26/11/2024
OUTCROSS BREEDING POURQUOI ?
Après plusieurs générations de sélections des individus afin de satisfaire en premier lieu une utilité au travail, et ensuite l’apparition des expositions de beauté et des clubs de race , les éleveurs se sont concentrés essentiellement sur LEUR idée du canon de beauté et de ce que doit représenter chaque race pure. Résultat, on en est arrivé non seulement à une division de sa génétique mais aussi à son appauvrissement.
La diversité est dans la nature.
En effet, afin qu’une espèce puisse évoluer et s’adapter à son environnement, elle doit acquérir une multitude de gènes et les renouveler afin de lutter contre les maladies, le climat, etc . mais aussi développer son système immunitaire et accroître sa capacité d’adaptation.
Il est nécessaire pour toutes les races de pratiquer la «RETREMPE » aussi appelée “OUTCROSS”. Cela a TOUJOURS été pratiqué mais malheureusement caché sous le nom d’un étalon qui n’est pas le père de la portée. Pour le bien-être des chiens, il est important à mon sens, de faire preuve d’honnêteté et de transparence pour l’avenir des chiens dits de race qui sont tous de plus en plus en souffrance face à cette société de consommation et du “paraître”.
Il est alors nécessaire d’alterner au moment opportun :
– LINEBREEDING / INBREEDING : faire de la consanguinité sur un ou plusieurs ancêtres commun afin de fixer des caractéristiques physiques, comportementales etc…
– SIDECROSS : inclure des chiens de la race dont les ancêtres ne se sont pas croisés depuis plusieurs générations en important de l’étranger.
– OUTCROSS / Croisement d’amélioration : Inclure une race de chien différente de celle élevée mais pouvant renforcer et enrichir le pôle génétique.
A sa création il n'était pas anormal de voir des Berger allemands de Couleurs Bringé, Merle ainsi qu'un berger allemand de travail au troupeau poils longs avec des taches/ extrémités blanches.
Génétiquement parlant, le Berger allemand est une des races de chiens les plus riches car elle offre des possibilité uniques et infinies en termes d’apparence que cela soit en couleurs, longueur de pelage ou types morphologiques allant du chien très athlétique et fin au chien trapu et carré.
Cette diversité offrait une multitude de possibilités en termes de travail également, que cela soit au troupeau, en recherche, en pistage, en assistance… Par exemple, un chien grand, trapu et massif sera plus adapté pour être un chien d’assistance destiné à une personne ayant une perte de mobilité, qui doit pouvoir s’aider de l’élan et du contrepoids de son chien pour s’équilibrer, se relever ou se transférer. A contrario, un chien svelte, plus petit et agile sera préférable pour une personne ayant besoin d’un chien guide ou d’alerte médical ou sonore.
Encore une fois, cette diversité présente chez le Berger allemand à sa création était un atout indéniable pour une polyvalence selon les conditions de vie et le travail recherché.
Et c’est mon but ! J’aimerais revenir vers ce Berger allemand riche et unique à la fois !
Nos Bergers allemands actuels souffrent d’une grave dépression génétique atteignant des taux réellement inquiétants.
Sur le court et le moyen terme, cette dépression aura de réels impacts qui seront, finalement, irréversibles. Car cela déformera complètement la race qui risquera alors de perdre ses aptitudes naturelles.
Une réelle tyrannie de la « race pure » est extrêmement bien abordée par l’éducatrice comportementaliste Audrey Ventura dans son article « La tyrannie de la race pure« . Elle y aborde les constats affligeants des particuliers et professionnels du chien sur ces dérives sur fond de lobotomie générale quant à la valeur d’un chien et de ce qu’est un chien de race.
EXTRAIT de l’article :
Le procédé (scientifique, et génétiquement éprouvé) ne date pas d’hier, loin de là. Dans les années 80, le généticien Robert Schaible a conduit une expérimentation sur des dalmatiens pour éliminer un gène récessif responsable de surdité, de problèmes de peau et de calculs urinaires entrainant des décès précoces. Pour ce faire, il réalisa des croisements F1 entre dalmatiens et une race apparentée, le pointer anglais, qui ne porte pas ce gène dans son patrimoine génétique. Les chiens F1 furent croisés à nouveau avec de purs dalmatiens, et ainsi de suite pour leurs descendants. Au bout de cinq générations seulement, il était impossible de distinguer le phénotype des chiens croisés et celui des pures races. Le gène défectueux lui, avait totalement disparu, éliminé de la génétique.
