03/12/2021
Texte poignant pour nous rappeler à quel point chaque instant passé avec notre chien est si précieux. ❤
Ne perdez pas de temps, jamais, car il est irrattrapable.
Lorsque vous choisissez de prendre un chien à vos côtés, vous signez un contrat terrible, celui de le voir partir avant vous. Un jour ou un autre, vous devrez être à ses côtés pour son dernier souffle, le tenir dans vos bras pour son dernier instant. Ce contrat, que vous le vouliez ou non, vous allez le signer à la seconde où vous accueillerez votre chien chez vous. Vous entamez à partir de ce moment une course contre la montre, une course dont vous ne serez jamais gagnant.e : un jour, vous pleurerez votre chien.
Alors ne perdez pas de temps.
Lorsque vous entrez en conflit avec lui, vous perdez du temps.
Lorsque vous vous mettez dans la tête que vous devez être le chef, vous perdez du temps.
Lorsque vous partez du principe que vous avez besoin de le faire souffrir physiquement ou mentalement pour lui enseigner quelque chose, vous perdez du temps.
Lorsque vous ignorez sa demande de jeu parce qu'"on" vous a dit que vous deviez être à l'initiative, vous perdez du temps.
Lorsque vous vous empêchez de vous rouler dans l'herbe avec lui parce que ça fait mauvais genre, vous perdez du temps.
Lorsque vous l'empêchez de monter sur le canapé avec vous alors que vous en crevez d'envie, vous perdez du temps.
Lorsque vous vous privez de le féliciter parce qu'il "faut" avoir l'air ferme et autoritaire, vous perdez du temps.
Lorsque vous lui enseignez des comportements dont vous vous foutez pour plaire aux autres, vous perdez du temps.
La relation que vous partagez avec votre chien est unique et irremplaçable. Profitez de chaque instant à votre disposition, de chaque seconde où il vous fait rire, de chaque minute où vous partagez un moment tendre et complice avec lui. Ce sont de ces moments dont vous vous souviendrez longtemps, de ces moments uniquement.
Je suis éducatrice canin, je passe mon quotidien à accompagner des personnes qui se sentent dépassées avec leurs chiens. Je passe des heures à réfléchir à des plans d'entraînement parfois longs et complexes, à me former en continu pour permettre à mes client.e.s d'atteindre leurs objectifs.
Et pourtant, mon chien ne m'écoute pas au doigt et à l’œil. Mon dieu non. Vulcain tire en longe si ça peut lui permettre de s'éloigner de ce qui l'inquiète. Il salue les invités très joyeusement (et bruyamment). Il monte sur le canapé s'il en a envie. Il me dit "non", me dit "stop", me dit "j'ai pas envie" quand il le souhaite. Il aboie sur les passants parfois.
Mon chien est mon partenaire, mon meilleur ami, et la seule chose dont je m'inquiète chaque jour n'est pas de savoir si ça fait mauvais genre d'avoir un chien "qui ne m'obéit pas à chaque seconde", mais de savoir combien de jours encore j'aurai la chance infinie de l'avoir dans ma vie. C'est, littéralement, tout ce qui compte.
La photo que vous voyez date du 06/03/2011. Dix ans et demi déjà. J'étais au club canin, celui où ma chienne, Laska, devait être en collier étrangleur, où on me conseillait d'être le chef, d'être ferme, autoritaire, dure et inflexible. Nous sommes sorties du terrain, je lui ai retiré son collier, et on a joué, ensemble, avec un de mes gants. A cet instant précis, je n'en avais plus rien à taper de ces règles idiotes, de ces protocoles inutiles, de ces restrictions sans fin. A cet instant là, il n'y avait plus qu'elle et moi dans l'univers.
Laska est décédée à six ans et demi d'une maladie auto-immune. Lorsqu'elle est partie, je l'ai pleurée de longs mois et, quatre ans plus t**d, je vous avoue que je la pleure encore. Je n'ai pas pleuré son obéissance qui aurait pu être perfectible, j'ai pleuré sa façon de grommeler pour nous dire bonjour. Je n'ai pas pleuré sa marche en laisse, j'ai pleuré ses câlins dans le lit. Je n'ai pas pleuré son rappel impeccable, j'ai pleuré sa façon de jouer avec Vulcain.
Nos chiens devraient être des individus libres, puissants, expressifs, des enseignants à part entière, des amis sincères, des partenaires de vie. Lorsque vous exigez de votre chien de vous obéir, vous insultez soigneusement une âme emplie de couleurs en lui ordonnant de se dissoudre en gris. Ne faites pas ça, jamais.
A Laska, ma meilleure amie, ma Louve, ma Gardienne, j'aimerais t'avoir dans mes bras une minute de plus. Là, tout de suite, j'aimerais que tu apparaisse dans la pièce et qu'on passe une minute entière à se faire le câlin le plus tendre de tout l'univers. Soixante secondes de toi, je ne demande pas plus. Allez l'Univers, une minute, ce n'est quand même pas trop demandé. Sois sympa, je l'ai déjà trop pleurée, il est temps que cette mauvaise blague s'arrête. Les blagues les plus courtes sont les meilleures, et ça fait déjà quatre ans que tu l'as fait disparaître, ça suffit maintenant.
A Vulcain, mon petit frère, mon Toupoutou, mon petit chat, je passe chaque seconde à t'aimer un peu plus que celle d'avant. Je suis si fière de celui que tu deviens, mais surtout, je suis si fière de celle que je suis devenue. Nous sommes si loin de ces considérations fades à présent, nous pouvons nous permettre d'avoir cette relation intense, fusionnelle, expressive et tendre. Je t'aime et je croise les doigts tous les jours, à m'en péter les phalanges, pour avoir encore un milliard de secondes à tes côtés.
Prenez soin de vos chiens bon sang. Arrêtez de les voir comme des faire-valoir insipides et regardez-les vraiment. Offrez-leur une vie digne de ce qu'ils méritent, loin de ces idées reçues foireuses, de ces pensées limitantes, de ces clichés ridicules. Et si, à tout hasard, vous vouliez prendre un chien car vous recherchez un faire-valoir ou un être à soumettre, passez donc votre chemin, vous allez lui faire perdre du temps, il n'en a déjà pas beaucoup.
Des bisous sur vos truffes.
Aura - Céline Herrant