18/01/2025
Témoignage en toute transparence d'une collègue.
Osa ne m'accompagne désormais plus sur des séances. Non pas parce que je n'en ai pas envie mais bien parce qu'elle n'en a plus la capacité émotionnelle. Il y a de ça trois ans, Osa a commencé à présenter une réactivité en dents de scie. Elle est devenue plus sensible, là où elle était auparavant capable de venir avec moi absolument partout. C'était le genre de chienne que j'emmenais en terrasse pour boire un verre, en animalerie pour des animations pendant lesquelles elle se posait, elle participait à bon nombre de séances avec d'autres chiens, que ce soit avec moi ou chez des consœurs. Elle était le genre de chien que rien ne semblait déranger, elle faisait simplement sa vie de son côté. Je le dis souvent mais je pense sincèrement que si Osa était toujours restée comme ça, j'aurais pu devenir moins bienveillante que je ne le suis actuellement. Parce qu'il m'arrivait alors de croiser des chiens qui surréagissaient en pleine rue, je la regardais aussitôt avec une petite dose d'ego mal placé car elle passait sans rien dire, semblant ne même pas prendre en compte ce qui venait de se passer.
Osa était la chienne qui se montrait calme par tous les temps, peu importe les événements qui survenaient à proximité ou non. Elle prenait ses odeurs puis partait plus loin et c'était d'ailleurs la même chose avec des rencontres congénères. Elle allait saluer simplement les autres chiens lorsqu'elle le pouvait avant de faire sa vie de son côté. Aucun signal d'inconfort, elle se contentait de faire son petit bonhomme de chemin et tout se passait très bien. A l'âge de trois ans en revanche, elle a commencé à réagir aléatoirement sur certains individus, chiens ou humains, et à ne plus parvenir à se poser lors des balades quand nous faisions une pause. Son poil est devenu rêche, sa queue s'est amincie, ses muscles ont fondu et sa peau s'est épaissie. Au toucher, il y avait définitivement quelque chose de différent mais à l'époque, je ne faisais aucune corrélation entre ses comportements nouveaux (que je tentais vainement de relier à des expériences négatives qu'elle aurait pu subir) et son état médical. Sur la première photo de cette publication, nous étions en été 2022 et je savais que quelque chose clochait. En un an, la réactivité d'Osa a doublé et ce, malgré le travail fait avec elle pour lui permettre de se sentir mieux. C'était incompréhensible.
Son ostéopathe de l'époque commence à me parler d'un souci hormonal qui pourrait expliquer ses symptômes. Je demande donc au vétérinaire des analyses spécifiques après m'être renseignée sur ce qu'il y avait à tester pour être sûre de ne pas avoir un faux négatif (comme ça avait été le cas un an auparavant, en ne testant que la T4 qui était alors « dans la norme »). Et après avoir un peu bataillé verbalement avec ce vétérinaire pour avoir la prise de sang voulue, le rendez-vous est pris. Osa passe donc par l'étape des prises de sang, une le matin à jeun puis une le midi. Les résultats sont sans appel : Osa est en hypothyroïdie primaire, il lui faut absolument une complémentation avec des hormones de synthèse en guise de traitement à vie. C'est ainsi qu'elle parvient petit à petit à aller mieux, même si ce n'est clairement pas encore ça. Des soucis de vue sont décelés, qui vont ou non avec son errance médicale de plusieurs années pendant lesquelles l'hypothyroïdie s'est aggravée, dans tous les cas ces derniers ne lui permettent pas d'être sereine lors de ses balades quotidiennes.
Elle est, d'après son taux de cortisol, en fatigue surrénale et on commence à complémenter en conséquence à la fin de l'année 2024 avec l'aide de sa naturopathe. Il y a une belle amélioration, aussi bien au niveau de sa mobilité qu'au niveau de sa réactivité. D'une chienne qui se jetait littéralement en bout de laisse sans parvenir à redescendre quelques mois plus tôt, on passe à une chienne qui réussit à prendre de la distance et qui accepte de nouveau la nourriture en balade. On passe d'une Osa imprévisible à une Osa plus lisible. Petit à petit, on avance. Du haut de ses six ans et demi, voici où nous en sommes.
On n'en a pas encore terminé, ce n'est que le début du chemin vers un mieux être. Osa commence tout juste à réussir à se gérer de nouveau, j'ai maintenant une prise sur elle quand je sens qu'elle va potentiellement réagir pour lui permettre de trouver une autre alternative. C'est loin d'être fini, ce ne sont que les premiers progrès pour lui permettre de se sentir réellement mieux. D'autres rendez-vous sont prévus, de sorte à étudier encore davantage son cas et de lui offrir ce dont son corps a besoin. Pour l'heure, les situations de stress lui sont majoritairement évitées, ce qui explique pour quelle raison elle ne m'accompagne plus. Le simple fait de changer d'environnement est quelque chose de compliqué pour elle, parce qu'elle voit mal, qu'elle entend mal et qu'en prime, son stress n'est que difficilement régulé par son corps. Elle peut réagir avec virulence sur un carton qu'on a posé sur une table, sur une ombre en plein soleil ou même sur une simple odeur de façon totalement aléatoire. Le moindre stress est ressenti sans nuance, ou presque. Depuis qu'elle est sous traitement et complémentée, il y a du mieux, elle regagne progressivement des étapes dans l'expression de son stress sans être amenée à surréagir directement.
Je me demande souvent ce qui se serait passé si Osa avait atterri dans une famille qui avait cherché à l'éteindre plutôt qu'à la comprendre. Parce qu'il aurait été facile, si facile de lui faire peur en lui mettant un étrangleur, en lui saccadant le cou pour qu'elle se taise sans se pencher une seule seconde sur son malaise. Alors c'est vrai, Osa n'est plus la chienne « parfaite » qui m'accompagnait sur les séances, que je pouvais embarquer avec moi pour un oui ou pour un non, parce que je savais qu'elle profiterait d'un énième moment à mes côtés. Je continue malgré tout à lui permettre d'avancer, pas à pas, en lui faisant voir des situations qu'elle est capable de gérer. Elle progressera lorsque son corps en aura la capacité, d'ici là il est de mon devoir de la préserver, de lui permettre de voir qu'elle ne risque rien car c'est à moi de la protéger.
Pour terminer cette publication, la deuxième photo a été prise il y a environ une semaine. Rien à voir avec la première et c'est tant mieux ! Osa a regagné du muscle et son poil est redevenu comme il l'était avant. Et si j'avais deux conseils à vous donner après ce témoignage, ça serait les suivants : si des réactions vous semblent totalement illogiques, consultez avant tout votre vétérinaire et insistez pour que des analyses soient faites. Ne vous contentez pas d'un : « on va mettre votre chien sous traitement pour l'apaiser un peu » sans que vous ne sachiez ce qui cause véritablement ces changements soudains dans son comportement. Et si vous avez actuellement un chien qui réagit parfaitement, qui s'entend avec tous ses congénères, qui est sociable avec les humains et qui ne réagit sur absolument rien... Gardez en tête que tout peut changer du jour au lendemain et ne pensez pas que votre binôme vaut mieux que celui d'en face dont le chien s'égosille devant tous ceux qui passent. Croyez-moi, vous ignorez tout du combat que mène ce binôme au quotidien.
© Toutougether - Nicoline Droogmans
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