19/02/2025
Bonjour à toutes et à tous,
Aujourd’hui, nous allons aborder un sujet pas très agréable.
Depuis quelques semaines, nous sommes confrontés à une recrudescence massive des remarques liées aux paiements. Nous ne parlons pas des gens de bonne foi qui ont du mal à joindre les deux bouts, avec qui nous arrivons toujours à trouver des solutions et pour lesquels nous avons mis en place des facilités.
Non. Nous parlons de ceux qui, lorsqu’on leur demande de payer ou de signer une reconnaissance de dette afin d’avoir un recours en cas de mauvaise foi, réagissent de l’une des manières suivantes :
- « Vous êtes trop procéduriers ».
- « Vous ne pensez qu’à l’argent ».
- « Je ne vois pas pourquoi je paierais pour ce que vous avez fait ».
- « Je n’ai pas à payer, ce n’est pas vraiment mon animal ».
- « Moi qui pensais que vous aimiez les animaux ».
Nous allons ici répondre à chacune de ces remarques que nous jugeons intolérables, et qui sont reconnues comme des agressions verbales par l’Observatoire des incivilités et la Commission sociale de l’Ordre des vétérinaires.
1 - « Vous êtes trop procéduriers »
Peut-être. Nous avons connu une époque où ce n’était pas le cas. Tout était plus simple, on se faisait confiance et on se revoyait avec plaisir la fois d’après, pour régulariser, sans paperasse pour gâcher notre belle relation.
Et puis, on s’est fait avoir. Une fois. Deux fois. On a continué à faire confiance. Trois fois. Quatre fois. Parfois, c’était de parfaits inconnus « de passage » qui nous donnaient un faux numéro, une fausse adresse. D’autres fois, c’était des gens qu’on connaissait depuis longtemps, qu’on côtoyait gamins, des copains de classe, des clients de longue date qui nous tutoyaient et qui, un jour, nous ont tourné le dos pour économiser quelques dizaines d’euros (ou quelques milliers), parfois en nous accusant d’une faute imaginaire pour se donner bonne conscience et se draper dans leur fausse vertu.
Alors on est devenus plus stricts. Procéduriers ? Peut-être. Cela vous vexe ? Si vous avez l’intention de payer, de bonne foi, pourquoi vous sentiriez-vous vexés que l’on formalise cela ?
Vous connaissez beaucoup d’entreprises privées dans lesquelles vous rentrez, vous vous faites servir par du personnel surdiplômé, et vous repartez sans rien payer ni laisser un gage de bonne foi ?
2 - « Vous ne pensez qu’à l’argent »
Non. Bien sûr que non. Mais, comme nous tous, nous pensons AUSSI à l’argent parce que sinon, la prochaine que vous aurez besoin de nous, on aura fermé. Les vétérinaires ne bénéficient d’aucune aide, aucun abattement, aucune prise en charge de vos demandes par la Sécurité sociale ou un autre organisme public. Nous devons rembourser les crédits que nous avons contractés pour mettre nos locaux et du matériel médical à la disposition de vos animaux. Nous devons payer nos fournisseurs, qu’il nous faille
des lames de scalpel, des réactifs d’analyse, un standard téléphonique pour vous répondre, ou du papier sur lequel imprimer votre reconnaissance de dette. Nous devons nous acquitter de nos cotisations : l’URSSAF, pour une clinique comme la nôtre, c’est une facture à cinq chiffres tous les mois, et cette somme vient d’augmenter de 13,6 % en l’espace d’un budget à l’Assemblée Nationale (quand le budget vote une augmentation de 22 % à 25 % du taux, ça fait +13,6 % sur la facture de l’entreprise).
Et, après cela, nous devons aussi nourrir nos familles et remplir le réservoir des voitures qui nous permettent de venir travailler, parce que personne ne le fait pour nous.
Nous ne pensons pas vous surprendre en vous disant que ni nos banques, ni nos fournisseurs, ni le fisc, ni nos supermarchés n’acceptent d’être payés en re**rd, en troc, ou en bisous.
Petite démystification : non, nous ne mangeons pas l’argent, comme le dit Sellig pour s’amuser dans ses spectacles. Quelques clics sur internet vous suffiront à trouver les rémunérations moyennes de notre profession, que vous pourrez comparer aux autres, ou au salaire médian des Français.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes, nous ne ferons pas davantage de commentaires à ce sujet.
3 - « Je ne vois pas pourquoi je paierais pour ce que vous avez fait »
Vous nous avez sollicités pour accomplir une tâche, et nous avons réalisé ce travail pour vous. Nous y avons consacré du temps et avons mis nos connaissances et notre savoir-faire à votre service. En estimant que notre travail n’a aucune valeur, vous déconsidérez toute une profession, des années d’études, mais aussi les animaux puisque les soigner n’a aucune valeur. Par ailleurs, si notre métier ne nécessitait aucune
compétence valorisée, pourquoi ne l’avez-vous pas fait vous-même ? Pourquoi vous êtes-vous contraint à transporter votre animal jusqu’à chez nous ?
4 - « Je n’ai pas à payer, ce n’est pas vraiment mon animal »
De ce point de vue, les choses sont claires et établmies dans le Code de Déontologie : un vétérinaire n’intervient pas sur un animal sans le consentement éclairé d’un détenteur responsable. En présentant un animal chez nous, vous vous désignez par défaut comme tel, et devenez dès lors décisionnaire et payeur pour lui, à moins de nous informer de l’existence d’une autre situation. En fait, cette remarque cache trois situations :
⏹️ vous avez l’animal en garde pendant que son « vrai » propriétaire est absent. Aucun souci, c’est lu qui assumera les frais en tant que propriétaire responsable, soit en s’arrangeant avec nous par téléphone pendant la consultation s’il est joignable et de confiance, soit en vous remboursant l’avance que vous aurez faite pour lui à son retour (a priori, vous le connaissez bien puisqu’il vous laisse son animal en garde, vous n’aurez donc aucun problème à vous faire rembourser),
⏹️ en vrai, c’est votre animal, mais vous n’avez pas envie de payer
⏹️ l’animal n’appartient réellement « à personne », auquel cas il faut respecter la procédure de fourrière afin que la commune dans laquelle l’animal a été trouvé soit désignée comme responsable de celui-ci. Tout le reste, c’est de la poésie.
5 - « Moi qui pensais que vous aimiez les animaux »
C’est le cas. Personne, absolument personne ne travaille dans une clinique vétérinaire sans un minimum (voire un maximum) d’amour pour les animaux. Car travailler chez nous, c’est accepter de ramasser des urines, des vomissures et des excréments. C’est prendre le risque de se faire mordre, ou griffer. C’est s’exposer à des virus, des bactéries et des parasites dont certains sont transmissibles à l’être humain. C’est utiliser des rayonnements ionisants qui peuvent avoir un impact sur l’apparition de cancers. C’est avoir des plannings chargés, des horaires rarement respectés. C’est partager la peine des propriétaires, et accepter leurs humeurs. C’est vivre au contact quotidien de la maladie, et de la mort.
Pour supporter tout cela, soyez-en certains, il faut se raccrocher à l’amour que l’on a pour les animaux. Si vous estimez que demander à être payé pour nos bons soins, c’est ne pas avoir d’amour pour les animaux, que dire de ceux qui ont des animaux, mais ne conçoivent pas de payer pour les soigner ?
Nous comptons sur votre compréhension et votre collaboration afin que cessent ces incivilités.
L’équipe Arcadia