
22/02/2025
A lire attentivement ...
Aujourd'hui je décide de repartager ce post sur j'avais rédigé l'année dernière suite au scandale de C. Dujardin.
Parce que les maltraitances banalisées font partie du quotidien des chevaux et que l'avenir de l'équitation est plus que jamais en péril.
Avec l’augmentation des scandales concernant l’équitation, difficile de ne pas se questionner sur l’avenir du cheval, du sport, du haut niveau. Difficile de garder le cap quand on est professionnel du cheval à l’heure actuelle. Encore plus quand on est dans le dressage.
Ce que je trouve dommage et dangereux, c’est la véritable chasse aux sorcières qui commence à s’installer dans le milieu.
On est pourtant dans une époque où on parle beaucoup du harcèlement, qu’il soit scolaire, moral ou sexuel. Une prise de conscience à double vitesse quand on voit ce qu’il se passe actuellement dans le monde de l’équitation.
Dénoncer les actes maltraitants, oui. S’acharner sur le haut niveau, sur une discipline, sur les professionnels, sur une poignée de cavaliers, non.
On parle énormément d’hyperflexion, de maltraitance à coup de cravaches, mais quid des maltraitances banalisées du quotidien ?
Des cavaliers maltraitants avec leurs chevaux, j’en vois régulièrement.
- C’est ce cheval qui souffre quotidiennement et qui aurait besoin d’une mésothérapie, mais qui ne l’aura jamais parce qu’il voit le shiatsu tous les mois et « au moins c’est naturel ».
- C’est ce cheval qui se fait tirer sur la tronche avec un licol en corde mais il est monté sans mors, sa bouche est préservée, tout va bien.
- C’est ce cheval rétif qui a sans doute mal, qui ne verra jamais le véto mais qui en est à sa 4e consultation ostéo et sa 3e communication animale.
- C’est ce cheval avec un cavalier en obésité qui se tape le cul tous les jours, mais la selle a été vue par un saddle fitter alors c’est ok.
- C’est ce cheval qui se fait embarquer dans le van à coups de balai tous les dimanches, mais on va pas payer un pro pour l’éduquer, il a toujours été comme ça, il est juste « con ».
- C'est ce cheval défoncé boiteux qui aurait besoin d'une paire de fers, mais on va le garder pieds nus à tout prix parce que "dans la nature les chevaux n'ont pas de chaussures".
Je suis convaincue d’une chose : on a tous et toutes été maltraitants à un moment ou à un autre avec les chevaux, de manière consciente ou non.
Si vous êtes convaincus que ça ne vous est jamais arrivé :
1) Vous n’avez pas passé assez de temps autour des chevaux.
2) Vous n’êtes pas 100 % objectif avec vous-même.
A chacun de faire son examen de conscience, j’ai fait le mien. Il y a des choses que je regrette, des choses qu’avec le recul j’aurais faites différemment, des façons de faire que je trouvais normales il y a quelques années et sur lesquelles je suis revenue.
La bonne nouvelle dans tout ça, c’est que l’humain est fait pour évoluer. On peut tous se remettre en question et changer nos pratiques.
Ce qui certain, c’est qu’il ne fait pas bon d’être professionnel du cheval en 2025. J’aime mon métier et les chevaux, sincèrement, du plus profond de mon cœur, je n'ai absolument pas l'intention d'arrêter demain, mais forcément à un moment la question traverse l'esprit.
Comment travailler sereinement quand on sait qu’à la moindre vidéo de 10sec sortie de son contexte, le moindre arrêt sur image, on peut finir en lynchage sur la place publique ?
Vous êtes plusieurs à avoir remarqué que je postais peu de vidéos de mes chevaux au travail sous la selle. Pourtant des vidéos j'en ai à la pelle.
Sauf que c'est souvent imparfait.
Parce que ça prend du temps de corriger une attitude, un fonctionnement, un contact.
Alors poster sur les réseaux, pour me retrouver avec la police de l’hyperflexion au cul et affichée par des collectifs extrémistes, non merci.
J’ai la flemme de devoir débattre avec Jacqueline, qui n’a pas été foutue de faire galoper un cheval depuis 15 ans, ou avec Marie-Constance, 17 ans et 4 ans d’expérience en club, qui ne m’ont jamais vue travailler au quotidien et qui n’ont aucune idée du tenant et des aboutissants du travail mis en place. (désolée si y a des Jacqueline et Marie-Constance parmi vous, promis c’est rien de personnel).
Bref, elle est là la vérité quand on est professionnel du cheval en 2025.
J’ai choisi de consacrer ma vie aux chevaux, et aujourd’hui je suis usée, fatiguée, exténuée, j’ai peur pour mon sport et mon métier, j’ai peur pour l’avenir des chevaux.
Alors prenez soin d’eux, prenez soin de vous, prenez soin de ceux qui vous entourent.
Continuez d'aimer les chevaux.