12/05/2024
Après l'école d'equitation, l'école du cheval...
Presque tous, nous découvrons le cheval par la voie de l'équitation.
Le plus souvent, nous entrons dans des écoles qui nous aprennent d'abord à monter à cheval, et qui nous montrent pour lui un modèle de vie que l'on intègre malgré nous comme normal, puisque n'ayant que peu de modèles alternatifs.
Dans ces écoles, on met le cheval dans l'endroit et la situation les plus incongru(e)s qui soient pour lui: un lieu clos, sans visibilité souvent, sans contacts avec ses congénères, et pour effectuer un travail répétitif sur un sol régulier et confortable.
La nuit, il dort en sécurité, bien au chaud, dans son boxe.
Il mange à heures fixes, en petites quantités. Il a de beaux fers au pieds.
Et pour lui faire plaisir, on le met quelques heures par jours dans un beau paddock terreux. Mais rarement avec des copains, parce que c'est dangereux.
Evidemment que c'est ce qu'il leur faut a ces chevaux : si c'est partout comme ça, c'est que c'est forcément la bonne manière de faire !
Parents et enfants apprennent aussi que c'est normal d'entendre des cris sans arrêt, d'avoir comme équipement obligatoire la cravache avant la bombe. Les poneys récalcitrants apprennent à tâter de l'autorité, et personne ne sourcille.
D'ailleurs, les petits cavaliers aussi aprennent à être des hommes. On ne pleure pas ici !
Il n'y a pas que les poneys qui subissent.
Et bizarrement, j'ai vu dans beaucoup d'écurie des enfants se faire maltraiter sans que dans ce contexte cela éveil l'instinct de défense des parents.
A l'écurie, petits et grands, garçons et filles intègrent malgré eux que dans le monde du cheval, l'important, c'est d'avoir les plus grosses. Et surtout, de bien les montrer.
Ils savent que ce n'est jamais de leur faute. Toujours de celle du cheval. Et d'ailleurs, c'est bien pour ça qu il faut le corriger.
Mais comment leur en vouloir de reproduire ce que tant d'adultes influents designent comme le bon chemin ?
Et puis un jours, certains, sans trop savoir pourquoi, s'échappent de cette école... Ils ne sont pas fait pour... Quelque-chose leur souffle au fond du coeur qu'il y a des secrets qu'on ne leur apprend pas dans cette voix.
Et ils s'en vont à l'école du cheval, et commencent leurs classes équines.
Celles qui nous laissent si démunis de notre méconnaissance au début ! On s'interroge, on râge parfois... Comment puis je en ignorer autant du cheval, alors que j'en sais tellement de l'équitation ?
On se sent floué, on a l'impression de n'avoir appris que des mensonges...
D'un seul coup, notre regard a changé sur cette écurie jusqu'ici familière.
S'y promener devient insupportable, et on finit par ne plus y aller...
On fait des rencontres...
Souvent la plus belle: un cheval...
Celui qui nous fait redescendre de notre pied d'estale, et pas toujours doucement...
On commence à apprendre les chevaux.
On s'aperçoit que l'équitation n'est rien comparé à tout ce qu'elle cache.
S'occuper d'un cheval, ça n'a rien à voir avec un coup de brosse. C'est un soucis permanent, doublé d'un bonheur infini
On apprend ce dont il a besoin pour vivre, ce qui lui fait plaisir, ce qu'il aime... On découvre que sa santé est conditionnée par bien autre chose que quelques mètres carrés.
Souvent même, on passe par une phase où on ne se pardonne plus de le monter.
Et puis un jour, on regrette même le temps où on ne se posait pas toutes ces questions. On aimerai ne jamais avoir ouvert les yeux. Parce que c'était beaucoup plus simple. Les problèmes se réglaient à coup de cravache, ou sur le dos d'un nouveau poney.
On envie celles qui brillent et progressent si vite que leurs eperons leurs permettent. On jalouse cette cavalière si jeune qui monte un 4 ans en st Georges.
À ce moment là, on se regarde dans le miroir... Et on sait que même pour le succès, on ne sera plus capable de refermer les yeux.
Alors on prend des chemins de traverse, on explore de nouvelles contrées... Et on finit par les rencontrer, ces femmes et ces hommes qui voient comme nous. Qui changent silencieusement les normes. Lentement mais sûrement, ils inventent un nouveau Demain
Qui sont capable d'allier équitation (classique ou pas) ET amour. Qui aiment et respectent leurs chevaux, mais aussi leurs cavaliers.
Leurs apprennent la confiance en eux, en même temps que la bienveillance.
Le cheval devient un moteur d'éveil et de développement, et en retour il reçoit douceur et compréhension.
Ces professionnels sont de plus en plus nombreux, et ne renoncent pas à l'équitation. Ils la proposent toujours, mais au milieu d'un milliers d'autres trésors de savoir.
Ils sont là pour qui veut les trouver, inventant des écoles du Cheval, de l'humain, du moment présent... De l'humilité, de la bienveillance et de la diversité.
Et ce jours là, on s’aperçoit qu'on est à l'école de la vie…
Chevalherbage 👌
Via Arno Equitan