10/07/2023
MONTER A CHEVAL EST-IL EGOÏSTE ?
Le monde équestre semble plus que jamais effrayé des questions que posent depuis quelques années les “animalistes", mais aussi tous ceux qui se posent des questions quant à l’utilité de monter à cheval dans le monde d’aujourd’hui, et à l’exploitation d’un animal pour le plaisir de l’être humain.
Les levées de bouclier assez agressives et méprisantes des cavaliers me laissent penser que quelque chose, dans la mentalité du milieu équestre, devrait évoluer.
En effet, quel exemple montrons-nous si dès que quelqu’un nous pose une question délicate nous répondons avec agressivité, ou avec l’argument «vous n’y connaissez rien»?
Quelle image de douceur et de compassion donnons-nous à ceux qui se préoccupent du bien-être du cheval quand nous sommes incapables de répondre à leurs questions, ou même leurs provocations, avec douceur, patience, et en nous remettant en question?
Comment ensuite prétendre que nous devenons des anges d’une grande douceur et d’une grande patience lorsque nous sommes avec notre cheval, et qu’ils n’ont pas d’inquiétude à avoir?
Finalement, les “animalistes” qui veulent abolir l’équitation et tous ceux qui se préoccupent de l’aspect éthique de la relation au cheval ne poseraient-ils pas, en réalité, des questions qu’il serait grand temps de nous poser en tant que cavalier?
Car je pense que si les questions liées au bien-être du cheval et à ce que les cavaliers leur imposent nous font si peur, c’est peut-être parce qu’elles viennent souvent faire écho à une forme de culpabilité et à des conflits non résolus en nous-mêmes entre nos objectifs équestres, notre plaisir, et le bien-être du cheval.
Je pense que nous avons aujourd’hui deux choix: continuer à nous replier sur nous-mêmes en refusant tout dialogue sous des prétextes dépassés et nauséabonds auxquels nous ne croyons pas réellement nous-mêmes, ou entamer une remise en question profonde de nos motivations, de nos techniques et surtout du sens que nous donnons à la relation aux chevaux.
Et cette réflexion, à mes yeux, va beaucoup plus loin que de savoir s’il faut monter avec un mors, un licol, s’il faut utiliser le clicker, les récompenses alimentaires, les éperons ou la selle.
Elle implique, je pense, de comprendre qu’il s’agit de moyens d’atteindre un but, et que ce qu’il faut questionner en priorité c’est le but lui-même.
Et que tant que nous n’allons pas chercher les réponses à ces questions dans notre Coeur, ce but risque de rester encore longtemps vide de sens…
Pierre Beaupère.
Photo par Céline Bo****no - Photographe Équestre
Avec Stübben France Animaderm-derfen Ergonomie Équestre