31/12/2015
ESPÉRANCE DE VIE DU CHEVAL
Longévité de 50 ans mais espérance de vie moins de 15 ans! Un grand écart qui fait mal ! Le constat est amer. Le décalage entre la longévité programmée et l’espérance de vie est accablant. Il semblerait qu’en fréquentant l’homme, le cheval a du mal à s’assurer un bon avenir.
L’âne s’en sort visiblement mieux en vivant le plus souvent en extérieur. Sans doute la considération sociale sauve l’âne mais tue le cheval. L’âne est considéré comme « vulgaire » alors que le cheval assure une place sociale à son propriétaire. Le cheval est soi-disant « choyé » dans son écurie alors que l’âne vit dehors. Poussons encore plus loin les comparatifs : le poney, qui n’est autre qu’un robuste petit cheval que l’homme a modelé pour travailler dans les mines, bénéficie lui aussi d’une espérance de vie supérieure à celle du cheval. Les centres équestres constatent une vie plus longue chez le poney, qui est plus rarement dans un box et très souvent sans fers. Où que l’on se tourne, nous constatons que les équidés qui échappent à l’intervention humaine s’en sortent mieux en ayant une espérance de vie plus longue ! Le cheval libre en espace ouvert s’en sort beaucoup mieux que le cheval « soigneusement » entretenu dans son box, ferré et soumis au mors. Si l’importance de l’écart entre l’espérance de vie – moins de 15 ans - et la longévité – 50 ans - est désespérant, il est tout aussi stupéfiant d’apprendre dans un article du docteur vétérinaire Guy SOUFFLEUX que « les autopsies réalisées en 1989 à l'Institut de Pathologie du Cheval de Dozulé (14), sur des chevaux adultes, surtout de compétition, nous révélaient que 58 % étaient morts de pathologies digestives et12 % de pathologies non infectieuses de l'appareil locomoteur »…
Alerté par cette incroyable constat, nous avons cherché à comprendre comment nous en étions arrivés là. Le cheval moderne aurait-il un défaut récurrent? Serait-il à ce point mal « conçu » par la nature? La sélection naturelle n’aurait-elle pas fait son travail au point de laisser survivre des individus fragiles ?… Bizarre, bizarre. En 2001, la thèse des docteurs vétérinaires LEBLOND A., LEBLOND L., SABATIER P. , SASCO A.J., observait qu’il y avait, pour un cheval, 11 fois plus de chance de mourir de coliques que de vieillesse…Troublant mais explicable.
Devant un tel constat comment ne pas préconiser un remède simple et efficace : libérer les chevaux enfermés ! Habitants un pays d’élevage de chevaux destinés à la boucherie, nous nous approchons des vétérinaires locaux qui confirment que cette population n’est pas touchée par les coliques ou autres troubles digestifs et ne révèlent pas de pathologie liés à l’appareil locomoteur. Les chevaux libres que nous côtoyons depuis plusieurs décennies ne sont pas plus pas touchés par ce type de désordre. Lors d’un voyage sur l’île de Barbuda, où circulent librement les juments, pas de signalement significatif… D’où vient donc cette « maladie » qui tue les chevaux ?.........
Oui, il y en a une… c’est bien l’inadéquate intervention de l’homme dans la vie du cheval qui le fait souffrir systématiquement et mourir prématurément ! Dans toutes les études sur les problèmes digestifs que nous pouvons consulter à aucun moment le quotidien de vie imposé par l’homme n’est mis en cause de façon primordiale. C’est pourtant lui qui génère un processus destructeur et déclenche un véritable engrenage infernal. Seule une approche holistique peut déterminer l’origine de cette catastrophe pour le cheval. Deux éléments majeurs sont légèrement abordés et souvent ignorés dans les thèses et études diverses consacrés au problème des troubles digestifs : 1- la sédentarité 2- l’alimentation
Quand une étude arrivant du Texas (1) révèle que les chevaux présentant des « tics à l’air » sont particulièrement sujets aux coliques, elle dit sans le dire que des chevaux enfermés, donc sujets à des dérèglements comportementaux et soumis à l’immobilisme, sont incapables de s’assurer un transit intestinal conforme. Etait-il vraiment nécessaire de produire une longue étude sur le sujet pour constater que l’enfermement d’un individu qui doit parcourir 10 à 20 kilomètres quotidiennement pose un problème induit de transit? D’autre part, il existe bien un lien direct entre la distribution de la nourriture et les coliques.
