07/09/2022
On critique beaucoup les abus et le mal-être des chevaux de compétition, en ayant tendance à opposant ce «monde» à celui des cavaliers qui n’y participent pas et ne pratiquent donc pas une équitation «sportive» (ce qui ne veut pas dire grand chose d’ailleurs).
Du coup, j’avais envie de partager avec vous aujourd’hui une réponse que j’avais écrite dans le cadre de ce débat sur le bien-être des chevaux de compétition.
En effet, je pense que le problème n'est pas que le cheval fasse de la compétition ou du loisir, quelle que soit la discipline, mais qu’il est sans doute beaucoup plus lié à ce que les cavaliers sont prêts à faire pour gagner des médailles...
Je pense que le fond du problème se retrouve absolument partout, que ce soit dans le spectacle («qu'est ce que l'humain est prêt à faire pour des applaudissements?») ou même chez des cavaliers amateurs qui restent dans leur écurie («qu'est-ce que l'humain est prêt à faire pour se persuader qu'il est capable de réaliser un exercice ou qu’il est assez compétent?»).
J'ai vu des chevaux de sport extrêmement bien traités et montés dans un immense respect de leur mental et de leur locomotion et j'en ai vu vivant une vie de misère et de souffrance.
Mais j'ai vu les mêmes deux extrêmes dans le spectacle, dans les écuries de propriétaires, les centres équestres, les paddock paradise et même chez ceux qui prétendent détenir toutes les vérités...
A mon sens ce sont les intentions des humains qui doivent être abordées bien plus que la discipline.
Je pense qu’aujourd’hui nous entrons dans une phase qui pourrait être très dangereuse, où finalement on ne fait que mettre en évidence les cavaliers qui font mal, les abus, les mauvais traitements, les signes de résistance ou de défense des chevaux. On veut rendre les règlements plus durs, interdire ceci et cela, punir, montrer des vidéos choquantes, etc.
Bien sûr, l’intention est très louable et moi aussi ces abus me font mal et je souffre pour les chevaux.
Mais si on s’intéresse aux moteurs des changements durables, dans d’autres domaines que l’équitation, on peut remarquer que le plus souvent, les changements profonds sont grandement facilités lorsqu’ils sont encouragés plutôt que forcés.
Dès lors, la question ne serait-elle pas: au lieu de mettre en évidence ce qu’il ne faut pas faire et de créer de la culpabilité, ne pourrait-on pas chercher les meilleures manières de mettre en évidence les comportements éthiques et respectueux? Ne pourrait-on pas mieux les récompenser, leur donner plus de visibilité, leur accorder une vraie valeur, même (et surtout?) s’ils viennent directement du milieu que l’on veut faire évoluer?
Pierre Beaupère
www.prbdressage.com