26/07/2024
🤔Alors hiérarchie ou pas ?
🤔Dominance ou pas ?
😝Quel est votre position après la lecture de ce texte ?👣🐾
50 NUANCES DE CHIENS
Et oui… Même dans le monde canin, les hommes ont parfois des idées de jeux assez spéciaux…
- Jeux de rôle
Certaines personnes s'adonnent parfois à des jeux… particuliers… avec leurs chiens. Ces jeux peuvent nécessiter l'usage de laisses en cuir, de cordes, de chaînes métalliques et même d'accessoires électroniques offrant divers niveaux de stimulation. Mais, au-delà de ces accessoires qui semblent tout droit sortis d’un roman, ces activités sont en fait des jeux de rôles.
En souhaitant être appelées « Maître », ces personnes se considèrent comme dominantes vis-à-vis de leur chien, qu'elles souhaitent soumettre à leur volonté et à leur désir. À chacun ses plaisirs, mais dans tout jeu et toute relation, il est crucial de s'assurer du consentement de l'autre, surtout lorsque cela implique l'utilisation de méthodes… un peu masochistes…
Nous cherchons à être la figure dominante de nos chiens ? Mais peuvent-ils nous considérer comme tels, en tant que chef ou alpha ? Un chien peut-il nous voir comme son supérieur hiérarchique ? Ou a-t-il seulement la notion même de hiérarchie ?
- La hiérarchie
Pour commencer, qu'est-ce que la hiérarchie ?
Simplement, c’est un système d’organisation sociale basé sur des rapports de subordination.
Qu’est ce que cela implique? C'est un organigramme mathématique abstrait qui positionne des individus subordonnés et subalternes les uns par rapport aux autres, en se basant sur des critères subjectifs. L'humain a inventé la hiérarchie afin de structurer ses relations sociales. Les critères choisis pour déterminer la position hiérarchique sont établis par l'humain.
Sachant que la hiérarchie est un concept inventé par l'homme, il serait irrationnel de l'appliquer aux animaux. Ce serait comme croire que les animaux ont une religion.
Mais alors, d'où viennent ces croyances de dominance, de chef de meute et de mâle alpha ? C'est en 1947 que Robert Shenkel mentionne pour la première fois le concept de hiérarchie chez les loups, en observant un mâle alpha et des comportements de dominance et de soumission. Quelques années plus t**d, David Mech poursuit les recherches sur les loups, en adhérant à la croyance de dominance et de hiérarchie. Il publie en 1970 un best-seller sur la hiérarchie et le mâle alpha chez les loups. Malheureusement, cette croyance avait déjà été tellement popularisée et séduisante pour le grand public que le mythe persiste encore de nos jours.
Il y a plusieurs critères nécessaires à la conceptualisation et l'application de la hiérarchie.
1. La conscience de soi:
Pour qu'un animal ait la notion de hiérarchie, il devrait être en mesure de se considérer lui-même comme un individu. À l'heure actuelle, les données scientifiques ne permettent pas de conclure que les chiens ont la capacité de se savoir conscients.
2. S'accorder une valeur subjective:
L'animal devrait ensuite être en mesure de se comparer aux autres individus autour de lui. Il devrait s'accorder une valeur intrinsèque, basée sur des critères subjectifs, et doit également attribuer une valeur aux autres individus, également basée sur des critères subjectifs. Un chien n'a pas la capacité d'extrapoler ces concepts abstraits.
3. Capacité d'extrapolation de schéma mathématiques:
Cette valeur devrait permettre à l'animal de schématiser un organigramme hiérarchique, en plaçant les individus subordonnés et subalternes les uns par rapport aux autres. Cette schématisation mathématique est complexe et basée sur des critères arbitraires. Les animaux n'ont pas cette capacité d'extrapolation mathématique.
4. Compréhension des notions de respect et de morale :
Pour que la hiérarchie soit effective, elle doit être respectée. C'est le fondement même de la mise en place d'une hiérarchie ; respecter les échelons de subordination et la figure d'autorité. Mais les animaux n'ont pas la notion de respect, ni de moralité. Leurs comportements envers les autres individus ne sont pas basés sur une forme de respect mutuel ou sur un rang, mais simplement en fonction des conséquences directes de leurs actions et de leurs états émotionnels.
