UNE HISTOIRE D'INTÉGRATION - PARTIE 7
Comment avons nous repris cela du coup ?
D'abord, en contact protégé, nous avons repris le travail comme fait avec Galipette : Izi et moi en longue longe d'un côté du fil, Galipette, Caïno et Jamaïc de l'autre.
Je m'organisais avec la longe pour laisser Izi se déplacer comme elle le souhaitait sans la gêner. Je n'intervenais pour l'encourager à se détourner de Jamaïc (ou Galipette) si je la sentais commencer à se tendre ou a vouloir se diriger frontalement vers elle.
Il y a eu quelques loupés, dans le sens où je n'ai pas toujours réussi a anticiper suffisamment, dans ce cas ma longe servait de "ceinture de sécurité" et coupait Izi dans son début de charge, pour se détourner et prendre ses distances.
Une fois qu'en contact protégé Izi arrivait globalement à être posée, nous avons fait de même avec les 2 filles dans le même espace, dans un espace d'herbe auquel ils avaient eu peu accès jusque là et où je savais qu'il y avait de nombreuses zones riches et intéressantes, qui permettraient à Izi de défocus de Jamaïc sans se sentir obligée de faire de la protection de ressources.
Entre chaque séance de travail, je re séparait en 2x2, pour laisser la tension qui avait pu s'accumuler, redescendre.
Au bout de quelques séances en longe, Izi n'a plus présenté de comportement de charge systématique sur Jamaïc mais seulement de l'intérêt et surtout, elle réussissait à s'en détourner d'elle-même pour retourner brouter.
A ce moment là, j'ai modifié mon approche pour faire la mise en contact en longe puis décrocher a distance la longe pour ne pas risquer d'intervenir dans l'interaction.
Je laissais ensuite les filles ensemble, d'abord un temps plutôt court, puis de plus en plus long, toujours en séparant entre deux séances.
Petit à petit j'ai augmenté la durée. Lorsque j'ai pu les mettre ensemble sans soucis plus de 24h, j'ai réintégré Caïno avec les filles.
Galipette e
L’EN-TRAI-NE-MENT !
💉 Le vermifuge est une manipulation qui revient régulièrement dans la vie d'un cheval.
C'est une manipulation qui peut sembler simple au premier abord, mais qui peut se corser selon le ressenti que chaque cheval a de la situation.
Un cheval qui a mal vécu sa dernière prise de vermifuge, qui n'aime pas du tout le goût, ou qui appréhende qu'on approche de sa tête… et la prise de la seringue peut devenir un casse tête.
🪱 Pour éviter cela, la préparation aux soins en entraînant votre cheval à prendre une seringue permet de l'aider à appréhender déjà toute la manipulation sans le goût et permet de décomposer cet exercice.
🐴 Plus un cheval est préparé et entraîné et plus le vermifuge en lui même sera aisé.
➡️ Et vous le vermifuge ça se passe comment ?
SAVOIR S'ADAPTER
L'été est un peu compliqué pour Jamaïc cette année. Avec l'humidité que l'on a eu, les moustiques et autres culicoïdes auxquels elle est allergique sont... fortement présents.
Elle est normalement couverte pour la soulager. Mais avec les fortes chaleurs, elle a semblé plus à l'aise sans sa couverture.
Elle ne quitte donc quasiment plus leur stabulation, dans laquelle elle doit être la plus à l'abri de ses minuscules agresseurs 🦟
Pas de soucis, on s'adapte : je propose le travail dans l'abri !
On ne pourra pas travailler trop de mouvements, mais ça n'empêche pas de consolider les bases, travailler le médical training, les soins coopératifs... Et attendre des jours meilleurs pour reprendre le travail en plus grands espaces (ou trouver une parade qui lui soit confortable) !
Et vous, vous vous adaptez parfois selon les pathologies de vos poilus ?
LA FRUSTRATION, SA GESTION ET LE CLICKER TRAINING
La frustration est quelque chose qui revient souvent lorsque l'on travaille avec de la nourriture. Travailler avec de la nourriture peut être vecteur de frustration, selon comment elle est amenée.