Malheureusement, l’enregistrement au sein des dalmatiens à pedigree, de ces chiens croisés impossible à différencier des pures races, a été refusé car les membres du club américain du dalmatien estimèrent que la « pureté de la race » serait entachée par ce type de chiens. Totalement obsessionnels de la « race pure », ils s’opposèrent au projet. Pour le professeur Patton, généticien à l’Université de Washington, « le club du dalmatien confirme les orientations aberrantes de la cynophilie moderne, qui font endurer un calvaire aux animaux. Ses membres préfèrent voir mourir leurs chiens plutôt que les délivrer d’une maladie héréditaire, alors même qu’il est impossible de distinguer les chiens sains de purs dalmatiens au sens strict du pedigree. »Alliance Française Canine, en la personne de son président, Dominique Desramé, précise que « si un éleveur souhaite bénéficier dans une race, de l’apport d’une race extérieure pour augmenter la variabilité génétique ou obtenir un caractère recherché, il peut recourir au « croisement d’amélioration », sans aller jusqu’au remplacement de la race originelle. Il s’agit de faire un apport temporaire de gènes d’une race extérieure. La principale difficulté consistera à définir clairement ses objectifs et à s’y tenir, faute de quoi ce croisement peut se transformer en création d’une nouvelle race », ce qui n’est absolument pas le but poursuivi.
Imaginons que l’on souhaite améliorer la race du berger australien grâce à celle du border collie, pour lui apporter plus de vitesse et moins de fourrure (exemple). Il faudra sélectionner un berger australien pure race que l’on croisera avec un border collie pure race. Un chiot sera gardé, qui sera donc 50% aussie / 50% border. Ce chiot sera croisé avec un aussie pure race.Un chiot sera gardé, donc 75% aussie / 25% border. Il sera croisé avec un aussie pure race.Un chiot sera gardé, donc 87,5% aussie / 12,5% border. Il sera croisé avec un aussie pure race. Le chiot de la 5ème génération sera 93,75 % aussie, mais son sang a été renouvelé.
Nous n’en sommes maintenant plus au travail de sélections ; En revanche, à l’heure actuelle, nous n’avons seulement qu’une association consanguine de chiens de plus en plus difformes et dégénérés afin d’avoir des jolis noms sur le pedigree et satisfaire l’égo et l’incompétence des « éleveurs » et particuliers ignorants de la machine infernale à laquelle ils participent malgré eux grâce à un marketing du paraître bien ancré.
Un éleveur souhaite bénéficier dans une race, de l’apport d’une race extérieure pour augmenter la variabilité génétique ou d’un caractère recherché. Mais cela, sans aller jusqu’au remplacement de la race originelle. Dans ce cas, on effectue par croisement d’amélioration, un apport temporaire de gènes de la race extérieure. La principale difficulté consiste à définir clairement ses objectifs et à s’y tenir.
Faute de quoi, ce croisement peut se transformer en la création d’une nouvelle race.
Voici un Extrait de l’article de Carole Beuchat » Quel niveau de Consanguinité est sûr ? »
Extrait d’un article de Carole BEUCHAT :
Le coefficient de consanguinité reflète la fraction de locus homozygotes car deux copies du même allèle ont été héritées d’un seul ancêtre. (C’est aussi la probabilité qu’un locus spécifique ait deux copies du même allèle hérité d’un ancêtre commun.)
Par définition, la consanguinité est l’héritage de deux copies du même allèle héritées d’un ancêtre commun, ce risque devrait donc être nul s’il n’y a pas d’ancêtres partagés dans les lignées maternelle et paternelle. Cependant, si les parents sont apparentés, ils auront une certaine similitude génétique, et plus la relation est étroite, plus la similitude est grande. Ainsi, depuis l’élevage de chiens non apparentés, qui produirait un COI de 0 %, jusqu’aux degrés croissants de parenté des parents (par exemple, cousins éloignés, cousins proches, neveux, demi-frères et sœurs, etc.), vous vous attendriez à voir une augmentation niveau de consanguinité, c’est-à-dire la fraction d’allèles identiques homozygotes. Par exemple, un croisement de cousins germains entraîne en moyenne un COI de 6,25 % chez la progéniture. L’accouplement de demi-frères et sœurs produit une consanguinité de 12,5 %, et le croisement de frères et sœurs complets entraîne une consanguinité de 25 %. Vous pouvez obtenir des niveaux de consanguinité encore plus élevés si les parents eux-mêmes sont consanguins, comme vous pouvez le constater avec des croisements consécutifs entre frères et sœurs, génération après génération.
