13/12/2021
Hiérarchie, dominance : pour ou contre ?
Commençons par le commencement en définissant le terme hiérarchie et plus précisément, la notion de Hiérarchie sociale :
C’est une forme d’organisation sociale privilégiant le rôle de certains individus dans le groupe et leur assurant des avantages (alimentaires, sexuels, territoriaux).
Elle joue un rôle régulateur, dans l’équilibre d’un groupe.
Son établissement met fin aux attaques à l’intérieur de celui-ci.
Elle représente une stratégie sociale pour régler des relations de rivalité et éviter la persistance d’agressivité.
La hiérarchie est une manière d’éviter les affrontements en décidant d’avance qui a droit à quoi, avant ou après qui.
L’application de la hiérarchie se traduit comment dans les faits ?
Voici un petit exemple :
Tout comme on le fait lorsque l’on conduit, les panneaux et les marquages au sol, nous donnent les règles à suivre : il est décidé à l’avance qui passera avant ou après, qui s’arrêtera et qui continuera.
On est bien ici sur une organisation sociale privilégiant certains conducteurs en leur assurant un accès prioritaire à la route (avantage territorial).
Suis-je pour autant soumis ? Je vous laisserai répondre à cette question. Dans tous les cas, les règles de circulation sont nécessaires pour la sécurité le respect et l’harmonie sur la route.
La violence est-elle nécessaire à fin de faire respecter les règles de conduite ? Bien sûr que non : je m’arrête volontairement, de mon plein gré et sans violence au stop, au feu rouge, au céder le passage.
Le premier modèle d’organisation sociale que rencontre le petit chien est le modèle familial. Ce modèle est normalement fondé sur l’autorité de compétences: les parents sont seuls en mesure de protéger et de soigner le chiot. Ils ont une meilleure connaissance de l’environnement et disposent de meilleurs moyens. Ils ont un rôle sécuritaire, nourricier et pédagogique.
Nous allons donc faire un parallèle avec les règles de vie au sein de la famille.
Y a-t-il un rang hiérarchique ? En quelque sorte.
Au sommet de la hiérarchie, se trouvent les parents, au second plan l’ainé, qui en fonction de l’écart d’âge entre les différents enfants, peut avoir plus de privilèges que les cadets, mais peut également être amené à veiller au bon respect des règles. Et enfin nous trouvons les plus petits.
Les privilèges sont amenés à être modifiés.
Par exemple, à mesure que l’enfant grandi ou vieilli, celui-ci pourra veiller plus t**d et également regarder la télé le soir. Pour autant, s’il venait à avoir des comportements non appréciés (manque de travail à l’école, bagarre, insolence, etc.) ses privilèges pourraient lui être retirés.
Les enfants sont-ils pour autant soumis ? Je vous laisserai répondre à cette question.
Dans tous les cas les règles de vie sont nécessaires afin de garantir la sécurité, le respect, la santé, la bonne entente : l’harmonie.
Sommes-nous obligés d’utiliser la violence afin de faire respecter les règles de vie de la famille ? Bien sûr que non.
Il en est de même pour nos amis à 4 pattes qui, eux, seront au dernier rang.
Pourquoi au dernier rang ?
Nous avons vu que l’ainé a plus de privilèges que les cadets mais peut et doit également veiller à la sécurité des plus petits (plus on a de privilèges, plus on a de responsabilités) en leur demandant de respecter les règles.
Par contre, entre enfants d’âges rapprochés (à statut hiérarchique égal), il y aura chamailleries, disputes et parfois petites violences (pousser, tirer, griffer, taper mordre, etc.) : ce qui ne se produira pas avec des personnes plus âgées, donc de statut hiérarchique supérieur.
Si nous ne voulons pas que notre chien grogne ou morde nos enfants ou qui que ce soit, et quelles qu’en soient les raisons, en le positionnant à ce rang, bon nombre de mauvaises situations seront naturellement évitées, puisqu’entre statuts différents il n’y a pas de rivalité.
Il est évident que tout ceci n’est valable que si tous les individus sont respectés et si leurs besoins comblés.
Le manque de respect, de bien vaillance et la non-satisfaction des besoins mènent à la désobéissance.
Evidemment, le chien doit être respecté comme tout individu !
Pourquoi mettre des règles ? Il est vrai que c'est parfois difficile de respecter toutes les règles parce que, souvent, elles nous empêchent de faire ce que l'on veut. Mais collectivement, on y gagne!
Par sécurité.
Je ne laisse pas mon chien manger le canapé, afin d’éviter qu’en cas d’ingestion, il ne fasse une occlusion. Je demande à mon chien un stop/assis avant de traverser, pour éviter qu’il ne se fasse renverser.
