04/01/2023
Parce qu'un chiot n'est pas une peluche !! .. Il fait p**i et c**a !!
+++ L’APPRENTISSAGE DE LA PROPRETÉ +++
Avant de commencer, il me semble important de rappeler qu’il est assez paradoxal de punir un chiot malpropre, pour ensuite mettre un point d’honneur à lui offrir une éducation basée sur le respect et la compréhension mutuels. Espérer d’un chiot qu’il soit propre (pour battre un record de propreté ou pour être tranquille avec cette étape normale de la vie), revient à punir un tout-petit enfant qui ne demanderait pas spontanément à aller sur le pot. Les deux sont en cours d'apprentissage. Travaillons sur notre patience.
Il existe des lois physiologiques qui s’imposent à nous et au bébé chien. En moyenne, mémorisons qu’un chiot est capable de se retenir une demi-heure par mois d’âge le jour, et deux heures environ par mois d’âge la nuit. Un chiot fait souvent ses besoins après avoir mangé, dormi, joué.
Il existe aussi une incompréhension qui, lorsqu’elle disparaît, permet d'y voir plus clair. Sachez que pour un chiot, être propre c’est : « Je ne fais pas mes besoins là où je dors et mange ». C’est un peu la vision canine de la propreté. Notre vision humaine, le chiot ne peut pas la connaître. Il faut la lui apprendre. Cela nous revient en tant que famille d'adoption... Et pour lui, ce n’est pas évident parce que cette vision humaine, n’est pas éthologique. Forcément.
Je vous propose ici la méthode que je conseille à mes clients. Il en existe sûrement d’autres. Mais de manière générale, tout ce qui consiste à accélérer le mouvement, à stresser le chiot ou à le punir d’avoir fait p**i ou c**a dans la maison, est interdit. Privilégiez la vie de plein air (quand c'est possible) car elle favorisera la propreté. Un chiot qui passe du temps sur de l’herbe, de la terre, à jouer dehors, fait naturellement ses besoins en dehors du foyer. Il apprend donc naturellement à ne pas faire ses besoins dans la maison. En fait, c’est très simple.
À l’exception de cela, voici quelques conseils :
- Sortez votre chiot dès le lever, en laisse et sans le distraire (pour éviter qu’il ne se détourne de ses besoins naturels). Si vous le déconcentrez ou si l’environnement le stimule trop, il ne se rendra pas compte qu’il a envie de faire p**i. Il fera au retour dans la maison, en milieu hypo-stimulant. Rendez-vous toujours au même endroit afin de lui apprendre où sont ses « toilettes » (loin de votre potager par exemple). Attendez qu’il urine. Quand il a uriné, donnez-lui une friandise et félicitez-le. Rentrez avec lui calmement. Plus t**d, ressortez avec lui pour jouer. Le but de cette séparation est de l'aider à distinguer les deux types de sorties : une sortie p**i (en laisse, sans distraction) et une sortie jeu (sans laisse, avec jeu, olfaction, distractions, liberté totale d'agir, interagir, etc.).
- Après chacun de ses repas, sortez votre chiot dans les mêmes conditions que précédemment expliqué. Évidemment, en dehors de ces temps-là, le chiot est libre de jouer, sortir, etc...
- Levez-vous au moins une fois la nuit (en fonction de la loi de rétention chez le chiot) pour le faire sortir dans les mêmes conditions. Et c’est là qu’en général les gens me disent : « On ne va quand même pas se lever la nuit pour faire uriner notre chien?! ». Alors, je réponds qu’ils font comme ils veulent, mais qu’ils devront accepter, tolérer, comprendre, qu’un chiot ne peut pas se retenir toute une nuit sans faire p**i ou c**a. C’est physiologique. Ils devront donc nettoyer au petit matin, sans le disputer ni lui en vouloir, et cela me semble logique. On ne peut pas vouloir le beurre et l’argent du beurre 😉
- Dans la journée, sortez votre chiot régulièrement dans les mêmes conditions. N’attendez pas qu’il réclame car sa capacité de rétention étant basse, il risque de faire sur place avant que vous ayez eu le temps d’ouvrir la porte. Anticipez comme vous le faisiez avec votre petit d’homme. Quand il jouait, vous lui proposiez régulièrement d’aller aux toilettes. Car quand il criait « Papa, Maman, p**i! », souvent, il était déjà trop t**d ».