Voici donc la question brûlante : pourquoi devons-nous nous inquiéter de la consanguinité ? Quel est exactement le problème causé par l’homozygotie d’allèles identiques par descendance ?
La première chose que vous devez comprendre est que la nature favorise l’hétérozygotie par rapport à l’homozygotie. Imaginez un gène avec plusieurs variantes (allèles), chacune conférant un degré différent de résistance à une infection bactérienne. Ceux qui possèdent les allèles offrant le moins de résistance pourraient tomber malades et mourir, ceux qui ont la meilleure résistance survivront à l’infection avec peu d’effets négatifs, et les animaux possédant un troisième allèle pourraient tomber malades et survivre, mais avec une fertilité plus faible. La diversité allélique de la population animale empêche l’extinction de populations entières. Les animaux qui survivent sont plus susceptibles de posséder les allèles qui leur confèrent une résistance partielle ou complète, et la population est mieux à même de survivre à cette infection bactérienne à l’avenir.
Mais que se passe-t-il s’il y a une forte consanguinité dans la population ? De nombreux individus pourraient avoir le même allèle, et pour certains, cet allèle pourrait même être homozygote. S’il s’agit d’un allèle qui confère une résistance, la population ira bien. Mais sinon, la population en prendra un coup, avec une reproduction réduite, voire la mort des animaux possédant les autres allèles.
Il s’agit d’un exemple simple, mais on peut imaginer une situation similaire pour de nombreux gènes du génome d’un animal, qui se reflétera dans la diversité allélique de la population. Les individus appartenant à des populations saines d’animaux sauvages ont généralement un coefficient de consanguinité très faible, voire 0 %.
Dans cet article, l’auteure aborde la multitude d’impacts négatifs sur une consanguinité trop élevée qui aura un effet notamment sur : la longévité, les maladies, la reproduction …
Un autre extrait d’un article de Carole Beuchat « Le lien entre la consanguinité et le système immunitaire » :
Sans le système immunitaire, nous serions vulnérables aux infections par des bactéries, des virus, des champignons et des parasites. Votre corps doit reconnaître l’envahisseur étranger et mettre en place une réponse appropriée pour l’éliminer avant qu’il ne cause des dommages. Il existe des millions de types de bestioles potentiellement dangereuses, donc le système immunitaire est nécessairement très complexe. Le système immunitaire doit également être capable de faire la différence entre les envahisseurs et vos propres tissus ; ne pas le faire entraîne des troubles auto-immuns. Même les cellules cancéreuses sont ciblées par le système immunitaire.
Nous allons parler de la relation entre la consanguinité et le système immunitaire chez les chiens. Juste pour vous assurer d’apprécier la complexité du système de défense de votre corps, prenez quelques minutes pour regarder cette petite vidéo. Vous n’avez pas besoin de vous souvenir de tout cela; notez simplement le nombre de pièces mobiles et la complexité de leur connexion.
Sans aucun doute, le système de défense de votre corps est extrêmement compliqué et toute sa magie dépend d’une diversité exceptionnellement élevée dans les gènes qui le font fonctionner.
L’une des conséquences de la consanguinité et de la perte de diversité génétique chez les chiens de race est la diminution de la diversité des gènes du système immunitaire. Cela a conduit à un système immunitaire plus faible et à des taux plus élevés de maladies auto-immunes.
Vous verrez ainsi que j’introduis dans mon élevage et mon travail de sélection des lignées pour le Berger allemand qui seront classifiées en G1 . G2 . G3 . G4 pour enfin au bout de la 5ème génération devenir génétiquement en majorité un " pur " Berger Allemand. Ces lignées de travail d’introduction ne sont pas moins « pures » dans le sens qualitatif et représentent un réel ESPOIR D’AVENIR pour le Berger allemand.
Cette pratique du croisement d’amélioration ou outcross est largement décriée chez nous mais pourtant déjà mise en place dans certains pays nordiques qui ont également interdit la reproduction de certaines races considérées comme en trop grande souffrance.
J’espère sincèrement qu’à l’avenir, cette apologie de la « race pure » ou du “pure race” qui fait réellement froid dans le dos et qui est, à l’heure actuelle, considéré comme critère déterminant de la qualité et la valeur d’un chien, s’effondrera pour laisser place à une sélection plus respectueuse de la nature et de nos chiens de race.
Marine Aumailley
https://elevageofblackangelsanctuary.com/outcross-project/
Carol Beuchat
Cynoconsult