Mais cette gestion de la frustration... N'est pas forcément si simple, en fonction de l'apprenant que nous avons en face de nous !
Reprenons nos Pamplemousse et Kiwi.
Pamplemousse de mer, cheval bien équilibré, tous ses besoins sont comblés. Il commence à travailler au clicker avec son humain. La méthode de mise en place n'est pas idéale, Pamplemousse cherche des solutions pour avoir les friandises mais il se fait repousser, ça le frustre. Heureusement les récompenses sont des bouchons de foin et il a déjà le ventre plein lorsqu'il commence les entraînements. Les entraînements restent source d'un peu de frustration pour lui, mais il arrive à le gérer.
Kiwi vit avec les mêmes conditions que Pamplemousse, mais il a une dermite. Régulièrement, la peau de Kiwi le démange. Cela entraîne une forme de frustration. Kiwi est entraîné de la même manière que Pamplemousse au clicker. Mais là où Pamplemousse arrive à prendre sur lui, Kiwi ne peut pas : son seuil de tolérance est beaucoup plus bas du fait de sa dermite. Kiwi risque donc d'avoir des comportements plus forts que Pamplemousse, voire agonistiques envers l'humain.
Et cela peut être vrai pour une pathologie telle de la dermite, mais également en fonction des sensibilités propre à chaque individu.
Que ça soit dans la gestion quotidienne ou dans les entraînements, nous pouvons donc imaginer que les chevaux ne partent pas sur le même pied d'égalité.
C'est pour éviter d'apporter une frustration en plus de toutes celles que Pamplemousse ou Kiwi peuvent vivre au quotidien, que la mise en place du clicker sans frustration me semble importante. L'idée n'est pas de les mettre dans du papier bulle, mais en tant qu'humain et entraîneur
Comportements agonistique, leur gestion et comportements de substitution.
Nous avons parlé la dernière fois de Kiwi et sa gestion de la frustration, diminuée a cause de sa dermite.
Kiwi trouve en l'humain un grand intérêt : c'est l'humain qui amène le foin, l'humain qui donne le grain mais également l'humain peut gratter !
Quand un humain vient dans le pré, Kiwi le suit à la trace en espérant des gratouilles bienvenues.
Parfois cela fonctionne, les humains s'arrêtent pour le gratter. Mais parfois aussi cela ne convient pas aux humains, qui le repoussent.
Kiwi frustre alors, n'arrivant pas à obtenir ce qu'il arrive à avoir de temps en temps. Il couche les oreilles et redirige sa frustration sur ses congénères.
Pour aider Kiwi, plusieurs choses peuvent être mises en place (en plus de la gestion de sa dermite, dont nous avons déjà parlé dans le post précédent : avant de s'attaquer aux symptômes, on s'attaque à la cause).
Une possibilité, peut être un signal clair, qui lorsqu'il est présenté, est un signal de "OK go". Tant qu'il n'y a pas ce signal, pas de grattes : message plus clair, moins de possibilités de frustration, comme c'est illustré sur la vidéo accompagnant ce texte.
Une autre possibilité, qui peut être combinée, est de lui apprendre un comportement alternatif lorsqu'il souhaite "réclamer" (ici : des gratouilles). Dans l'idée, un comportement qui l'aidera à s'auto reguler.
Actuellement, pour avoir des gratouilles, Kiwi se colle à son humain, car cest généralement dans ce contexte qu'il a réussi jusqu'ici à avoir des grattes.
Une solution, pourrait être de proposer à Kiwi de le gratter lorsqu'il est entrain de brouter, afin de petit à petit remplacer son comportement de coller l'humain par brouter proche de l'humain.
L'avantage d'un comportement comme celui ci est également que le fait de manger va contribuer à aider le cheval à s'apaiser (même si dans un exemple comme celui de la dermite, cela n'ap
Frustration, comportement agonistique et leur gestion.
Imaginons nous sommes avec Pamplemousse de mer, cheval bien équilibré, vivant en troupeau stable, dans un environnement riche et stimulant, avec tous ses besoins comblés.