Un cheval libre sur un espace ouvert passe 70 % de son temps à manger. En box ou en paddock, le faible nombre de repas incite le cheval à une rapide surconsommation qui génère inévitablement des problèmes gastriques mais aussi un ennui certain. Le cheval n’a plus rien à faire entre les repas. En milieu libre et ouvert, le cheval prend 12 à 15 repas par 24 h. L’estomac, « poche chimique » d’une dizaine de litres, petite par rapport à la corpulence du cheval, le contraint à fractionner la prise d’aliments. Cette fonction l’occupe en permanence. La lente mastication stimule les glandes salivaires et le fonctionnement de l’estomac. En box, pour compenser, le cheval n’hésite pas à « manger » sa porte ou sa litière et risque avec la paille et les copeaux une « impactation » au niveau du gros intestin. Séjournant dans un paddock ou dans un pré, pollués au sol par l’urine et les crottins, pour passer le temps il grignote, des aliments ou de la terre porteurs de germes. De leur coté les granulés, trop rapidement ingérés, réduisent dangereusement la mastication nécessaire au déclenchement digestif.
Doit-on rappeler que le cheval n’est pas un oiseau, mais un mammifère brouteur herbivore monogastrique. Lui offrir des graines comme base d’alimentation parce que, entre autres raisons, on ne veut, on ne sait ou on ne peut pas lui assurer les 12 repas dont il a besoin, reste et demeure une aberration sans nom qui augmente considérablement le risque de troubles digestifs.
La qualité de l’eau est aussi un élément important. Nous avons tous observé que les chevaux vivant en milieu ouvert préfèrent l’eau saine d’un ruisseau à l’eau « trafiquée » du robinet. Nous n’aborderons pas ici l’influence de la qualité de l’air respiré –poussières, pollution…- qui elle aussi peut porter préjudice. Voilà pour les implications majeures d’un confinement et d’une douteuse alimentation « contrôlés » par l’homme. Avec 2 ou 3 repas par 24 h, nous sommes loin de ce que réclame le métabolisme du cheval. Immobile et contraint en un espace restreint et monotone, le cheval développe des pathologies diverses qui s’empilent et le font mourir jeune. Comme pour le ferrage qui participe à une mauvaise élimination des toxines et provoque de graves désordres, l’alimentation désastreuse ainsi que les néfastes conditions de vie au quotidien détruisent lentement mais sûrement notre animal favori. Sordide évidence.
La réalité sociale et économique est-elle en capacité de supporter un changement d’attitude et de pratique. Pas sûr ! Trouver des espaces pour le bien des chevaux demande une organisation qui risque fort de perturber « le juteux marché du cheval ». Et puis on désire tant avoir son cheval à sa porte, sous nos yeux comme pour nous rassurer. On le rentre la nuit alors que le cheval a principalement une activité nocturne. C’est un noctambule que nous contrarions en l’enfermant la nuit. Anthropomorphisme, quand tu nous tiens ! Les habitudes sont ancrées, les enjeux financiers trop importants. 150 000 tonnes de granulés, 330 vétérinaires spécialisés équins qui n’auraient plus à soigner des "coliques" et autres pathologies induites directement par l’homme. Ces « spécialistes » équins devraient avoir une obligation de conseil et de résultat, ce qui changerait les données du problème. C’est eux qui devraient imposer la mise au vert des chevaux en définissant un protocole de transition entre box et espace ouvert. Tout ceci serait bien plus gratifiant et surtout plus efficace en termes de soin ! Notre pays dispose pourtant d’espace pour les chevaux. Nombre d’agricul» est bien longue et difficile. Les mauvaises habitudes perdurent. L’armée a su transformer sa « cavalerie » en passant des chevaux aux véhicules automobiles, mais nous a laissé les pratiques anciennes : ferrage, box... Funeste héritage. Ceux qui choisissent d’avoir un cheval enfermé dans un garage se trompent. Aujourd’hui, il y a des motos tout terrain pour remplir la fonction qu’ils souhaitent. Ils pourront ainsi tout à loisir changer un pneu usé, des pièces endommagées et surtout tenter de modifier le carburant. En ce qui concerne le cheval il n’est pas correct, ni possible de le réduire à une mécanique que l’on équipe.....
Seul un traitement à la source peut ouvrir la voie vers une guérison. Dans le même temps, soigneusement, de savantes thèses oublient la véritable cause des désordres qui tuent les chevaux. La simple vérité est-elle trop difficile à entendre, le changement de comportement trop troublant ? Convient-il de ne surtout pas proposer des solutions alternatives à des propriétaires trop naïfs, trop dociles, trop sourds ??!!? Décidément, la transition du cheval machine de guerre ou agricole au cheval compagnon de « loisir pas à culpabiliser mais quand on dit aimer son cheval .... Lire la suite sur equi-libre.fr