23/07/2024
Bonjour à tous
Aujourd'hui, j'ai envie de vous parler de la muselière. Un outil qui dérange, souvent vite mis de côté.
D'abord, la muselière peut être portée par un chien pour différentes raisons :
- par obligations
- pour la sécurité des autres
- pour sa sécurité à lui
- pour son travail
Évidemment... la muselière doit absolument être adaptée à la morphologie du chien. Il doit pouvoir ouvrir la gu**le pour respirer normalement. Elle doit impérativement être apprise correctement et utilisée comme outil pour aider, et non pour remplacer une rééducation.
Le point sur lequel je désire m'attarder sur ce vaste sujet est plutôt sur l'utilisation que je peux être amenée à conseiller. Vous l'aurez donc compris, ce n'est que mon point de vue (et celui de la réglementation que personne ne peut discuter), et, des p*stes à explorer pour trouver les meilleures solutions.
Très souvent, je suis confrontée à des chiens mordeurs pour des raisons très diverses. Et principalement :
- ceux qui sont agressifs
- ceux qui font de la prédation
- ceux qui ne gèrent pas leurs émotions
Oui, un chien "trop content" peut mordre. Tous les chiens peuvent mordre.
Ces chiens, qui présentent des difficultés, ne sont pas 24h/24 dangereux. Cela dépend bien évidemment de leur vie.
Et c'est ce point précis que je souhaite partager avec vous.
Nous avons de plus en plus de chiens que nous savons mordeurs dans certaines situations :
- déjà... il faut qu'il puisse être en contact physique
Et oui mais :
- moi mon chien il est toujours attaché
- le mien il mord que les femelles non stérilisées
- moi il mord que si : c'est un homme, et qu'il passe à côté en levant un bras
- ...
Beaucoup de propriétaires ne mettent pas la muselière à leurs chiens mordeurs car :
- une fois sur deux, ça passe
- c'est seulement si je croise un joggeur
- et puis les vélos n'ont rien à faire sur le trottoir
- il ne mord pas, il prend juste le bras dans la gu**le, serre et relâche
- ...
Je comprends parfaitement que l'on n'ai pas envie de museler son chien pour le X% de risques de rencontrer une situation dangereuse.
Mais, chien qui mord c'est lui qui a tort. Objectif
Il l'a caressé, tant p*s pour ses pieds. Subjectif
Pour ma part, j'ai simplement envie d'amener des p*stes de réflexions, sans jugement, pour allier sécurité et rééducation.
Pour la rééducation de nos chiens, on a toujours plusieurs potentielles solutions à essayer, plusieurs directions à explorer.
On rencontre ceux qui ont peur, qui appréhendent. Ces humains, qui ont un vécu, qui sont anxieux de lâcher leurs chiens avec des congénères de peur qu'il morde, qu'il fasse mal.
Ces chiens, qu'on ne connaît pas. Celui qu'on vient d'adopter à la SPA, celui qu'on a choisi pour le sortir de là et lui offrir une belle vie. Celui qui a un passif inconnu, et cela nous déroute.
Après tout, si mettre une muselière permet de rassurer l'humain le temps que ce dernier apprenne à connaître son chien, ses comportements, ce qu'il aime et n'aime pas, sa communication... apprendre à gérer son propre état émotionnel...
Ainsi, ne pourrait-il pas profiter plus des rencontres qu'il pourra faire ? N'aura t-il pas plus de plaisir d'interagir avec son environnement en ayant plus de possibilités ? N'y a-t-il pas plus de chances qu'il devienne super pote avec le chien du voisin s'ils peuvent apprendre à se connaître calmement, plutôt qu'au bout d'une laisse tenue par un humain qui a peur ?
On rencontre ceux qui sont dépassés pas leurs chiens, qui, eux ne cessent de se surpasser de joie, toujours plus haut, toujours plus fort. Ces chiens qui ne gèrent pas, qui frustrent parce qu'aujourd'hui nous n'avons fait que 1h45 et non 2h de balade. Celui à qui tu demandes de "ne pas faire" 4 fois, qu'il obéît mais qu'à la 5ème, il n'y arrive plus. Celui qui voit des fantômes, et qui ne sait pas comment se comporter.
Alors oui, ces chiens-là ne sont pas "agressifs" si on sous-entend que l'agression est : j'ai peur de ça, je stresse en regardant ça, je charge ça. Beaucoup ne grognent pas, n'aboient pas, ne montrent pas les crocs...mais, ils buguent, ils vrillent, nous chargent et nous mordent.
Sous prétexte que ces comportements ne soient pas dirigés vers le stimulus déclencheur mais sur ce qu'il y a à côté, ne signifie pas que nous ne devons pas sécuriser. L'agression redirigée c'est pas cool du tout.
On rencontre ceux qui n'ont pas eu de chance. Ces gens-là, qui n'ont rien demandé, qui n'ont rien fait de mal, bien au contraire. Un jour, une fois, ou régulièrement. Leurs chiens, traumatisés par l'individu qui les a agressé, par l'éducateur qui l'a étranglé, par les chiens d'un voisin qui se sont échappés et, par tous nos chiens, mordeurs, que l'humain n'a pas su/voulu sécuriser.
Mettre une muselière, pourquoi ? Éviter que votre chien fasse subir le même traumatisme qu'il a vécu à d'autres ? Sécuriser afin d'accélérer la rééducation, permettre plus de mises en contact, permettre aux chiens de réfléchir à une situation sans que l'humain ne soit toujours obligé d'intervenir.
Et muselé pour plus de liberté ? Si, le fait de museler un chien peut lui permettre d'avoir plus de liberté de mouvements, de dépenses physiques, de plaisirs ! Est-ce que les plaisirs quotidiens n'influencent ils pas le comportement de votre chien ? Est-ce que son apaisement physique et émotionnel, lié au fait d'avoir l'occasion de faire des comportements de chiens normaux, n'aident pas vos chiens à être plus concentrés et motivés au travail ?
Nous rencontrons évidemment beaucoup d'autres situations, beaucoup d'autres profils.
Nous connaissons tous un peu de ces chiens-là, nous pouvons retrouver un peu d'eux, chez d'autres.
Après tout : la muselière, afin de sécuriser, de permettre d'augmenter et de varier les activités pratiquées, de permettre à un chien de courir, renifler et d'observer. Accélérer le travail, aller au-delà du principe de mettre simplement du contrôle sur un chien, lui offrir la possibilité de se rendre compte par lui-même qu'il ne court plus de danger.
Pour nous, face à l'incertitude, nous donner le temps de reprendre confiance en nous, en lui.
Pour eux, pour celui qui passe à côté et qui n'a rien demandé.
Il nous faut simplement y penser. Réfléchir. Se poser les bonnes questions. Peser le pour et le contre, s'adapter.