21/10/2024
Humeur du soir ...
Etre véto c’est quoi ?
Etre véto, c’est tenter de tout faire, pour soigner vos compagnons, en fonction de vos moyens, de vos disponibilités, de nos compétences. Etre véto, c’est rentrer à la maison le midi, le soir, en vérifiant que le téléphone pro est bien chargé, c’est s’assurer d’être toujours joignable. C’est essayer de trouver un équilibre précaire entre vie personnelle et vie professionnelle. Equilibre presque impossible à tenir, car être véto, c’est rentrer à la maison avec tous les soucis de la journée, ressasser le soir et la nuit les cas sur lesquels on a douté, avoir peur d’être passé à côté de quelque chose, d’avoir fait une erreur qui pourrait avoir des conséquences graves, c’est se réveiller la nuit parce qu’on a oublié de répondre à un mail, de rappeler un propriétaire, ou tout simplement parce que le cas d’un animal nous tracasse, pour lequel on se fait du soucis et qui nous empêche de dormir.
Etre véto, c’est appréhender le coup de fil que vous nous passez pour donner des nouvelles, avec toujours cette peur que ça n’aille pas mieux.
Etre véto, c’est aussi des moments de stress, en chirurgie quand tout ne se passe pas comme prévu, même sur des chirurgies classiques. C’est être responsable de la vie et de la mort de votre compagnon, c’est aussi décider de les accompagner dans leurs derniers instants, avec vous. C’est absorber votre peine et votre douleur, tout en essayant de ne pas trop être impacté. C’est retenir ses larmes quand vous dites au revoir à votre compagnon, et prendre quelques instants pour pleurer avec lui quand vous êtes partis.
C’est ronger son frein quand vous appelez le samedi à 11h30 alors que votre animal ne mange plus depuis 10 jours, ou quand votre animal nous agresse alors que vous ne nous avez pas prévenu que c’est dans ses habitudes. C’est faire une croix sur un diner entre amis, une sortie, un moment de détente, parce qu’une urgence se présente au cabinet, plus ou moins prévisible.
C’est gérer les urgences dans un planning surchargé, tout en étant réveillé à 3h du matin parce que votre animal a des puces, alors que le sommeil est si précieux. C’est travailler 48h d’affilée lors des week end de garde, c’est essayer d’être toujours là, frais et dispo quelle que soit l'heure quand vous avez besoin de nous.
C’est aussi gérer notre entreprise en parallèle, faire les déclarations de TVA, d’URSSAF, d’impôts, sur les heures non travaillées, faire le ménage, les commandes.
Etre véto, c’est aussi avoir le coeur qui se serre de bonheur quand l’un de vos compagnons nous fait la fête en arrivant, quand l’un des cas difficiles que nous soignons s’en sort, quand on décroche une belle victoire après avoir tout donné.
C’est avoir le coeur blessé de vos reproches quand on a tout tenté mais que nous ne sommes pas plus fort que la mort, quand le re**rd n’est pas toléré, quand vous trouvez que les prix sont trop élevés alors qu’ils sont 10 fois moins élevés que ceux de la médecine humaine mais que la sécurité sociale vient vous soutenir.
C’est avoir cette étiquette de faire son métier pour l’argent, sur le dos des clients, alors que la plupart d’entre nous faisons tout ce qu’ils peuvent pour essayer d’alléger les frais. C’est être démuni face aux augmentations de tarifs de médicaments ou du matériel chaque mois, que nous sommes obligés de répercuter au risque de perdre de l’argent chaque jour un peu plus.
Etre vétérinaire, c’est être à vos côtés, chaque jour, pour essayer de faire au mieux, tout en restant humble face à la vie, chaque jour. Parce qu’on ne peut pas toujours gagner. Les vétérinaires sont fatigués, aimez votre vétérinaire, remerciez le quand tout se passe bien, assurez le de votre soutien quand tout ne se passe pas comme prévu. Parce qu’il aura certainement fait tout ce qu’il a pu pour vous aider, et surtout pour aider votre compagnon, et qu’il aura perdu quelques heures de sommeil à se faire du soucis. N'oubliez pas qu'il y a aussi un humain sous le stéthoscope, avec ses failles et ses qualités.
Prenez soin de votre vétérinaire, ils sont une espèce en voie de disparition. Le taux de su***de dans la profession vétérinaire est 2 fois supérieur aux autres profession de santé. Vous êtes aussi un maillon de cette chaine, soyez bienveillants. Votre vétérinaire vous en remerciera et continuera d’être là, quelles que soient les conditions, pour essayer de vous aider au mieux.