07/12/2024
🐾 POURQUOI BEAUCOUP DE RELATIONS HUMAIN/CHIEN DYSFONCTIONNENT 🐾
Aujourd’hui, il y a des chiens partout. L’accès au chien est facile, et n’importe qui peut acquérir en quelques heures un Malinois, un Saint-Bernard ou un Dogue des Canaries, sans aucune connaissance de la psychologie du chien. Beaucoup d’acheteurs optent pour une race parce qu’ils souhaitent que leur compagnon corresponde à l’image qu’ils veulent donner d’eux-mêmes : un Husky ou un chien-loup pour se donner un côté sauvage, un Malinois ou un Amstaff pour l’aspect viril, un Berger Australien pour compléter un joli tableau familial tout droit sorti d’une série américaine. Bien sûr, tout le monde n’est pas comme ça ! Mais les chiens sont souvent (oui, souvent) choisis pour de mauvaises raisons, par des propriétaires trop peu informés, qui déchantent très vite une fois Toutou arrivé à la maison. Les refuges sont saturés, et les éducateurs(trices) rencontrent régulièrement des demandes de prises en charge « de la dernière chance ».
Voici une petite liste des raisons qui font que beaucoup de binômes humain/chien fonctionnent mal. Cette liste n’est pas exhaustive.
👉 Il y a eu une erreur de casting dès le départ :
C’est une cause de dysfonctionnement très courante dans le binôme humain/chien. Beaucoup de personnes achètent un chien sans se renseigner sur sa race, ou parce qu’elles pensent qu’elles arriveront à contrer ses instincts par de l’éducation, ou encore, parce que « celui de leur voisin n’est pas comme ça ». De nombreuses familles optent pour des bergers parce qu’ils sont vifs d’esprit et apprennent vite, mais elles oublient qu’une intelligence vive va souvent de pair avec une sensibilité exacerbée et un besoin de « faire » particulièrement développé. Le chien est insuffisamment stimulé, il accumule de l’énergie non dépensée, il est surexcité en promenade et devient réactif. La quasi-totalité des cas de réactivité rencontrés quand on est éducateur canin concerne des chiens issus de races du groupe 1, celle des chiens de berger. Bien choisir la race de son chien dès le départ, en fonction de la vie que l’on pourra lui offrir, ou adopter un chien en refuge après avoir pris le temps de faire sa connaissance, permet d’éviter les erreurs de casting qui souvent, mènent à l’abandon ou à l’euthanasie.
👉 L’éducation est incohérente :
Par exemple, le chien se fait gronder quand il aboie dans le jardin, mais si quelqu’un de louche traîne dans la rue, on l’envoie donner de la voix. Ou alors, le chien a le droit de sauter pour dire bonjour, mais se fait disputer quand il le fait avec des pattes sales. L’incohérence dans l’éducation cause de l’anxiété chez le chien, qui ne peut pas savoir si un même comportement va être renforcé ou puni, et crée de la méfiance envers le gardien qui perd sa crédibilité aux yeux de l’animal.
👉 L’éducation est trop stricte :
Le chien ne vit pas en suivant les règles d’une hiérarchie stricte et linéaire. Il ne fonctionne pas ainsi avec ses congénères, et par conséquent, avec les humains non plus. Le chien a besoin d’un guide, pas d’un chef. Il s’agit d’un animal qui collabore aisément si on lui offre suffisamment de liberté et de possibilité de combler les besoins inhérents à son espèce, et qu’on fait preuve de compréhension dans son éducation. Un chien avec lequel on est trop strict, auquel on ne permet aucune liberté d’action ni prise d’initiative, pourra développer des comportements stéréotypés liés à l’anxiété, des réactions éventuellement agressives, ou de l’inhibition (ce qui, à mes yeux, est pire que tout mais convient à beaucoup car donnant l’impression d’une « bonne éducation »). Un chien « éteint » n’est pas un chien bien éduqué : c’est un chien mal dans ses pattes, qui a renoncé à l’action. À l’inverse, certains chiens manquent de repères et de cohérence au quotidien : c’est le cas des chiens dont les gardiens n’ont pas compris les principes de l’éducation positive et à qui l’on évite toute source de frustration. Les humains n’offrent pas au chien un contexte de vie structurant. Cette situation est également anxiogène pour l’animal.
👉 Les besoins ne sont pas comblés :
C’est la raison numéro 1 des problèmes de comportement présentés par les chiens. Prenez quasiment n’importe quel chien dont le propriétaire se plaint du comportement, doublez son activité physique et mentale, et vous verrez de manière quasi magique la plupart de ses soucis disparaître. Garanti.
👉 Le chien n’est pas compris :
Quand je suis partie vivre en Angleterre il y a quelques années, je me suis retrouvée dans un nouveau pays, avec des coutumes qui n’étaient pas les miennes, dans une famille que je ne connaissais pas. Il m’a fallu du temps pour m’adapter, et apprécier pleinement ma vie là bas. Tout le monde a été très gentil avec moi, et a veillé à ce que je m’intègre bien, et c’est grâce à la bienveillance des personnes que j’ai rencontrées que j’ai pu m’intégrer. Maintenant, imaginez si l’on m’avait disputée chaque fois que j’avais fait une erreur de grammaire, ou qu’on m’avait donné une tape sur la tête chaque fois que j’avais mal compris une phrase. Imaginez si l’on avait attendu de moi que je comprenne tout, tout de suite, que je sache d’instinct ce qui se faisait et ne se faisait pas en Angleterre, que l’on n’avait pas fait l’effort de me parler plus lentement de temps en temps, et qu’on m’avait grondée à la moindre erreur : il y a fort à parier que je n’aurais pas autant apprécié ma vie là bas, ou que je ne me serais intégrée qu’au prix d’une bonne dose de stress. C’est ce que vivent beaucoup de nos chiens au quotidien : c’est même pire pour eux, car ils doivent s’intégrer à une famille qui n’est pas de la même espèce que la leur. Souvent, on attend d’eux dès leur arrivée qu’ils sachent ce qui se fait et ne se fait pas, et on les dispute s’ils ne respectent pas des règles qu’on ne prend même pas la peine de leur enseigner. On ne cherche pas à les comprendre, et pourtant on voudrait qu’ils nous comprennent, nous, instantanément. On se fâche, on perd patience, on les gronde, mais eux n’ont pas le droit d’exprimer le moindre malaise en grognant ou en se soustrayant à une situation qui les met en difficulté.
Bien entendu, un dysfonctionnement dans un binôme humain/chien est souvent multifactoriel, et plusieurs des causes sus-citées peuvent se cumuler. N’attendez pas si vous sentez que la relation avec votre chien ne fonctionne pas bien : contactez un éducateur(trice) en méthodes bienveillantes de votre secteur. Parfois, une ou deux séances peuvent suffire à mettre le doigt sur un problème qui ne nous serait jamais venu à l’esprit sans regard extérieur, et à éviter le pire pour le chien comme pour son humain.
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Elsa Weiss / Cynopolis
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