05/08/2024
Sujet qui pique. 😵💫
C'est le mois d'août, et pourtant j'en suis à proposer à cette dame d'abandonner son chien. Moi.
La chaleur m'est-elle montée au cerveau ?
La moutarde ? la Da Bomb de Hot Ones ?
Le chien a 4 mois. Grande race. Puissante. Gardienne. Dynamique.
La dame me dit connaître les chiens, elle en a eu plusieurs, mais des ptits Bibi.
Son dernier petit chien est décédé à 15 ans et depuis un an, elle se sentait seule. Du souvenir de ces 15 dernières années, elle ne garde que la douce présence de ce petit compagnon. Les moments difficiles ont été effacés de l'histoire. Le cerveau aime bien nous jouer ces tours-là.
Le tendre compagnon a beaucoup vécu dans les bras et sur les cuisses. Celle-ci fait déjà 15 kg à 16 semaines. Pas le même genre de manip.
Les mains et les pieds sont rudement chahutés. Traces de bleus, de coups de crocs, de griffures. À l'autre bout du fil, on tente de me rassurer, "Elle joue. C'est pas méchant !"
Certes, c'est pas méchant, mais je cite : "elle est ingérable, détruit beaucoup, me saute dessus, déchire mes manches, elle est infernale, je n'en peux plus ".
"Faudrait juste l'éduquer. Vous pouvez faire ça ? Comme ça, après, je serais tranquille."
Apparemment, la dame a oublié comment on fait. Admettons, c'est souvent le cas. Je suis là pour enseigner, ce n'est pas le soucis.
La cabote vient d'avoir 4 mois, la dame souhaite de la tranquillité, elle n'est pas prête d'être tranquille. Voilà la réalité.
L'énergie du chien va aller crescendo. Puis l'adolescence va lui chatouiller le turbo, et à 18 mois, on va avoir un pic de pénibilité. Non, elle n'est pas prête d'être tranquille. Un chiot calme, c'est pas demain la veille.
Un chiot calme, déjà, ça n'existe pas.
Un chien d'une race calme éventuellement. Un Cavalier King Charles sera moins intense qu'un border collie ou qu'un maligator. Mais un chiot, ce n'est pas calme, c'est un mioche.
- Mais pourquoi êtes vous passé d'une mini race à un berger allemand ?
- Je vis seule, je voudrais qu'elle me protège.
Alors pourquoi j'ai suggéré que ce chien là, soit replacé dans un autre foyer, plus adapté ?
La dame a 80 ans. Elle se déplace encore bien, mais l'énergie que demandera un berger allemand pour les 5 ans à venir, ( dont 3 années bien intense ), ça la change énoooormément des précédents mini gabarit qui ont partagé sa vie. Période de vie, où elle était, elle aussi, plus en forme, quoi qu'on en pense.
Autre point, la dame est dorénavant mal voyante.
N'a aucune patience, s'énerve vite, ne comprend pas la chienne.
Après 1 mois à être dépassée par ce grand chiot, elle a contacté l'éleveur. Celui ci voulait bien reprendre le chiot, mais refuse tout remboursement. (1500 balles). Du coup, elle a renoncé à la rendre.
Est-ce que le fait de vendre un BA à une dame seule, de 80 ans, n'ayant aucune expérience en la matière, malvoyante, qui ne peut ni lire le contrat ni le remplir, et qui a dû donc être conduite et aidée dans son achat par une tierce personne tout aussi irresponsable que les deux autres protagonistes... m'ennuie un peu ?? En effet. À deux doigts d'être agacée.
Alors, oui, lors du coup de fil, j'ai demandé à la dame d'envisager le remplacement de cette chienne de 4 mois dans un autre foyer. Sentiment confirmé après ma visite. ( ça ne collera JAMAIS, ça fera juste deux malheureuses ).
Et si elle ne peut être heureuse sans compagnon, ce qui est compréhensible, sans être raisonnable, au moins prendre un mini gabarit, d'une race moins énergivore qu'un berger allemand, si possible cool et adulte.
Autrefois éduc et agent animalier en refuge durant 7 ans, je suis calée en Bibi abandonnés. Celle-ci l'aurait été à un moment ou un autre, autant la confier tant que les dégâts sont minimes.
Les chiens qui arrivent en refuges sont jeunes, en grande majorité.
Jeunes et pas éduqués.
Entre 8 mois et 3 ans.
On a zappé l'éducation, et/ou on a mal choisi l'individu. (Race, caractère, énergie).
Ils deviennent compliqués, on finit par les proposer en don, on les revend, ou on les jette dehors, parce qu'ils sont devenus ingérables par frustration et non épanouissement. Par ce qu'ils n'écoutent pas ( normal, on n'a pas su communiquer, leur apprendre).
Les boulettes :
On ne sait pas élever correctement une autre espèce.
On n'a pas le temps.
On n'a pas envie de s'infliger cette tâche-là et à la base, on voulait juste s'acheter un peu d'amour. Parce que dans nos sociétés hors sol, c'est la vie sociale qui manque. Surtout chez les anciens, mais dans les faits, à toutes les étapes de la vie. Une présence, un regard, un contact. C'est vital pour l'humain.
Aujourd'hui, l'amour s'achète. C'est l'animal de compagnie. Quand on rentre du boulot, l'amour est là. C'est pratique.
On prétend l'amour du chien inconditionnel. Je ne suis pas du tout d'accord. Il y a des conditions. Et un paquet. Sinon l'amour vire au drame.
Et on m'appelle à l'aide. Il m'énerve. Il n'écoute rien. Il agresse les chiens. J'en ai marre. Il a encore mordu le voisin. Il se sauve du jardin. Il est ingérable. Faites quelques chose, il était si adorable au début.
Patience.
Éducation.
Entraînement.
Caractères compatibles.
Énergies compatibles.
Disponibilité adaptée.
Minimun de savoir faire.
Il y a des conditions à l'amour du chien. Si ces conditions étaient remplies, tous les Bibi seraient heureux, chacun garderait son chien, les refuges seraient vides et je serais botaniste.
Illustration © Sandra Breault.
Attente vs Réalité.