04/12/2024
🐾 L’UMWELT, ET SI ON EN REPARLAIT ? 🐾
Le concept d’Umwelt a été défini par le biologiste Jakob von Uexküll et le sémioticien Thomas A. Sebeok au début du 20ème siècle. Il désigne l’environnement sensoriel propre à un individu ou à une espèce. En d’autres termes, chaque être vivant a son propre Umwelt, il perçoit le monde différemment des autres individus, avec ses propres perceptions sensorielles.
Deux espèces partageant le même environnement, ne vivent pas pour autant dans le même Umwelt. Par exemple, nous partageons nos maisons avec des araignées commensales de l’homme. Elles se sont adaptées à la vie dans nos maisons parce que ces dernières sont favorables à la survie de l’espèce (bonne température, protection contre les prédateurs, présence d’insectes commensaux de l’homme pouvant servir de proies comme la mouche domestique, etc). Pourtant, les araignées et nous ne vivons pas du tout dans le même monde sensoriel, alors même que nous partageons le même salon ! L’araignée ne réagit qu’à la température, aux courants d’air, à des vibrations sur sa toile indiquant la capture d’une proie, aux phéromones émises par un partenaire sexuel… Elles n’ont probablement même pas conscience de notre présence dans la pièce ! Tandis que nous, humains, percevons le monde avec nos cinq sens, et réagissons aux stimuli en fonction de ces derniers. Et encore, votre Umwelt n’est pas exactement le même que celui de votre conjoint ou de votre enfant.
Il est donc hasardeux d’interpréter les réactions de nos chiens en fonction de nos propres perceptions. Nous n’avons pas du tout le même Umwelt. Le chien vit principalement dans un environnement olfactif et une bonne partie de ses réactions est provoquée par la perception de molécules odorantes ou de phéromones. Quand vous promenez votre chien, comprenez bien qu’il ne fait pas du tout la même balade que vous.
Comprendre que chaque individu a son propre Umwelt devrait nous aider à faire preuve de davantage d’empathie envers nos chiens. Nous ne savons pas comment ils perçoivent exactement tel ou tel stimulus, il convient donc d’éviter au maximum les stimuli qu’ils peuvent percevoir comme désagréables ou douloureux. Par exemple, un collier anti-aboiement soit-disant « inoffensif », car ne produisant qu’un « bip » et pas de décharge électrique à chaque aboiement produit, est peut-être en réalité très inconfortable pour le chien. Nous ne savons pas comment l’animal perçoit ce son, et si le collier fonctionne, c’est que, forcément, l’émission du son est désagréable, voire douloureuse pour lui.
Rappelons-nous donc toujours que sanctionner un chien pour un comportement produit n’a souvent de sens que pour l’humain, qui pense que le chien et lui partagent le même Umwelt. Un chien qui lèche un p**i par terre, qui se roule dans une charogne, qui aboie sur une personne particulière, ou qui passe trois heures à analyser une odeur au pied d’un lampadaire, ne le fait pas pour vous contrarier, mais simplement parce qu’il perçoit le monde et y réagit d’une manière qui lui est propre. Malgré tous nos efforts d’imagination, nous n’aurons jamais accès au monde tel qu’il est perçu par notre cher compagnon, mais nous pouvons au moins nous efforcer de respecter ses réactions face à des stimuli qui nous échappent.
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Elsa Weiss / Cynopolis
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