J’interdis à mon chien de manger du chocolat, pour éviter qu’il ne s’empoisonne ou pire qu’il n’en meure.
Je demande à mon chien de revenir au rappel, pour éviter qu’il ne se perde.
Paradoxalement, au plus mon chien est obéissant, au plus je peux lui donner de liberté.
Pour son intégration.
Un être équilibré est un être avec des règles. Sans règles, l’individu fait ce qu’il veut même si ça entrave le bien-être des autres, et il devient désagréable.
Si votre chien passe son temps à vous sauter dessus, vous mordre ou mordiller, vous aboyer dessus, détruire tout ce qu’il trouve, les moments en compagnie de celui-ci deviennent désagréables. Nous aurons tendance à l’isoler et à ne plus partager de moments avec lui.
Voyons ensuite la dominance
La dominance caractérise une interaction sociale mettant en jeu au minimum deux individus : ce n’est pas un trait de caractère !
La dominance aboutit à un résultat : l’arrêt volontaire de part et d’autre du combat (engagé ou non) avec acceptation de la perte pour le perdant et appropriation du gain pour le gagnant.
La dominance permet donc d’avoir accès, de protéger ou de contrôler une ressource.
Un chien peut il faire preuve de dominance ? La réponse est OUI !
Est-il pour autant un dominant ? La réponse est NON !
Le chien peut parfaitement exercer une dominance sur un autre chien s’il se trouve en situation de rivalité à un instant T.
Est-ce que j’exerce de la dominance et soumet mon enfant lorsque je lui demande de ne pas sauter dans le canapé ? Si mon enfant s’exécute par crainte d’être tapé. Alors oui sûrement. Si mon enfant arrête de sauter sur le canapé (malgré le fait que ce soit hyper fun de faire du trampoline à l’intérieur) car il sait qu’en cas contraire un privilège sera retiré, et le fait de s’arrêter il en ressort gagnant. Dans ce cas, absolument pas !
Est-ce que j’exerce de la dominance sur mon chien lorsque je lui demande de s’asseoir ? Tout dépend la méthode utilisée : s’il le fait afin d’éviter un combat, alors oui.
Si il le fait en toute coopération pour obtenir un privilège, alors non !
En utilisant les bonnes méthodes d’éducation, il est tout à fait possible d’éduquer son chien sans faire preuve de violence/dominance.
Mais sans pour autant être permissif ou laxiste et inversement, faire preuve d’autoritarisme et de violence.
Toutefois, il est essentiel de ne pas confondre autorité et autoritarisme. En effet, avoir de l'autorité ne veut pas forcément dire mener ses troupes tel un dictateur, contrôlant et contraignant vos collaborateurs, ne leur laissant aucun espace de liberté, tuant au passage dans l’œuf tout germe d'autonomie ou de responsabilité. Enfin... pour certains avoir de l'autorité veut encore malheureusement dire mener son monde à la baguette et à grand renfort de haussements de ton et ou violence.
La communication est ce qui a été inventé de mieux pour éviter d’en arriver “aux mains”. Apprenons donc la leur, et faisons l’effort de nous mettre à leur écoute, de chercher à comprendre ce qu’ils “disent” sans faire de raccourci : cela nous permettra de réellement veiller à leur sécurité, le fondement de l’attachement, et de ne pas nous retrouver involontairement/inconsciemment en situation de rivalité.
Pour en revenir à la question d’origine. Hiérarchie ou dominance ? Pour ou contre ? Si, pour vous, la hiérarchie c’est dominer pour soumettre, être le chef en appliquant une suite de règles sans bénéfice, juste asseoir votre autorité et pour laquelle la violence est nécessaire pour son application, alors je suis absolument contre !
Si la hiérarchie est une organisation de règles de vies bien fondées et ayant du sens, que ces règles sont expliquées, apprises et acquises sans violence, dans le respect et pour le respect de chaque membre de la famille (dont le chien), alors je suis pour !
Pour beaucoup, hiérarchie est un mot très dur qui implique violence, abus d’autorité, soumission et j’en passe. J’aimerais vraiment utiliser un autre mot, mais aucun ne définit ce que je viens de vous décrire.
S’il n’y a pas de hiérarchie alors c’est l’anarchie, menant à un désordre résultant d'une absence ou d'une carence d'autorité.
La vérité, c’est que je suis pour des règles, un cadre, des interdictions, des sanctions (punitions douces et sans violences qui sont en réalité le retrait de privilèges), des privilèges et des devoirs : adapter, réfléchir, sans abus d’autorité et dans le respect.
Vous avez peut-être remarqué que je n’ai pas parlé de dominant, car c’est encore un autre sujet que j’aborderai une autre fois.