25/01/2025
Camille Claudel
Née en 1864, décédée en 1943, oubliée par tous dans un hôpital psychiatrique.
Qu'avait-elle fait pour mériter un tel sort ?
🌹 Elle avait osé, dans une époque où les femmes étaient reléguées aux marges de la société artistique. Partie étudier à Paris, elle se heurta à l’interdit : l’École des Beaux-Arts n’était ouverte qu’aux hommes. Refusant de renoncer, elle prit des cours dans des ateliers privés qui acceptaient les femmes.
🌹 Elle croisa alors la route du célèbre sculpteur Auguste Rodin, et devint sa muse, son élève, mais aussi son amante. Leur relation, aussi passionnée qu’artistique, donna naissance à des chefs-d’œuvre intemporels. Ensemble, ils façonnaient la matière, mêlant leurs âmes et leurs mains pour donner vie à des œuvres qui, encore aujourd’hui, illuminent les salles du musée Rodin et du musée d’Orsay.
🌹 Mais cette idylle prit fin brutalement. Rodin, déjà lié à une autre femme, la laissa derrière lui, préférant la sécurité de sa situation établie. Lui resta l’artiste adulé, reconnu, célébré ; elle fut reléguée à l’ombre, dénigrée et rejetée par le milieu artistique.
🌹 Livrée à elle-même, Camille vécut dans la solitude et la méfiance, incapable de vendre ses sculptures. Son frère, le poète et diplomate Paul Claudel, symbole de respectabilité, la considérait comme une honte pour leur famille. Ce fut lui, avec l’appui des proches, qui fit interner Camille dans un hôpital psychiatrique en 1913, où elle demeura jusqu’à sa mort.
🌹 Durant ces 30 années d’internement, Camille écrivit des lettres déchirantes, témoins d’une lucidité poignante, implorant qu’on la libère. Ces écrits révèlent une injustice criante, celle d’une femme trop libre, trop audacieuse pour son époque.
🌹 En 1943, affaiblie et brisée, elle mourut presque de faim dans l’anonymat. Pas un membre de sa famille ne vint assister à ses funérailles. Ses restes furent inhumés dans une fosse commune, sans le moindre signe de reconnaissance.
🌹 Aujourd’hui, Camille Claudel a retrouvé sa juste place dans l’Histoire. Ses œuvres, d’une sensibilité bouleversante, sont exposées aux côtés de celles de Rodin. Un musée, situé à Nogent-sur-Seine, lui est entièrement dédié, rendant hommage à son génie longtemps étouffé.
C’est le triomphe posthume d’une femme qui, malgré les oppressions de son époque, n’a jamais cessé de sculpter son âme dans la pierre.
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