30/08/2023
🐴🌳 Des chevaux et des chênes 🌳🐴
Bonsoir à tous,
Bien que les conditions de cette année aient été un peu « moins pires » que celles de l’an dernier en ce qui concerne la production de glands par les chênes, un petit rappel annuel ne fait jamais de mal 😊
🌳 Les chênes sont des arborescents ou des arbustes de la famille des fagacées. Certaines espèces de chênes (Quercus sp) sont impliquées dans des intoxications potentiellement graves chez les équidés. Les deux espèces actuellement reliées aux intoxications graves sont le chêne pédonculé (Quercus robur) et le chêne sessile aussi appelé chêne rouvre (Quercus petraea).
🐴 Les intoxications dues aux chênes chez les équidés sont saisonnières. Elles surviennent pour la très grande majorité entre la fin de l’été et l’automne, lors de la chute des glands. La consommation de glands et parfois des jeunes feuilles des espèces de chêne citées ci-dessus peut en effet engendrer des intoxication graves chez les équidés.
🐴🌳 Des tanins et des glands 🌳🐴
Parmi les composés sécrétés par les plantes pour dissuader les herbivores de les consommer, on retrouve les tanins. Les tanins sont des composés végétaux qui se répartissent en deux principaux groupes : tanins hydrolysables et tanins condensés. Ces deux types de tanins sont présents en quantité variable dans les glands et dans une moindre mesure dans les jeunes feuilles de chêne.
Si les tanins condensés n’auront pour impact que des désordres d’intensité gérable consistant en de potentielles carences en protéines et des désordres digestifs, les tanins hydrolysables provoqueront des intoxications potentiellement mortelles. En effet, lorsque les tanins hydrolysables sont ingérés, ils vont être hydrolysés dans le tube digestif. Cette hydrolyse va entrainer la libération d’acide gallique et ellagique. L’acide gallique sera ensuite dégradé en pyrogallol, un composé fortement toxique qui en passant dans la circulation sanguine va impacter le système digestif, le foie et la fonction rénale. Il va notamment réduire le péristaltisme dans le caecum, impacter la muqueuse intestinale et détruire les tubules des reins.
🌰 Le taux de tanins hydrolysable dans un gland n’est pas prévisible à l’avance et s’il diminue avec le murissement du gland, il peut fortement varier d’une année à l’autre en particulier si l’arbre mère subit un stress (sécheresse, parasitisme, écorçage par les herbivores…). Si les glands verts sont effectivement considérés comme généralement plus toxiques que les glands marrons (mûrs), rien ne garantit qu’un gland marron ne soit pas riche en tanins hydrolysables. Il est donc impossible de donner une dose toxique fixe.
🐴 Il est également malheureusement possible de perdre un équidé alors que ce dernier consommait des glands depuis plusieurs années. Ces équidés ont même tendance à consommer plus facilement les glands même lorsque qu’un fort taux de tanins hydrolysables leur donne un goût amer en raison de l’habitude qu’ils ont pris de consommer ces fruits.
Par ailleurs si les glands sont la principale source d’intoxications liées aux chênes chez les équidés les jeunes feuilles sont également riches en tanins en période printanière et une consommation importante peut, comme pour les glands, induire des intoxications. Dans une moindre mesure, la consommation d’écorce peut également être dangereuse.
🌳 Dois-je pour autant couper tous les chênes de ma prairie ? 🌳
Absolument pas. Les chênes apportent une ombre bienvenue en période estivale et sont très utiles à la biodiversité. La pose d’une clôture permettant de couper l’accès au glands le temps de les ramasser ou de laisser l’hiver les enterrer ou les pluies lessiver les tanins suffira à préserver vos équidés tout en conservant vos arbres. Au printemps, on limitera l’accès aux jeunes feuilles pour éviter une consommation importante.
Bonne soirée à tous et à bientôt