Canis'Family Education Canine et Comportement

25/10/2025

Il m’est venu à l’esprit un truc de Ouf...
Que je vous parle souvent de chiens, de comportements, de signaux, de respect et de bienveillance…
Mais je ne vous ai finalement jamais simplement parlé du chien lui-même.
De ce qu’il est, profondément.
De ses besoins, de ses droits, et de nos devoirs envers lui.
Voici donc un petit condensé — pour revenir à l’essentiel : comprendre l’animal avant de vouloir l’éduquer.

Le chien est un mammifère social, doté d’un système nerveux et émotionnel complexe.
Les dernières études en éthologie confirment qu’il ressent des émotions proches des nôtres : joie, peur, frustration, colère, plaisir…
Sa stabilité émotionnelle dépend de la sécurité, de la prévisibilité et du lien social dans son environnement.

Être social, pour un chien, signifie vivre en interaction — intra-espèce (avec d’autres chiens) et inter-espèces (avec nous, humains).
Cela ne veut pas dire aimer tous les chiens ou tous les humains : cela signifie avoir la possibilité d’entretenir des liens choisis, stables et cohérents.
L’isolement, qu’il soit physique ou émotionnel, est l’un des facteurs les plus délétères pour son bien-être.

🐾 Ses besoins fondamentaux

Les besoins du chien ne s’arrêtent pas à “manger, dormir, sortir”.
Ils couvrent plusieurs sphères, toutes essentielles à son équilibre :

Besoins physiologiques : manger, boire, uriner, déféquer, se reposer, bénéficier d’un confort thermique et corporel adapté.

Besoins locomoteurs : se mouvoir librement, courir, creuser, sauter, explorer. Le mouvement est une nécessité biologique : il régule le stress, stimule la dopamine et maintient la santé physique.

Besoins cognitifs et olfactifs : réfléchir, chercher, renifler, résoudre des situations. L’olfaction est un besoin vital, aussi essentiel que de manger ou dormir.

Besoins sociaux : interagir, communiquer, partager un espace, des rituels, une cohérence.

Besoins émotionnels : sécurité, prévisibilité, cohérence, affection consentie et respect de son rythme.

Le priver durablement d’un seul de ces besoins entraîne déséquilibres, stress chronique, ou troubles comportementaux — car le comportement "gênant " n’est qu’un symptôme d’un besoin non comblé.

Ses droits fondamentaux

Le chien, en tant qu’être sensible, n’a pas que des besoins : il a des droits.
Ces droits ne sont pas symboliques, ils sont éthologiques et éthiques.
Parmi eux :

1. Le droit de ne pas souffrir — physiquement ni émotionnellement.

2. Le droit d’exprimer ses comportements naturels : jouer, explorer, interagir, communiquer.

3. Le droit de choisir — de dire “non”, de s’éloigner, de consentir à l’interaction.

4. Le droit à la sécurité et à la prévisibilité — conditions essentielles à un apprentissage serein.

5. Le droit au respect de son individualité — chaque chien est un être unique, et doit être reconnu comme tel.

Ces droits s’appuient sur la Charte du bien-être animal et les “Cinq libertés fondamentales” : être libre de la faim, de la soif, de la douleur, de la peur et de la contrainte, et libre d’exprimer un comportement normal.
Notre rôle, en tant qu’humains, est de garantir ces libertés au quotidien.

👩‍⚖️ Nos devoirs

Accueillir un chien, c’est prendre la responsabilité d’un individu social et sensible.

Cela implique :

De lui offrir des conditions de vie cohérentes avec son espèce.

De respecter son langage corporel et ses signaux de communication.

De lui garantir des temps de repos, de liberté, d’exploration et d’interaction.

De s’informer, de remettre en question nos croyances, et d’accepter qu’il ne soit pas “comme on l’imaginait”.

Un chien bien dans ses pattes n’est pas celui qui “obéit sans broncher”, mais celui qui ose s’exprimer sans crainte.
Celui dont les besoins sont entendus.

Un chien, ce n’est pas un projet à réussir, ni un être à “dresser”.
C’est un compagnon, un individu avec son propre regard sur le monde.
Et notre plus beau rôle, à nous, humains, est de lui permettre d’être pleinement ce qu’il est : un animal social, sensible, intelligent — et libre d’exister à nos côtés, pas sous nos ordres.

🐾 Parce qu’avant de vouloir qu’il nous comprenne, apprenons d’abord à le comprendre.