- Le soir, avant d’aller vous coucher, sortez avec votre chiot à nouveau, et toujours dans les mêmes conditions. Le matin, sortez-le tôt, vers 5h ou 6h.
En fonction de l'âge du chiot et de la méthode de nourrissage choisie, des précisions pourraient être apportées. Or, il n'est pas possible de le faire sans lancer un débat sur les croquettes (déshydratées) et le régime cru (naturellement hydraté). C'est une discussion hors-sujet ici. Votre coach en éducation vous répondra au cas par cas.
Si le chiot se soulage dans le foyer et est pris sur le fait, ne criez pas… Vous puniriez le lieu précis et peut-être le moment, mais en aucun cas le soulagement. Le chien ne peut absolument pas saisir que vous punissez l’acte naturel de faire ses besoins. Voilà pourquoi certains chiens se soulagent dans des endroits cachés, mais toujours dans la maison... Si vous voyez votre chiot commencez à faire p**i chez vous, soulevez-le doucement de terre (en général, ça coupe l’action de faire p**i), et conduisez-le gentiment à l’endroit du jardin où vous le conduisez d’habitude. Restez avec lui, laissez-le finir et récompensez-le.
Si votre chiot s’est soulagé chez vous en votre absence (par exemple parce que vous partez travailler sans possibilité de revenir régulièrement), nettoyez hors de sa vue et passez à autre chose. C’est encore un bébé, sa malpropreté est normale, tout comme votre obligation de vous absenter. Cette situation peu idéale rendra l'apprentissage plus long. Il vous faut juste le savoir et l'accepter. Pourquoi "hors de sa vue" ? Parce que la position accroupie pourrait être mal comprise par lui. Il pourrait penser que vous voulez jouer avec lui par exemple...
Quelques conseils plus pratique… car beaucoup de familles font les mêmes erreurs :
> Retirez momentanément vos tapis, surtout le tapis d’Orient coûteux, souvenir de votre voyage de noces 😉 Vous les remettrez tous en place quand votre chien sera devenu propre. C’est en priorité sur les tapis que votre chiot se soulagera. C’est normal, le chiot aime faire ses besoins sur un lieu sec, propre, doux… Une fois l’odeur de son urine imprégnée dans les fibres, sa mémoire olfactive le poussera à y retourner. Cet endroit pourrait bien devenir ses toilettes. Anticipez.
> N’écoutez aucun conseil consistant à user de journaux, serpillères ou tout autre substrat fort agréable pour le chiot à l’intérieur de la maison. Vous lui apprendrez inexorablement que c’est là qu’il a le droit de se soulager. C’est un jeu sans fin et vous vous en mordrez les doigts. Je me rappelle ici de cette cliente qui ne pouvait plus rien étaler par terre. Son tapis de yoga en a fait les frais.
> Ne tombez jamais dans l’extrémité de la cage fermée la nuit et encore moins le jour… Le chiot sait qu’il n’a pas le droit de faire p**i là où il dort. Si vous l’enfermez dans une cage (et donc, là où il dort), il ne peut donc pas se soulager. Or, faire p**i la nuit quand on est un bébé est un besoin essentiel. Vous l’empêchez donc d’une manière très discutable d’accéder au bien-être en mettant en contradiction sa propre éthologie et ses besoins personnels… Ne faites pas ça... ;-)
> Enfin, si le temps le permet, développez le plus possible la vie en extérieur. Pour un chien, faire ses besoins dehors est tout ce qu’il y a de plus naturel. Maintenant, si le chiot passe le plus clair de son temps enfermé dans la maison, il est évident que ses conduites naturelles sont empêchées par des conditions de vie humaines contradictoires. Il est bon d’en avoir conscience et de se montrer indulgent. De mon expérience, chacun de mes bergers allemands était quasiment propre en arrivant chez moi. Pourquoi ? Vie en extérieur chez l’éleveur, vie de plein air favorisée chez moi, et aussi, adoption vers 11 semaines… Résultat : un chiot qui fait naturellement ses besoins dehors et qui demande très souvent à sortir. Mais aujourd’hui, on veut le chiot à 8 semaines pour qu’il soit tout-petit plus longtemps, on veut le garder dans la maison tout le temps et on veut qu’il soit propre rapidement. On veut. On veut. On veut. Mais lui, le peut-il ? 😉
Audrey Ventura
Cynoconsult
Le livre « Le chien, cet animal qui nous échappe », d’Audrey Ventura est disponible ici : https://bit.ly/3t0W9ED