08/04/2022
MINIMALISME POUR LES HUMAINS ET LES CHEVAUX
Par le Docteur Stéphane CASCUA, médecin du sport Rédacteur en chef de www.docdusport.com
Rendez-vous et vidéoconsultations : https://www.doctolib.fr/medecin-du-sport/paris/stephane-cascua
Les coureurs adeptes du minimalismes sont de plus en plus nombreux ! En tant que médecin du sport, j’ai découvert cette pratique il y a une dizaine d’années. Mon adaptation fut très progressive et s’est faite sans blessure. Ont même disparu : entorse de cheville, périostite et syndrome de loge !
MINIMALISME = PREVENTION SYNDROME DE LOGE, PERIOSTITE, ESSUIE-GLACE, ENTORSE
Immanquable, j’ai décliné la réflexion vers mes chevaux d’endurance. La lecture d’un livre de référence fit office de déclencheur : « Le silence des chevaux ». Cet ouvrage remarquable paru aux éditions Amphora analyse les conséquences délétères de la ferrure : disparition totale des capacités d’élargissement et d’amortissement naturel du sabot surchargeant les articulations sus-jacentes, annulation des qualités proprioceptives de la sole altérant considérablement la coordination du cheval notamment sur terrain irrégulier, suppression de l’optimisation du retour veineux par pompage de la boite cornée, verticalisation des allures pour soulever un poids distal inconsidéré à l’origine d’un surmenage musculaire et d’une altération du rendement.
SANS FER = AMORTISSEMENT PROPRIOCEPTION VASCULARISATION RENDEMENT
Chez l’humain, le minimalisme constitue d’abord une technique de course : une foulée de plus faible amplitude, une fréquence plus élevée, une réception à la verticale du buste et un appui avant-pied. A la clé, la réduction de l’onde de choc de l’attaque talon à la fois traumatisante et frénatrice. A la clé, une meilleure tonicité de l’appui assurant un bon contrôle de la pronation dont l’excès vrille le membre inférieure et provoque périostite et syndrome de l’essuie-glace. A la clé, une réduction du travail des muscles releveurs du pied et le soulagement des syndromes de loge. A la clé, une contribution active du mollet à la propulsion probablement source d’un meilleur rendement. A la clé, la perception du sol et la possibilité d’épouser les irrégularités contribuant à éviter les entorses de cheville.
MINIMALISME = RENDEMENT : APPUI NON FREINATEUR, PROPULSION MOLLET
Chez l’humain, le minimalisme passe aussi par des chaussures spécifiques. Les semelles sont fines, souples et dépourvues de talon épais. Le bout est large laissant le clavier des baguettes osseuses métatarsiennes s’étaler librement. L’amortissement est assuré par la cheville et la contraction de freinage du mollet. C’est plus efficace et à l’origine d’une tension élastique restituée lors de la poussée. De fait, ces chaussures sont plus légères. Cette réduction du poids à l’extrémité des leviers des membres inférieurs se révèlent particulièrement utile à l’optimisation de la performance.
MINIMALSIME = CHAUSSURES LARGES, FINES, PLATES ET LEGERES
Pour nos chevaux, nous avons délégué aux experts le protocole de déferrage et le parage adaptatif spécifique. En effet, au-delà des adaptations biomécaniques, la physiologie décrit des douleurs provisoires de réinnervation et revascularisation pourtant salutaires. Ce phénomène serait comparable aux sensations dans nos doigts frigorifiés mis sous l’eau chaude. Alors, en attendant la disparition de cette hyperesthésie, nos chevaux travaillent sur terrain souple en trottinant au marcheur, en galopant tranquillement sur piste en mâchefer. Même notre traditionnel stage au Touquet sur chemin sablonneux et sur la plage n’a pas posé de problème ! Mais pour accompagner et stimuler réinnervation et revascularisation, nous réintroduisons très progressivement les terrains durs et irréguliers avec quelques balades cool … Et, nos chevaux y sont de plus en plus à l’aise !
SANS FER = DOULEURS PROVISOIRES DE REINNERVATION ET REVASCULARISATION