🐾🐾 Bienvenues dans Un monde de Wouf 🐾 🐾

12/09/2025

Les réseaux sociaux ont pris une place importante dans le monde de l’éducation canine. Aujourd’hui, il suffit de taper « éduquer son chien » sur internet pour voir apparaître une avalanche de vidéos, de tutos et de formations « clés en main ». Et c’est là que le problème commence. Colliers qui claquent, immersions forcées, chiens mis en détresse… Ces méthodes, que l’on espérait voir disparaître, se retrouvent désormais à portée de clic, mises en scène dans des vidéos séduisantes et impressionnantes.

De plus en plus d’éducateurs canin se mettent en avant sur les réseaux sociaux. Leurs vidéos sont montées comme de véritables séries Netflix :
• Un chien agressif ou incontrôlable, souvent d’une race impressionnante (Malinois, Staff, American Bully…)
• Un maître dépassé, en panique
• Une musique dramatique pour captiver l’audience
• Et, en quelques minutes, miracle : le chien devient « obéissant » et « apaisé ».

Mais la réalité est tout autre. Ces scénarios sont trompeurs et dangereux : ils banalisent des méthodes coercitives et laissent croire qu’il suffit de s’imposer pour régler les comportements d’un chien. Les séances filmées cachent souvent un niveau de stress extrême pour l’animal, invisible aux yeux des spectateurs novices.

L’illusion de la réussite rapide :
Ces vidéos vendent du rêve : Des résultats bluffants, 100 % garantis, en quelques minutes seulement ! Mais à quel prix ?
• Colliers étrangleurs
• Doubles laisses tendues
• Saccades violentes, étranglements
• Immersions forcées face à des peurs intenses
Le chien finit par se calmer, mais il ne s’agit pas d’apprentissage. Ce n’est pas de l’éducation. C’est de la résignation. Le chien cesse d’agir non pas parce qu’il comprend, mais parce qu’il renonce.

La maltraitance ne se limite pas aux coups ou aux cris. Elle peut être insidieuse. Un chien peut sembler « obéir » alors qu’il est en état de stress ou de sidération. Pour le comprendre, il faut apprendre à lire ses signaux d’inconfort :
• Détourner le regard ou tourner la tête sur le côté
• Cligner des yeux rapidement
• Se lécher la truffe
• Oreilles plaquées
• Queue rentrée sous le ventre
• Démarche raide ou saccadée
Ces signaux sont des appels à l’aide. Si on les ignore, on pousse l’animal à bout, parfois jusqu’à l’agressivité, parce qu’il n’aura pas le choix.

Depuis des années, les éducateurs canins positifs luttent contre les méthodes coercitives. Aujourd’hui, le combat a changé : ce ne sont plus seulement les particuliers qu’il faut informer, mais aussi les éducateurs 2.0 qui s’improvisent experts et propagent des techniques dépassées.

Pourtant, la science est claire :
• Les méthodes coercitives augmentent le stress, la peur et les troubles comportementaux.
• L’éducation bienveillante, fondée sur le respect et la compréhension du chien, donne des résultats durables sans nuire à son bien-être.

Le danger des réseaux sociaux :
Le problème, c’est que ces vidéos font croire qu’il existe des solutions simples, rapides et universelles. Elles jouent sur les émotions des propriétaires désemparés, qui veulent aider leur chien et obtiennent… de fausses promesses.
Un chien n’est pas une machine que l’on reprogramme en quelques minutes. C’est un être sensible, qui a besoin de temps, de patience et de compréhension.

Ensemble, faisons évoluer les mentalités :
Le SECEP s’engage pour une éducation respectueuse et éthique. Mais nous avons besoin de vous :
• Partagez des contenus fiables
• Dénoncez les dérives
• Apprenez à observer les signaux de votre chien
• Expliquez l’impact négatif des réseaux

L’éducation canine ne devrait pas être un spectacle. Elle doit être une rencontre, une relation, un apprentissage mutuel.

Réveillons les consciences :
Ensemble, faisons en sorte que les réseaux sociaux cessent de banaliser la maltraitance et deviennent des espaces de sensibilisation et de respect.

27/07/2025

Ce matin, je sors Snow, ma husky, pour la balade hygiénique express. Tu sais, le petit tour censé durer 5 minutes. Sauf qu’elle tombe sur LE brin d’herbe. Celui qui a visiblement connu tout les chiens du quartier, leurs repas, leurs hormones, et peut-être même leurs humeurs.
Pendant qu’elle renifle avec intensité, j’aperçois un vieux monsieur avec son petit Jack Russell. Le chien tente un arrêt pour flairer, mais à peine le nez vers le sol, il est tiré en avant. Ironie : malgré son âge, le monsieur va bien plus vite que moi.
Et ça m’a rappelé à quel point on oublie souvent ce qu’un chien est en train de faire quand il renifle. Ce n’est pas juste traîner. Alors j’ai eu envie de vous parler un peu de ce qu’il se passe vraiment dans une truffe…

