23/03/2023
Cavaliers, Faites-vous confiance !
Régulièrement, je rencontre des propriétaires de chevaux avec un nombre incalculable de questions. Evidemment, il faut poser les questions, et aucune n’est ridicule, bien au contraire ! Je prends d’ailleurs toujours le temps de répondre, en argumentant avec mon expérience et mes connaissances. Et certaines fois, je n’ai pas non plus de réponse ! J’apprends tous les jours. Cependant, derrière toutes ces interrogations posées par les propriétaires de chevaux, je ressens de profondes inquiétudes : peur de mal réagir face à son cheval, de mal faire, ne pas être suffisamment clair dans une demande, de ne pas interpréter un comportement correctement, de ne pas répondre à ses besoins, … mais aussi peur de ne pas être compris, d’aller trop vite dans le travail, par exemple. Certains se retrouvent dans des situations où ils n’osent plus rien demander, par crainte “d’embêter” leur compagnon.
Je souhaiterais réagir à toutes ces inquiétudes en vous disant “Ce n’est pas grave, faites des erreurs, votre cheval n'attend que ça !”.
Non, un cheval ne vous en voudra pas si vous ne lui avez pas donné un bonbon aujourd’hui, ou si vous n’êtes pas allé le voir. Pour la simple et bonne raison que la rancune n’est pas une émotion ni un comportement de cheval. Si vous le faites travailler et que ça ne se passe pas comme vous l’aviez espéré, il ne vous en tiendra pas rigueur non plus.
Ce qui fait évoluer les relations chevaux/cavaliers se sont justement le fait d’avoir des relations, des interactions. Alors il est nécessaire d'essayer sans cesse de nouvelles choses quitte à faire des erreurs. J’appellerais plutôt ces “erreurs” des “situations qui ne fonctionnent pas comme prévu initialement”. Elles permettent au couple de trouver les limites de chacun et d’établir les règles de la communication.
Essayez d’écouter vos envies, et surtout faites comme vous le sentez ! Il n’y a pas de règle !
Voici une petite anecdote qui a bouleversé mon équitation (et la relation avec ma jument) et qui nourrit ma réflexion.
J’ai eu ma première jument à l’âge de 14 ans. Cavalière déjà passionnée, je ne loupais jamais ma leçon d’équitation du samedi mais n'avais aucune expérience sur le fait d’avoir un cheval à la maison, sans encadrement professionnel.
Dancer et moi apprenons à nous connaître, je passe un temps infini avec elle et un lien commence à se tisser. Nous sommes toutes les deux très jeunes ( 4 ans pour elle) et son dressage est très vert. J’avais à peine le temps de la ressangler qu’elle partait au trot…. j'étais obligée de courir à côté d’elle et de sauter dessus pour pouvoir monter sur son dos ! Bien qu’il n’y avait aucune méchanceté dans son comportement, ce n’était franchement pas facile et cela témoignait certainement d’un manque d’éducation et d’une fuite du cavalier. Une fois en selle, la direction était très approximative, et ne parlons pas du frein… ma jument était toujours à fond (ou plutôt dans la fuite). J’ai essayé avec ma petite expérience de régler ce soucis par divers exercices… avec très peu de résultats. J’avais observé que ma jument était particulièrement sensible de la bouche, elle supportait très mal le contact. J'essayais d‘être la plus douce possible dans mes mains (malgré un cheval qui va très vite), mais sans grand succès. Ici, le manque d'expérience et d’encadrement pro se fait clairement ressentir. Je me cassais la tête à réfléchir, comment résoudre ces soucis.
Un jour, en rentrant de l’école, comme à mon habitude je me précipite dans le pré pour aller saluer ma jument. Il fait beau, je suis seule avec elle, nous sommes bien. Il me prend l’envie d’aller me promener à pied avec elle. A l’entrée du pré, il y avait une longe, mais pas de licol. Tant p*s, la longe autour du cou suffira bien pour la petite balade ! Nous marchons, je lui raconte ma journée, la laisse brouter sur le bord du chemin. Et un sentiment spécial m'envahit, je sens quelque chose de particulier dans ce moment pourtant si simple que nous partageons. J’ai très envie de monter sur Dancer à cru. Sans me poser de question, je saute dessus, et nous continuons notre bout de chemin dans la même sérénité. Je n’avais alors que la longe autour de son cou pour la diriger (nous n’en étions pas du tout à la direction avec les jambes ou au poids du corps à cette époque, ni pour elle, ni pour moi). Il n’y avait pas beaucoup de difficultés car il fallait seulement suivre le chemin, mais ce jour-là, je le sentais, j’ai demandé à ma jument de trotter, puis de galoper. Quelle sensation de liberté ! Je n’ai eu aucun mal à la faire repasser à l’allure inférieure, je me suis redressée et ai exercé une petite pression sur la longe et ma jument a ralenti. Nous sommes rentrées et j’étais la plus heureuse des cavalières.
Cette petite balade fut une révélation car elle m’a amenée à me poser pleins de questions, mais m’a surtout apporté des réponses. J’ai recommencé plusieurs fois l’expérience, pour comprendre comment Dancer fonctionnait. Au final, je me suis rendue compte que ma selle avait l’arçon cassé, et qu’il lui faisait mal ! Son comportement de fuite était alors dû à un inconfort matériel, plus qu’à un manque d’éducation !
Suite à cette expérience, j’ai été très attirée par le travail en liberté (à pied et monté). J’ai énormément monté ma jument sans harnachement, et grâce à cela, j’ai appris à mieux la connaître et à ressentir des sensations très précises, nécessaires à la communication avec ma jument si sensible.
Cette histoire est une expérience personnelle, guidée par mon ressenti de petite fille, mais qui à signé le début d’une chouette relation avec Dancer. J’ai bien conscience qu’il manque une partie sur la sécurité… ce n'était pas prudent et je faisais exprès de faire mes expériences avant que mes parents ne rentrent du travail, ce n’est pas un exemple mais c’est le début de notre histoire.