Donc, n'ayant pas la capacité de s'attribuer ou d'attribuer aux autres une valeur intrinsèque, un animal ne peut pas positionner des individus dans un organigramme hiérarchique basé sur des valeurs qu'il ne peut pas conceptualiser, d'autant plus qu'il lui manque la capacité d'extrapolation mathématique nécessaire pour conceptualiser et appliquer une hiérarchie.
- Éthologie
En éthologie, le terme "hiérarchie" est encore utilisé, mais sa définition a été modifiée et ne correspond plus à la signification initiale de la hiérarchie, soit un organigramme positionnant des individus les uns par rapport aux autres.
L'humain étant sujet à des biais cognitifs, et ce, peu importe le niveau d'étude, il est facile de faire de l'anthropomorphisme lors de l'observation d'animaux. Lors des premières observations initiales de Shenkel et Mech, l'accès aux ressources chez les loups semblaient très ordonnée et donnait l'impression d'une structure sociale bien établie. L'humain ayant développé la hiérarchie pour structurer ses interactions sociales, et étant habitué à ce modèle d'organisation, il a été facile d'attribuer les interactions sociales des loups observés à une notion de hiérarchie. Mais les éthologues se rendent rapidement compte que ce concept ne s'applique finalement pas dans tout les cas, est très changeant, ne respecte pas bien les critères de bases de la hiérarchie, bref, est bien complexe...
Plutôt que de revenir à la base et réévaluer si la hiérarchie est bien applicable chez les animaux, sa définition et son application a été graduellement changé et adapté au besoins des éthologues, gardant cependant les traces de sa signification initiale, et toujours actuelle en dehors du contexte éthologique, soit, des rapports de subordinations.
En éthologie, la hiérarchie est désormais utilisée pour simplifier l'interprétation humaine des accès aux ressources chez les espèces animales observées. Un individu ayant accès à plus de ressources serait positionné plus haut dans la hiérarchie, et un individu ayant accès à moins de ressources, inférieur dans la hiérarchie.
Cette interprétation reste cependant strictement humaine et ne doit pas être considérée comme applicable de façon consciente chez les animaux. Entre eux, les animaux ne basent pas leurs interactions sur un modèle hiérarchique. L'accès aux ressources est établi en fonction de la capacité de l'animal à accéder à ces ressources, de sa motivation, de ses apprentissages et de son tempérament. En aucun cas, l'utilisation de capacités cognitives nécessitant de comprendre des concepts abstraits et mathématiques n'est requise pour structurer leurs interactions sociales.
- La dominance
Le chercheur même qui a popularisé le concept de hiérarchie, de dominance et de mâle alpha chez le loup s'est rétracté; attribuant désormais le titre “Alpha” non pas à un rang de subordination, mais simplement au couple reproducteur. Se présenter comme étant le mâle alpha dominant auprès de notre chien, reviendrait à dire que nous cherchons à nous reproduire avec ce dernier…
Mais pourquoi, alors, lorsque nous tentons de « dominer » notre chien, se soumet-il à nous ? Et pourquoi notre chien domine-t-il d'autres chiens ? Cela doit bien exister, si ça fonctionne et qu'on en est témoins.
Nous avons longtemps appris que nous devions dominer notre chien, lui montrer que nous sommes le chef et qu'il doit nous obéir. Marcher au pied, manger après nous, ne pas monter sur le divan, ne pas sortir par la porte en premier, ne pas grogner, etc., parce que, bien sûr, un chien qui reconnaît son «maître» supérieur fait ces choses en signe de soumission à son autorité hiérarchique...
Le problème est que toutes ces situations sont des critères choisis par l'homme sans but précis autre que de se donner une illusion de supériorité face au chien. Le chien n'a aucune notion de hiérarchie, même naturellement ; comment donc pourrait-il en avoir une envers nous, surtout pour des critères choisis de façon arbitraire, qui, en réalité, ne font aucun sens?
Le chien ne se considère ni supérieur, ni inférieur, ni même égal à nous ; en fait, il ne se considère tout simplement pas par rapport à nous d'un point de vue hiérarchique. Il est tout simplement en relation avec nous.
