06/07/2024
Ahhh le métier d'éleveur... C'est pas facile tous les jours. Et hier fut un de ces jours.
Récit d'une nuit agitée.
Le vendredi c'est jour de livraisons. Une journée bien chargée puisqu'à 10h steeven doit avoir terminé les soins et la traite des brebis et avoir chargé les glacières pour partir livrer. Quant à moi, je passerai ma matinée en fromagerie (110l de tommes hier) tout en surveillant le petit de 2ans.
Quand il rentre le soir, fatigué d'avoir passé sa journée en voiture et à porter des glacières, il faut encore aller nourrir brebis, agneaux, béliers... Et hier, se dépêcher de rentrer les boules de foins pressées deux jours avant car la pluie est annoncée.
À minuit, je viens aux nouvelles. Steeven coupe le moteur et m'annonce qu'une trentaine de boules est déjà à l'abri. C'est à ce moment précis que la soirée est partie en vrille. Une brebis se met à gueuler, fort. Hmmm étrange et si c'était la dernière qui était en train de mettre bas ? Steeven court à la bergerie. Moi je suis en pyjama. Je reste dans la maison pour être là au cas où le petit se réveille.
Steeven revient. L'agneau est mal positionné. Il est mort déjà, sûrement depuis un moment vu l'odeur. M***e. Il a besoin d'aide, il n'arrive pas à le sortir. Dans la hâte, je quitte mon pyjama et mes envies de sommeil et je fonce à la bergerie, en priant pour que le petit ne se réveille pas.
J'enfile un gant, vous savez, ceux qui nous montent jusqu'aux oreilles ! Lol
Et la bataille commence... L'agneau a une patte arrière de sortie, c'est très mal engagé. Le col n'est pas assez dilaté. Je le masse, je laisse ma main dans le passage, ça lui fait mal, ça me fait mal. Il fait chaud, la sueur dégouline et mes cheveux collent à mon visage.
Tout doucement le col s'ouvre et je peux avancer ma main un peu plus loin. L'agneau est dans un sale état. Les mouches volent par centaine devant mon visage. Je vous épargne l'odeur... Je dois aller chercher sa 2eme patte. C'est difficile, la brebis souffre. Moi aussi. Ma main, mon bras, tout est comprimé.
Il me faut un 2eme gant. Je laisse la brebis souffler 5mn. Je la rassure, la caresse gentiment. Lui dit qu'elle est courageuse, qu'on va tout faire pour la délivrer.
Steeven va me chercher un autre gant. Et là il entend le petit appeler maman à la maison.
Re m***e !
Il va chercher Elijah, les yeux plein de sommeil.
Il faut continuer. Pas le choix.
Je reprend la fouille. Le col est bien ouvert maintenant. J'arrive à lui sortir la 2eme patte mais ça ne sort toujours pas. Bo**el !
Les minutes défilent. Les heures même.
L'agneau est vraiment dans un sale état. La peau se détache, je tire comme je peux. Je fouille, encore plus loin, il est comme coincé à l'intérieur, je ne comprend pas. C'est l'horreur. L'odeur, les mouches, la douleur, pour elle, pour moi... Il faut avoir le cœur bien accroché quand on fait ce métier. Je vous épargne les détails les plus gores. Mais voilà, à presque 3h du matin on décide d'arrêter là. La brebis reçoit une bonne dose d'antibiotique. On espère que ses contractions aideront à libérer l'agneau de l'intérieur. Rien n'empêche sa sortie, le passage est large. C'est comme ci il était coincé dans l'utérus, loin, très loin. Nous sommes tous épuisés.
Il y a des éclairs au loin, la pluie nous rafraîchi légèrement. Tant p*s pour foin.
Je rentre à la maison, je prend une do**he, en espérant que celle ci me débarrasse de cette horrible odeur. Steeven fait de même. Il se lève dans 1h30... Car aujourd'hui c'est marché. Il faut faire les soins en bergerie et charger les glacières, la remorque...
3h30...je ferme enfin les yeux.
Quelle nuit de m***e !
Aux clients qui viendront à la ferme, à ceux que steeven croisera sur le marché. On s'excuse pour nos têtes de déterrés 😅 ou notre humeur maussade. Il y a des jours comme ça...