06/12/2024
Un bébé autiste ?
On est autiste depuis notre naissance. On nait autiste. Tous les autistes ont donc été des bébés autistes. Mais de quoi a l'air un bébé autiste ?
C'est déjà très compliqué d'expliquer de quoi a l'air un autiste en général, donc un bébé autiste, encore plus.
Comme aucun de nous ne se souvient de ce âge lointain, difficile de restituer de quoi nous pensions avoir l'air.
Ado, j'étais chiante et maladroite. Enfant, j'étais un moulin à parole en mouvement perpétuel. Mais bébé... aucune idée.
J'ai eu la chance d'avoir un enfant, puis deux. Je ne savais pas que j'étais autiste à l'époque. Devenir mère fut pour moi une nouvelle naissance. Quand j'étais seule avec ce petit être si fragile, je m'imaginais être à sa place. Je m'imaginais être lui, être elle. Est-ce que la texture de mes habits serait confortable ? Est-ce qu'une étiquette ne viendrait pas me gratter derrière la nuque ? Est-ce que je n'aurais pas mal aux yeux à cause de la lumière ? Mal au ventre aussi, quand je devrais sentir pour la première fois mon système digestif s'activer ?
Mes deux bébés furent très différents l'un de l'autre. Donc comment vous dire à quoi ressemble un bébé autiste ? Je n'arrive même pas à généraliser avec les deux miens. Et puis, comment savoir si les critères qu'on relève sont caractéristiques de l'autisme chez les bébés ou si c'est fréquent chez la plupart des bébés ? Je ne suis pas spécialiste de la question. Je vous partage donc ici mon expérience de maman autiste de deux enfants autistes, entre leur naissance et leurs 18 mois environ.
- Soit ils pleuraient tout le temps (0-3), soit ils ne pleuraient jamais (6-12 mois).
- Soit ils hurlaient dès qu'on les posait (0-3 mois), soit ils restaient des heures réveillés et calmes (3-6 mois), à regarder le décor autour d'eux sans bouger et sans un bruit.
- Ils avaient tendance à fixer le regard très longtemps, surtout quand ils étaient nourrissons.
- Ils ne tournaient pas la tête quand on appelait leur nom.
- Ils n'aimaient pas du tout lorsqu'on allait séjourner en dehors de chez nous. C'était en particulier très difficile de les faire manger et dormir pendant au moins 3 jours.
- Mon premier bébé a refusé de manger autre chose que des produits laitiers à partir d'environ 1 an malgré toutes les tentatives pour y remédier (petits pots du commerce, toutes les marques possibles, petits pots maison, manger la même chose que les adultes, etc.). On m'avait dit de ne pas m'inquiéter. Qu'elle ne se laisserait pas mourir de faim. J'aurais bien voulu y croire. Mais elle a perdu du poids entre ses 12 et 18 mois. C'est à partir de là que j'ai commencé à soupçonner quelque chose qui ne relevait pas de mon incompétence parentale. Je savais bien qu'elle se laisserait effectivement mourir de faim si je ne faisais pas quelque chose pour l'aider.
- L'un de mes bébés semblait avoir un peu de re**rd dans le développement de certaines compétences motrices. A l'âge où le bambin empile trois cubes, la mienne ne l'avait jamais fait. Elle les alignait au lieu de les empiler. Mais je ne m'inquiétait pas trop de ce que je lisais dans les livres de conseil en parentalité.
- Ils étaient tous les deux extrêmement sensibles au bruit. Volume sonore trop intense ou bruit soudain entraînaient des crises de larmes. Un bruissement les réveillait.
J'arrête là liste ici pour aujourd'hui. Elle est évidemment non-exhaustive.
Les CRA (Centre Ressource Autisme) posent des diagnostics à partir de 18 mois. Les signes que l'on décèle avant ne peuvent être analysés qu'à posteriori. Rien ne sert de vous inquiéter à savoir si votre bébé est autiste. Qu'il le soit ou non, vous n'y pouvez rien changer. Si vraiment vous êtes inquiète quand même, traiter votre bébé comme s'il était autiste. Au pire, ça ne le rendra pas autiste et ça ne le traumatisera pas s'il ne l'est pas. En revanche, la réciproque est fausse. Si vous le traiter à tout prix comme un bébé non-autiste alors qu'il l'est, ça risque de lui causer des souffrances inutiles.
Belle journée à toustes ☀️
