mes lecteurs à ce stade 😉 😉
(à suivre)
Photo : © https://www.bu.edu/synapse/2011/11/27/doggy-genes/