26/01/2024
Des mots qui font échos de la réalité du terrain...
Peu de personnes prennent en considération la génétique et les besoins essentiels de leurs chiens, la sécurisation est un des besoins primaires qu'il faut absolument combler pour éviter un maximum de dérives.
Dans 90% des cas observés en clientèle, pour ma part, ce ne sont pas les chiens qui doivent se remettre en questions. Les 10% restant présentent des problématiques liées à des traumas ou bien d'ordre pathologique donc médical.
https://www.facebook.com/share/9Cva2sbdumaenMpS/
# # # LES CONSÉQUENCES D’UN TROP-PLEIN DE RESPONSABILITÉS # # #
Ou le drame du malinois, berger allemand, border collie, cane corso...
Parfois, l’agressivité du chien monte dans le foyer, à l’égard de certains de ses membres, ou de tous ses membres. Il arrive que le gardien soit épargné. Mais il arrive que non. Quelque fois, c’est surtout lui qui sera victime des agressions de son chien. À l’étude, la famille témoigne que leur chien est peu à peu devenu tyrannique. Il ne tolère plus que des personnes extérieures au groupe social pénètrent dans sa maison. Ils disent « sa maison ». Leur chien protège tout, de plus en plus. Il entre dans de grosses colères si sa famille quitte les lieux sans lui. Il redirige dans l’environnement en s’attaquant souvent aux effets personnels du gardien (mais pas toujours). Certains chiens auront tendance à se montrer menaçant lorsque la famille revient.
"Il est autoritaire ».
"Il nous martyrise".
"Il nous rend la vie impossible ».
« Malgré tout, nous voyons bien qu’il n’est pas bien. »
Etc.
QUE SE PASSE-T-IL ?
L’étude s’attachera en premier lieu à s’assurer, auprès d’un vétérinaire comportementaliste, qu’aucun problème médical ne parasite le comportement de ce chien. Parfois, ce sera le cas. Mais parfois non. Dans les deux cas toutefois, il est essentiel de comprendre quelles sont les sources de cette conduite ou quelles sont les circonstances qui ont pu l’aggraver, si le chien est malade.
Si le chien est malade, les conseils du comportementaliste non vétérinaire ne devront être appliqués qu’à la suite du traitement vétérinaire afin de ne pas placer le chien en sur-adaptation. On ne demande jamais à quelqu’un dont les comportements sont altérés par des problèmes de santé de modifier ses conduites avant d’avoir commencé à le soigner. Si le chien est en bonne santé, les conseils pourront être mis en application immédiatement.
LE CHIEN ENDOSSE UNE RESPONSABILITÉ QUI LE DÉPASSE
Ici, deux choses doivent être abordées : la sécurisation du chien dans le foyer et le besoin de contrôle qu’elle engendre chez lui quand elle est défaillante. Beaucoup de chiens, quelle que soit leur race ou leur croisement, gardent des restes de patrons-moteurs génétiques de protection et de contrôle. Ce sont, comme beaucoup d’autres comportements canins, des miettes de génétique devenues inutiles, car inusitées. En effet, ces chiens-là ne travaillent plus à la protection, depuis très longtemps. Mais la génétique est restée, et ne disparaîtra plus. À l’inverse, les chiens de protection au travail, c’est-à-dire, encadrés par un berger et éduqués à la protection, n’expriment jamais ces déviances.
POURQUOI ?
D’abord parce que le berger connaît les besoins de ses chiens, et surtout, connaît grâce à son expérience, la limite à ne pas franchir entre l’autonomie du chien de protection et le trop-plein de responsabilités. Cette limite est sensible. Les chiens de protection au travail sont des chiens autonomes, certes, mais ils savent que quand le berger arrive, il y a une passation de responsabilité. Le chien de protection remet alors entre les mains de son berger le rôle du contrôle. Ces chiens l’ont appris grâce à la posture essentielle du berger (leur guide).
Cette posture est celle qui manque cruellement à beaucoup de particuliers qui vivent avec un chien qui exprime encore des patrons-moteurs de protection et de contrôle, mais qui n’ont pas été sensibilisés à la nécessité de poser un cadre rassurant, celui de la sécurisation. C’est un repère fort qui indique au chien que la sécurité ne repose pas intégralement sur ses épaules, qu’il n’a pas perpétuellement la mission de protéger le foyer, et les ressources qu’il contient.
Malheureusement, je vois trop de chiens totalement perdus dans cette mission qui les dépasse, dont ils ne sont absolument pas capables, parce que si des restes de comportement de protection sont bien en lui, la personnalité et la force mentale n’y sont pas du tout. Ce ne sont pas des chiens de protection au travail, encadrés par un berger.