Pourquoi les chiens peuvent-ils passer plusieurs minutes sur UN brin d’herbe ?
Je vois encore beaucoup de personnes tirer sur leur chien en balade parce qu’il “traîne” sur une odeur. Parce qu’il bloque sur une touffe d’herbe, un arbre, un trottoir, le coin d’un banc. Mais ce que beaucoup prennent pour une perte de temps est, en réalité, une activité d’une richesse cognitive et sensorielle immense.
Ce que fait le chien à ce moment-là n’est pas un caprice, ni de la distraction. C’est une exploration fine, rigoureuse, motivée et extraordinairement efficace de son environnement.
Contrairement à nous, le chien ne comprend pas le monde en le regardant, en le manipulant, ou en le commentant. Il le flair. Il approche un objet, un sol, une molécule, il s’en imprègne avec sa truffe, et il en tire des informations que nous sommes tout bonnement incapables de percevoir. Son monde à lui est d’abord chimique. Et pour ça, il est biologiquement équipé.
Ce qu’on appelle communément “le nez” est, chez le chien, une structure spécialisée d’une complexité étonnante. L’air qu’il inspire n’y fait pas que passer : il est guidé, filtré, analysé, comparé.
Chez le chien, la cavité nasale contient un labyrinthe de cornets recouverts d’un épithélium olfactif, un tissu spécialisé capable de capter les molécules odorantes grâce à des millions de récepteurs. Là où un humain en possède environ 6 millions, le chien en compte jusqu’à 300 millions selon les races. À cela s’ajoute une surface olfactive jusqu’à 30 fois plus étendue que la nôtre, ainsi qu’un bulbe olfactif qui représente 1/8e de son cerveau (contre 1/50e chez l’humain).
Et ce n’est pas tout : son système olfactif dispose également d’un organe voméronasal (ou organe de Jacobson), dédié à la détection des phéromones. Cet organe, situé le long du septum nasal, capte des signaux chimiques imperceptibles pour nous, qui renseignent sur l’état hormonal, sexuel, émotionnel, ou social d’un autre individu : souvent à travers des fluides comme l’urine. Mais ce n’est pas seulement une affaire de chiffres. C’est aussi une question de stratégie.
Quand le chien renifle, il ne se contente pas d’inspirer. Il module activement le flux d’air dans sa truffe. Contrairement à nous, qui inspirons et expirons par le même canal, le chien peut inhaler l’air odorant par l’avant et l’expulser par des fentes latérales, créant un système de circulation d’air qui permet aux molécules odorantes de rester plus longtemps en contact avec les récepteurs internes.
Ce mouvement crée également un effet d’aspiration secondaire, qui attire encore plus d’air, et donc plus d’odeurs, vers les zones de détection. Des études d’imagerie ont montré que même l’expiration du chien contribue à optimiser la détection des odeurs. C’est d’ailleurs grâce a cette expiration que vous pouvez parfois apercevoir de la poussière s’élever du sol lorsque votre chien renifle.
Le chien “renifle” par petits à-coups rapides, ce qui lui permet de ne pas s’adapter à l’odeur, de maintenir son niveau de perception élevé, et de traiter l’information en continu. C’est une forme de balayage actif, comparable à la façon dont nous bougeons nos yeux pour explorer un environnement visuel. C’est un acte cognitif à part entière. Et surtout : ce n’est pas une simple odeur qu’il perçoit. C’est une histoire.
Un marquage urinaire, une empreinte de pas, une touffe d’herbe piétinée, une poignée de porte… Tout cela est porteur d’informations pour un nez entraîné comme celui du chien. Il peut en tirer des données précises : qui est passé par là, à quelle heure, dans quel état émotionnel, dans quel but, et combien d’autres individus sont également venus. L’odeur est structurée dans le temps et dans l’espace. Et le chien est capable de remonter cette structure comme on remonte une piste.
Pour nous, ce monde reste largement invisible. Mais lui le sent. Littéralement.
C’est pourquoi il vaut toujours mieux faire dix mètres de balade pleinement investie, le nez au sol, qu’un kilomètre tiré au pas, déconnecté.
On ne le dira jamais assez : laisser un chien renifler, c’est lui permettre d’exister pleinement dans son monde. C’est respecter son mode de perception. C’est reconnaître sa subjectivité et son intelligence. Le flair n’est pas une distraction. C’est une capacité sensorielle, cognitive et émotionnelle majeure. Et l’empêcher de l’exercer, c’est le priver de son accès principal à la réalité.

Laissez-les sentir. C’est leur façon de penser.

By let’s feel dog

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