Imaginons également Kiwi des bois, poney ayant les mêmes conditions de vie que Pamplemousse... mais avec une dermite. Régulièrement, la peau de Kiwi le démange. Cela entraîne une forme de frustration, ne réussissant pas à faire cesser les démangeaisons, malgré les efforts de son humain.
Imaginons enfin un vase. Ce vase représente la tolérance de chaque individu.
Dans une journée classique, le vase de tolérance de Pamplemousse est assez peu rempli. Il est agacé par des mouches, ça le rempli un peu. Mais tous ses besoins étant comblés autrement, sans avoir de difficulté à obtenir chaque ressource, il a encore de la marge.
Le vase de Kiwi, lui, est déjà plein à plus de la moitié. Sa peau le démange, il ne supporte plus les mouches qui ne font qu'embêter Pamplemousse.
Leur humain respectif vient chercher Pamplemousse et Kiwi au pré.
Pamplemousse, toujours un peu dérangé par les mouches, va de temps en temps secouer la tête et la queue.
Kiwi, en revanche, voit en son humain une potentielle échappatoire à ses démangeaisons. Dès que celui ci s'approche, il se mets à se gratter sur lui.
Son humain, ça ne lui convient pas ! Il le repousse. Kiwi frustre, son vase se rempli encore un peu. Fraise des champs passe à côté à ce moment là, Kiwi lui envoie les dents.
On peut ici supposer que Kiwi redirige sa frustration sur Fraise.
On peut retrouver ce type de comportement pour beaucoup de causes : difficulté à accéder à certaines ressources, manque de certaines ressources (fourrage par exemple), douleur...
La première chose à faire est d'identifier la cause de ce comportement, afin de pouvoir y remédier dans la mesure du possible.
Une adaptabilité peut ensuite être essentielle de la part
La cible 🎯
Un outil très utilisé en entraînement en renforcement positif !
Son utilité première ?
Nous aider à faire comprendre à notre cheval ce que nous avons en tête, sans avoir à utiliser d'inconfort.
Grâce à la cible, nous pouvons lui dire "par ici" ou "est ce que tu réussis à faire tel mouvement ?".
Une fois que le cheval a compris le fonctionnement de la cible, il n'y a pas grand chose qui vous limite !
Attention : comme tout travail en renforcement positif (dont clicker training), la manière dont on associe la cible, le marqueur, nos demande, etc. a une importance.
N'hésitez pas à vous faire encadrer ou bien vous former si vous souhaitez vous lancer 🦄
Jamaïc est une jeune jument dermiteuse : son corps la gratte donc souvent.
Proche de l'humain, elle appréciait d'autant plus leur compagnie que les humains la grattouillaient volontiers. Poulain, ça peut être "mignon", mais adulte elle pouvait commencer à avoir un format imposant.
D'autant plus que, réclamant des gratouilles et pouvant être frustrée des démangeaisons, elle pouvait manquer de délicatesse et avoir une attitude que certains humains pourraient qualifier de "non respectueuse".
Nous avons donc mis en place un code clair (merci encore Clio pour les échanges à ce sujet !) : lorsque je voulais lui proposer des grattes, je lui proposait mon poing. Lorsque les grattes étaient finies, je lui montrait le signal de fin.
Ce signe lui permet également, si elle ne veut pas être grattée, de ne pas toucher mon poing.
Avec d'autres chevaux, ce signal est un signal de consentement surtout pour eux, pouvoir dire qu'ils ne veulent pas être grattés. Dans notre situation particulière, ce signal est également un moyen pour l'humain de lui dire "OK, je suis disposée à te gratter, est ce que cela te dit ?".
Résultat : une jument qui frustre beaucoup moins en présence d'humains, réclame beaucoup moins les grattes (même si surveille attentivement les mains des humains qui viennent la voir) et accepte plus facilement de retourner à ses occupations lorsque le signal de fin est donné.
Comprendre la source de la problématique comportementale, c'est pouvoir y apporter la réponse la plus adaptée possible, en respectant la sensibilité de chacun.