Et oui, même entre chiens, il n'y a pas de dominance. Mais pourquoi alors, si la dominance n'existe pas, voyons nous que notre chien est dominant avec les autres, et que ces derniers savent clairement qu'ils doivent se soumettre face à mon chien ?
Voici une situation hypothétique entre deux chiens pour expliquer simplement comment fonctionnent les interactions sociales.
Dingo est en train de mâcher un bon gros os qu'il adore, mais Pluto voit l'os que Dingo mâche et a alors envie d'y avoir accès. Pluto avance vers Dingo en grognant, en bombant le torse, les oreilles dressées, la salive coulant sur le sol, il fixe Dingo droit dans les yeux en s’approchant et en se positionnant au-dessus de lui. Dingo, voulant garder son os, se positionne donc au-dessus de celui-ci en commençant à grogner, mais Pluto est intimidant, et Dingo en a peur. Dingo se recroqueville lentement, détourne la tête face à Pluto tout en gardant un léger contact visuel du coin de l'œil. Après quelques secondes d'insistance, Dingo, trop effrayé et ne voulant pas risquer une altercation avec Pluto, qui semble trop imposant, se retire donc lentement, laissant Pluto accéder à l’os qu’il convoitait. Quelques jours plus t**d, Dingo mâche encore un os, et Pluto arrive dans la même pièce ; Dingo se lève, laisse l’os au sol et s’éloigne avant même que Pluto ne montre un quelconque intérêt pour l’os.
On pourrait facilement penser que, dans cette situation, Pluto est le dominant, le mâle alpha, le supérieur hiérarchique, le chef de meute, et que Dingo est le soumis. Pluto aurait supposément montré sa supériorité à Dingo, et Dingo aurait respecté cette supériorité. Mais, si l'on analyse la situation de façon plus rationnelle et sans anthropomorphisme, on peut conclure que Pluto voulait simplement avoir accès à cet os et que la meilleure façon d'y parvenir était de faire peur à Dingo en utilisant son corps et son grognement. Il est normal d'avoir peur lorsqu'un autre chien s'avance ainsi, et donc il est normal de se recroqueviller par peur et finalement céder, à moins de vouloir risquer une altercation violente.
Ce que l'on peut interpréter comme de la soumission est généralement tout simplement de la peur. La majorité des dresseurs, comme Cesar Millan, qui pensent dominer un chien pour le soumettre, ne font que faire peur au chien et génèrent de l'impuissance acquise. On confond ensuite cela avec de la docilité chez le chien. On croit que c'est un chien bien « dressé » car il ne fait absolument rien, sauf si on lui ordonne. Mais, en réalité, cela représente souvent des chiens qui ont été tellement inhibés qu'ils ont peur de produire des comportements. Ils anticipent les coups d'étrangleur, le coup dans les côtes, la prise du museau, être retourné sur le côté et maintenu au sol, le choc du collier électrostatique ; bref, tous les outils et méthodes qui sont censés montrer au chien qui domine...
- 50 Nuances
Tenter de dominer son chien consiste à lui faire peur ou, parfois même, à lui infliger des désagréments par des outils aversifs. Le chien ne comprendra jamais que l'on veut être son mâle alpha, son chef, son Mr. Grey. Il aura simplement peur de l'instant où il risque de recevoir un désagrément de notre part. Mais il cherchera tout de même à profiter de chaque instant de bonheur possible, en l'absence de désagrément. Les chiens ont un niveau de résilience tellement élevé qu'on peut pratiquement leur infliger toutes les souffrances imaginables ; ils reviendront quand même vers nous pour profiter du moindre agrément que nous pourrions leur offrir.
Jouer à "50 Shades" avec nos chiens n'est pas consensuel. L'utilisation d'outils de dressage tels que des colliers étrangleurs, des colliers électriques, des colliers à pics, etc., n'est pas agréable pour le chien et ne fera pas de nous un dominant. Il n'est jamais justifié d'utiliser ce genre d'outils et de méthodes. Si l'on tente de justifier cela sur le mythe du chef de meute, du dominant ou de l'alpha, c'est le moment de réévaluer nos méthodes.
Les chiens sont intelligents, ils ont beaucoup de motivations et aiment apprendre. C'est à nous de trouver les bonnes motivations afin que nos chiens répondent volontairement à nos demandes et ce, de façon agréable.