
02/10/2025
Le biais de projection est un biais cognitif, c’est-à-dire une erreur de perception ou de raisonnement que notre cerveau commet involontairement.
👉 Concrètement : c’est la tendance à croire que les autres pensent, ressentent ou désirent la même chose que nous. En d’autres termes, on projette nos propres émotions, besoins et façons de voir le monde sur autrui.
Et dans la relation homme–chien, ce biais est particulièrement marqué… parce que les humains interprètent les signaux du chien en se basant sur des référentiels proprement humains - expressions faciales, attitudes sociales, besoins - alors qu’il existe des différences interspécifiques importantes (structure sociale, Umwelt (monde sensoriel), éthogramme,…) 🙈 🙉 🙊
💡 Conséquence : ce biais peut mener à des erreurs d’interprétation (par ex. croire qu’un chien ressent de la « culpabilité » en raison d’une posture d’apaisement) ou à une mauvaise évaluation de ses besoins (par ex. supposer qu’il aime ce que nous aimons).
👌 Bien sûr, la projection peut être positive si elle ouvre à l’empathie ! Mais elle devient problématique quand elle empêche de voir les besoins réels de l’autre… Des exemples de la vie courante ?
➡️ Tu adores aller au marché pour voir du monde et te promener. Du coup, tu emmènes ton chien avec toi à chaque sortie. Tu es content, tu partages ce moment avec lui et tu es persuadé qu’il est heureux. Mais lui, que vit-il ? Bruit, densité sociale trop élevée, obligation de marcher très lentement, interdiction de renifler quoique ce soit, regards d’inconnus qui veulent le caresser… Pas sûr que ce soit son idée du bonheur.
➡️ Tu es un humain, tu as des mains et la caresse / le câlin / le bisou font partie de l’éthogramme du primate. Naturellement, tu aimes caresser ton chien, le serrer dans tes bras et l’embrasser, parce que c’est ta façon à toi de lui témoigner ton amour et parce que ça te procure du plaisir. Mais… ça ne fait partie de l’éthogramme de ton chien. Ce n’est pas sa façon à lui de communiquer, c’est invasif et pour certains chiens c’est parfois même carrément désagréable.
➡️ Tu es un grand sportif et tu as pris un chien pour vivre plein d’aventures avec toi ! Tu adores la randonnée, la course à pied et tu as besoin de faire énormément d’activité pour te sentir bien. Tu as pris un berger australien parce qu’on t’a dit que c’étaient des chiens infatigables, chouette ! Quand vous randonnez, au début ton chien est toujours devant et puis rapidement il marche à côté de toi et il traîne un peu la patte. Alors, tu le motives et tu lui lances un bâton pour lui redonner un peu de peps ! Tous les jours.
➡️ A l’inverse, tu es casanier. Pour toi, rien de mieux qu’un dimanche canapé-séries. Et ton chien est à tes pieds : « Il est tellement bien, il dort tout le temps ! » Mais lui, que vit-il ? Est-ce un vrai moment de détente, ou est-ce un corps en pause, faute de mieux, parce que son environnement ne propose rien d’autre ?
➡️ Tu es perfectionniste et tu aimes que tout soit carré : assis impeccable, marche au pied nickel, rappel millimétré. Tu es convaincu que « ton chien aime apprendre » autant que toi tu aimes enseigner. Mais en es-tu bien sûr ? N’est-il pas – souvent - plus agréable de donner les ordres que de les recevoir ?
⚠️ En résumé, le biais de projection, c’est croire que « si moi je suis heureux comme ça, mon chien l’est aussi ». Et entendons-nous bien : je ne jette la pierre à personne. C’est un biais universel et totalement… humain.
Ça ne veut pas dire qu’un chien n’aime jamais les câlins, ni qu’il faut cesser toute activité commune : certains en raffolent, d’autres moins, et c’est là que l’individu compte. Mais pour bien comprendre et respecter son chien, il faut apprendre à voir le monde depuis sa perspective, pas la nôtre. Il faut apprendre à distinguer ce qu’il aime de ce qu’il tolère. Apprendre à rencontrer notre chien et à découvrir qui il est... et non qui on voudrait qu'il soit 😉.
© Charlotte WARRANT – WAF the fck - 2025