12/06/2024
C'est l'histoire de Florence, Éric et Umi...
Enfin, le rendez-vous est fixé avec Florence, Éric et Umi !
A plusieurs reprises, Éric m’a contactée pour le décaler, à chaque fois un imprévu de dernière minute.
J’arrive dans un joli pavillon de banlieue et c’est Éric qui m’ouvre la porte. Il est très chaleureux, me serre la main d’une main ferme de rugbyman. Il en a d’ailleurs toutes les allures avec son 1 mètre 90 et ses 100 kilos. Je découvre dans un coin Umi, un épagneul breton de 2 ans. Elle me fait la fête gentiment tout en regardant son maître.
Et puis, arrive Florence avec un marmot dans les bras et deux autres enfants à peine plus âgés qui la suivent dans ses jupons. Autant Éric est tiré à 4 épingles, autant Florence est un peu chiffonnée, si je peux me permettre. Elle s’assoit en soupirant, me fait un léger sourire. Ses enfants la sollicitent sans cesse alors qu’Éric est tranquillement assis sur son fauteuil. Umi se lève, d’un claquement de doigts, Éric lui demande de se coucher. Umi obéit, en soupirant également.
« Quel est le problème ? » je demande.
Éric me répond qu’avec lui, il n’y a aucun problème. J’interroge du regard Florence qui essaye de me parler entre les différentes sollicitations de ses enfants.
« Dès qu’Éric quitte la maison, Umi est infernale » lâche Florence. « Elle court dans tous les sens, attrape les jouets des enfants quand ce n’est pas une chaussette. Elle est ingérable. »
J’observe Umi qui est, à cet instant, sage comme une image, à l’inverse des enfants qui se mettent à chouiner réclamant de regarder un dessin animé.
Éric se lève sans un mot, embarque les enfants qui stoppent net leurs lamentations et les amènent dans une autre pièce. Je suppose qu’il les a mis devant la télévision…
« Comment expliquez-vous Florence ce changement de comportement chez Umi ? »
Florence soupire. Elle semble fatiguée, je dirai même épuisée. Umi tente de s’approcher de sa maîtresse.
« J’ai déjà du mal à gérer les enfants alors vous comprenez, avec Umi n’en parlons pas. »
Au même moment, Éric revient. Umi retourne immédiatement dans son couchage.
« Comment se passe une semaine chez vous ? »
Éric m’explique qu’il est souvent en déplacement. Mais il est passionné de chasse, c’est pour cette raison qu’il a choisi Umi. Il l’emmène à la chasse tous les dimanches.
Il ajoute en rigolant que du coup sa chienne est épuisée et qu’elle ne moufte plus de la semaine !
Florence ne rigole pas.
« Et vous Florence, comment vous gérez cette famille nombreuse et Umi lorsqu’Éric est absent ? »
Florence regarde son mari avant de me répondre. Ses yeux sont plein de larmes.
« Je ne gère pas justement ! »
Éric regarde sa femme et arrête de rire immédiatement.
« Comment cela ? » lui demande-t-il
« Ben, tu ne vois pas que c’est la course toute la semaine ! Évidemment, quand tu rentres, tout est déjà fait ! Les enfants ont pris leur bain, ont mangé … Toi, tu arrives juste pour leur lire une histoire. Je passe ma vie à courir : à la crèche, à l’école, au travail, quand il n’y a pas un rendez-vous chez le pédiatre… Et toi, tu rentres et tu me demandes si j’ai promené Umi ! »
Éric est plus que gêné. Il semble découvrir la vie de sa femme, essaye de se justifier mais bon, reconnait quand même à demi-mots qu’entre ses déplacements, ses entraînements de rugby et la chasse, il n’est pas souvent là.
« Moi, je t’avais bien dit que je n’en voulais pas de ce chien ! Elle m’épuise ! »
Re-consternation.
« Florence, est-ce uniquement Umi qui vous épuise ? » je demande.
« Vous comprenez, j’ai l’impression de toujours faire mal les choses. On me reproche de ne pas m’occuper assez de mes enfants, mon travail me reproche de trop m’en occuper, même Umi ne m’écoute pas. Et lorsqu’Éric arrive, elle lui obéit ! »
Éric est abasourdi. Lui, le grand gaillard semble se ratatiner sur son fauteuil.
« Mais pourquoi tu ne m’as rien dit ? » lui supplie-t-il.
Florence ne répond pas. Elle n’en a plus la force. Éric pose sa main sur le bras de sa femme, un geste d’apaisement et de réconfort envers elle.
Je fais remarquer ce geste à Florence. Elle sourit enfin.
Umi est le révélateur d’un conflit larvé. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Une maman au bord du burn-out.
Nous essayons ensemble de réorganiser la semaine : qui gère quoi et qui et quand ?
Un autre point important, Éric ne doit absolument pas intervenir quand Florence tente de se faire respecter par Umi. « Je le fais pour la décharger justement ».
Belle attention mais Umi a très bien compris que lorsqu’Éric est présent, elle devait écouter son maître mais qu’elle pouvait tout se permettre en son absence. Florence devait se faire respecter par sa chienne même en sa présence. « Un premier pas pour reprendre le contrôle » lui dis-je.
Je suis réintervenue. La situation semblait s’être apaisée. Florence était plus apprêtée et avait des gestes affectueux envers Umi. Elle m’a même confiée qu’elle s’est inscrite à un cours de Pilate et que c’est Éric qui gère du coup la maison un soir par semaine. Je me suis permise de leur dire que justement Umi allait jouer le rôle du baromètre et si elle redevenait infernale, c’était l’indicateur d’un trop plein, une alarme en quelque sorte.
Animalement vôtre,
Karine Marcopoulos
Comportementaliste Chiens & Chats
www.comportementaliste92.com
www.anca-comportementalistes.com