En croyant bien faire, et par les temps qui courent, la famille va souvent pêcher par trop de laisser-faire et de positivisme. Elle ne va pas véritablement s’inscrire dans ce rôle de gardien. Elle va oublier qu’un chien domestique a besoin avant-tout de se sentir en sécurité avec ses humains. Le chien de famille n’est pas fait pour protéger qui que ce soit, c’est lui qui doit l’être. Il n’est pas fait pour contrôler quoi que ce soit., c’est lui qui a besoin qu’on le sécurise. Et souvent, il doit être protégé de sa propre génétique défaillante, qui le pousse à adopter des conduites qui n’ont plus de sens.
Ce sentiment de sécurité existe avec des repères stables et simples, sur lesquels le chien pourra s’appuyer. Des habitudes qui le tranquilisent. Le premier repère primordial est son gardien, son humain d’attachement, autrefois, il y a des siècles, son berger. Le malheur c’est qu’aujourd’hui, nos chiens n’ont plus de berger.
LE CHIEN PREND LE CONTRÔLE QUE SON GARDIEN LUI ABANDONNE
Je précise ici qu’en aucun cas je ne parle de hiérarchie ou de dominance. Pas question de récupérer mon article pour faire passer des idées d’un autre âge. De toutes façons, la même anxiété-irritable pourra être observée chez certains enfants sans repère, totalement insécurisés par des parents qui démissionnent de leurs responsabilités, et se conduisent eux-mêmes comme des enfants. En grandissant, l’enfant insécure devient colérique, tyrannique avec ses parents, et parfois agressif. Il endosse inconsciemment le rôle de contrôle de ses parents défaillants. Il les protège, mais il s’y prend mal. Évidemment, ce n’est pas son rôle, et surtout, il n’en est pas encore capable.
Avec le chien, il s’agit du même phénomène. Ce lien parental inexistant va créer beaucoup d’insécurité chez le chien fragile. Il n’aura pas la chance de comprendre qu’il n’a pas besoin de défendre ou de contrôler quoi que ce soit, parce que ses gardiens sont là pour le faire à sa place.
REPRENDRE LE CONTRÔLE POUR SOULAGER LE CHIEN
Le chien de famille, celui qui n’est plus au travail depuis des générations, n’a plus du tout le mental pour endosser la charge du contrôle et de la protection. Cependant, et c’est souvent ce qui est difficile à comprendre, il voudra le faire car des restes d’atavisme l’y poussent. Seulement, il ne sait pas comment. Il a oublié. Il n’est pas assez fort pour ça. Les gardiens devront alors considérablement accroître les conditions de sa sécurisation. Et dans ce problème récurrent, les anciens chiens de garde, de protection, de défense qui ne travaillent plus du tout depuis des décennies mais conservent leur instinct, sont ceux qui en ont le plus besoin.
Malinois, bergers allemands, cane corso, border collies, etc. se troublent de colère et d’anxiété à force de devoir tout supporter, d’être constamment méfiants, de se sentir toujours en danger.
Il est plus que souhaitable que des repères soit installés autour de ce type de chien - et même tous les autres d’ailleurs - afin d’augmenter le sentiment de sécurité chez eux et dans l’environnement. Il faudra indiquer à ce chien qu’il n’a pas la responsabilité du contrôle et de la protection, que c’est votre rôle de le protéger, car vous êtes son guide, son parent, son gardien, etc. utilisez le terme qui vous convient. Cette posture est essentielle. Elle participera à soulager ses inquiétudes, à apaiser sa peur de perdre ce qu’il a, et à éviter l’agressivité liée au manque de confiance, au trop-plein de vigilance, au sentiment qu’à tout instant, un danger peut survenir, et que c’est à lui d’y faire face.
Si vous souhaitez mieux comprendre l’importance de la sécurisation chez le chien, et en particulier les anciennes races bergères de garde, de défense, de conduite et/ou de protection, je vous invite à lire l’histoire de « Scarlet et moi » dans mon livre « Mon chien, mon coach et moi ». La sécurisation du chien est souvent difficile à saisir, et pour cause, elle relève davantage d'un état d'esprit éducatif qui préserve le chien toute sa vie, que d'une simple règle à apprendre.
*** ACTUALITÉ ***
- Mon chien, mon coach et moi : https://shorturl.at/cFIV1 = Des humains dans l’aventure de la rééducation via la gestion environnementale.
- Le chien, cet animal qui nous échappe : https://shorturl.at/eLNT2 = Pour mieux connaître le chien, son éthologie, sa psychologie, ses besoins, ses envies, ses lubies, sa génétique, et réussir à construire une relation stable et épanouie, avec tout ce joyeux désordre. C'est aussi le sujet !
- Atelier de formation à destination du coach individuel en comportement canin ici : https://shorturl.at/cisH2 (15 mars).
- Les autocontrôles émotionnels MODULE 1 - CaniFed formation (17 mai).
- Les autocontrôles émotionnels MODULE 2 - CaniFed formation (14 juin).