24/09/2022
A lire! Clair et précis je n’aurais pas dit mieux 🤓
Mes lignes directrices
4️⃣ : Épurer et chuchoter (ou comment faire moins pour obtenir plus)
Vous avez sûrement déjà vu des parents crier presque continuellement sur leurs enfants sans qu'aucun résultat ne survienne. La même image se voit dans certains couples : un des deux s'énerve, parle fort, explose ou « gu**le » perpétuellement pendant que l'autre laisse passer l'orage ou n'écoute même plus.
C'est ce que j'appelle du bruit de fond : des mots, des phrases, des demandes, des gestes, des questions qui restent sans réponse car l'autre ne nous écoute plus ou sait qu'il peut ne pas réagir. Dépense d'énergie = maximale. Efficacité : nulle.
Avec nos chevaux, nous faisons beaucoup de bruit de fond. Pas forcément en criant ou en nous énervant, mais nous avons beaucoup de gestes parasites, d'actions de corps, de mots, de claquements de langue qui ne sont suivis d'aucune réponse. C'est par exemple le stick qui se lève une, deux, trois fois sans que le cheval n'accélère ses pieds. Ce sont des gestes pour faire reculer un cheval trop près de nous qui s'arrêtent alors que ce dernier n'a pas fait un mouvement de recul. Ce sont des pieds qui reculent et qui aspirent le cheval sans que nous ne nous en rendions compte et nous renvoyons le cheval persuadés qu'il met de la mauvaise volonté dans le mouvement en avant. C'est un « Trotte » alors que le cheval trotte déjà.
Dès que nous utilisons notre corps, notre langage, nos outils pour demander quelque chose à notre cheval et que nous n'allons pas au bout, que nous arrêtons alors qu'il n'y a eu aucune réponse, nous lui apprenons qu'il n'a pas besoin de nous écouter. Ou pas tout le temps. Mais comment lui, peut-il faire la différence entre les gestes ou mots qui doivent être écoutés et ceux qu'il doit ignorer ?
Cela mérite de notre part une énorme attention sur tous nos faits et gestes et une grande présence.
Car oui, il peut arriver que certains de nos gestes et de nos mots ne soient pas des demandes envers le cheval. Dans ce cas, notre attitude corporelle et notre intention doivent être différentes pour que le cheval puisse les lire.
Par contre, lorsque nous nous adressons à notre cheval, nous devons être extrêmement vigilants : chaque demande doit obtenir une réponse. Si vous levez votre bras ou votre stick, le cheval doit accélérer ses pieds. Même si finalement, vous vous dites : « oui bon son trot n'est pas si mal », tant p*s, allez au bout de votre demande d'accélération et vous pourrez toujours ensuite lui demander de ralentir. Si vous utilisez un claquement de langue, idem. Si vous lui demandez de reculer car il est près de vous, ne lâchez pas l'affaire : obtenez au moins un pas de reculer. Si le cheval marche ou trotte, retenez-vous de dire « marche », « trotte ». Il le fait déjà donc tout va bien.
Peut-être que pour obtenir une réponse, nous allons devoir au début monter en phase, d'autant plus si nous l'avons habitué à notre bruit de fond qui ne nécessite pas d'être écouté. Je vois beaucoup de cavaliers qui n'osent pas monter en phase ou qui ne se rendent pas compte qu'ils peuvent monter vite et haut et que le cheval sera ok tant que c'est juste pour lui car il a été prévenu avant par une montée crescendo.
Et à quel point finalement, c'est confortable pour les deux car très vite, après une ou deux montées en phase, le cheval répond à une demande très fine.
En étant vraiment concentrés et dans le moment présent, nous pouvons être plus précis dans nos gestes, dans nos intentions, dans l'utilisation de notre énergie, des ordres vocaux, etc. Si nous sortons du bruit de fond perpétuel en étant très précis et ferme sur ce que nous demandons, le cheval va commencer à nous écouter et nous n'aurons plus qu'à chuchoter. Il saura qu'avec nous, il a intérêt à être connecté, attentif à nos demandes car nous savons ce que nous voulons et nous allons au bout. Au lieu de « crier » de plus en plus fort (dans le sens de s'agiter avec son corps, ses outils, sa voix…) face à notre cheval, nous pouvons enfin faire des demandes très fines et obtenir beaucoup.
Dépense d'énergie = minime. Efficacité : grande
Si notre cheval nous écoute quand nous chuchotons, alors nous pouvons épurer notre communication. Nous pouvons juste pousser sur sa bulle pour le faire reculer ou bouger une épaule.
Nous en faisons 10 fois moins, 100 fois moins pour beaucoup plus de résultats. Nous arrêtons de gaspiller notre énergie en nous agitant. Mais bien sûr, ce n'est pas simple. Cela demande vraiment d'être dans le moment présent, connecté à son corps, d'être conscient de nos bruits de bouche, de nos gestes, de la direction de nos pieds, de notre posture (est-ce que je pousse ou j'aspire ?), etc. Il est alors souvent préférable de faire des petites séances où nous pouvons rester dans ce niveau d'attention.
Enfin, il me paraît important de rappeler que ce n'est pas parce que nous allons au bout de nos demandes que nous ne faisons pas preuve d'empathie et d'écoute. Le cheval a le droit de dire : « C'est dur », « Je ne comprends pas » ou autre. Nous pouvons alors lui expliquer autrement, lui demander avec moins d'angle ou moins longtemps. Nous pouvons faire le choix d'arrêter pour une fois la demande, mais cela sera exceptionnel et surtout fait en conscience, ce qui fera toute la différence.
Je constate avec mon poney Inouï combien à chaque fois qu'il ne comprend pas un nouvel exercice, si je m'agitais, si je parlais plus fort, cela serait l'escalade. Si j'épure, si je chuchote tout en trouvant des façons de l'aider à comprendre, il ne s'agace pas et dès qu'il a compris, il donne ensuite énormément.
Je terminerai par une anecdote vécue il y a quelques années dans un train, pour refaire un parallèle avec les humains et montrer l'importance de la justesse et de la cohérence. Une petite fille était insupportable et sa mère essayait de la calmer en criant de plus en plus fort depuis un long moment. Elle a fini par lui dire : « Si tu continues, je te jette du train ». Ce à quoi la petite fille a répondu avec un rire assez provocateur : « Mais tu ne le feras jamais ». Dépense d'énergie : maximale. Efficacité : je vous laisse deviner.
Pour lire ou relire les anciens articles :
1 : L'importance de la pause
👉 www.facebook.com/deschevauxetdesmots/posts/pfbid02AoTUjCewgaY7HpxoEucaJHMzKectQqo9GeeHKLhWXokzt39LiWW4zjxTiXvUczR8l
2 : Donner du sens à ce que l'on fait
👉 www.facebook.com/deschevauxetdesmots/posts/pfbid0UCLmyuSDEK6WgsrjEXiV6Q1DkyfJ7zMKBFTHra1Q1ifCk4aVyV5HVEr1eTAxEt1Dl
3 : Quand tout va bien, laisser faire et profiter !
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