26/03/2022
La difficile valorisation de la pension pré
A la lumière des informations scientifiques dont on dispose aujourd'hui, nous sommes désormais en mesure d'affirmer que la pension au pré est objectivement celle qui permet le meilleur cadre de vie à l'immense majorité des chevaux, sur les plans physique, physiologique, psychologique et comportementale.
Pour ce qui est de la gestion d'une pension au pré, et ne considérant que les pensions sérieuses, et donc dignes d'être citées en exemple:
C'est un mode d'hébergement extrêmement chronophage pour le tenancier, qui n'a certainement pas moins de travail que s'il avait seulement des boxes et qui demande un gros investissement, au départ et au quotidien, en temps, en énergie, en santé, et en argent.
Et pourtant la pension au pré est étrangement dévaluée par tous, même ceux qui la trouve absolument indispensable au bien-être de leur cheval, ou qui la proposent, dans le sens ou on n'est pas souvent prêt à la (faire) payer au prix de sa qualité.
Un peu pour tout le monde, la pension au pré, c'est la pension du pauvre. Celle ou on laisse un cheval inutile, celle des chevaux non sportifs, des retraités, celle des amateurs...
On n'entend jamais un cavalier dire "quoi ?? payer 600€ pour une simple pension boxe ?".
Ca veut dire que d'une certaine manière, on reconnait tous un peu qu'il faut une justification de qualité, de valeur, de performance, pour payer ce boxe de luxe au cheval ....
Et donc, si le cheval n'a pas de valeur sportive ni financière ... alors on considère que son hébergement n'en aura pas non plus, et donc devra être peu onéreux.
Mais le bien-être ?! A-t-il un coût?
Doit-on revoir notre façon de classifier les hébergements dans notre inconscient collectif.
Ne devrait-on pas considérer que l'économie vétérinaire et le gain de performance et de sérénité apportés par le bien-être et le bien-vivre justifient le prix du haut de gamme ?
Payer un prix juste permettrait de développer des pensions au pré de qualité, avec des installations de travail, des infrastructures sportives, des sols stabilisés, des abris confortables et spacieux, des clôtures dignes ...Bref, de vraies pensions au pré telles qu'elle devraient être majoritaires.
Car aujourd'hui, un pensionneur au pré ne peut que rarement justifier de tels investissements au vus de ses faibles revenus ... ou bien il doit entasser les chevaux sur la surface, et donc rogner sur la qualité d'hébergement pour payer des installations.
Payer le juste prix, cela ferait peut-être disparaitre doucement les hébergeurs à la petite semaine, qui contribuent encore malheureusement à dévaluer la perception que l'on a de la pension pré, car il tiennent plutôt des cloaques à ciel ouvert ...
(encore que prétexter la mauvaise qualité des hébergements au pré pour justifier la mise au boxe est un argument de mauvais fois, fallacieux et mensonger)
En réalité, au boxe, on paie en sa tranquillité et son confort: un cheval toujours sous la main, des centres d'intérêts rapprochés les uns des autres.
Qu'on se l'avoue ou pas, la pension en écurie est d'abord une pension pour les cavaliers.
Et comme l'avis général est bizarrement tordu... comme le monde est drôlement fait ... en ayant un cheval au boxe dans une écurie, on acquiert bien souvent du prestige ...
Ce prestige que n'arrivent pas à voler les pensions au pré.
C'est alors que l'on voit émerger de nouveaux modes d'hébergements alternatifs, tels que les écuries actives et assimilés, qui réussissent le tour de force de promettre du bien être aux chevaux, tout en s'imposant sur le confort du cavaliers, et la praticité de l'équitation.
Ces écuries permettent de séduire des cavaliers jusqu'alors habitués aux gros loyers mensuels, font peu à peu changer l'idée que l'on se fait de l'hébergement haut de gamme, et posent le bien-être comme condition de la performance.
Par cette articulation, on arrivera peut être à considérer la pension dehors comme celle du futur... LE nouveau hype équestre sera peut-être de dire que son cheval vit dehors, alors que les cavaliers propriétaires de chevaux en boxe seront regardés comme des bouseux sans ambition 😁
Dans ce monde meilleur, les hébergeurs de pré seraient enfin justement rétribués de leurs efforts, car le bien être ne serait plus une économie, mais bien le premier choix, que les cavaliers ambitieux revendiqueraient comme l'inévitable hébergement pour leurs chevaux de si grande valeur.
Et bien sur, pour que ce monde soit vraiment parfait, la pension pré réussirait à se décliner en une multitudes de tarifs justes, en fonction des installations proposées, pour que l'élite ne s'accapare par ce privilège, et que chacun y trouve son compte, sportif ou pas, riche ou pas.
Mais toujours pour un contrat de base indispensable: de belles clôtures, des conditions de vie saines (sols solides, sans surpopulation) et une surveillance quotidienne.
Car aujourd'hui, les pensions au pré vivotent, les pensionneurs font souvent deux travails à la fois, les pensionnaires les plus pauvres n'ont d'autre choix que d'engraisser des pensions malsaines, et même ceux qui peuvent ne s'imaginent pas payer un prix qui permettrait de tirer ce mode d'hebergement vers le haut.
Alors, repensons à la valeur de ce que nous donnons par rapport à ce que cela nous fait économiser (sueur, soucis, argent ...), et si l'effort est consenti de notre coté, exigeons en retour une pension aux petits oignons ^^