19/03/2024
L’Ethique
Vous pensez être éthique ? Et si je vous disais que le renforcement positif n’est pas toujours éthique non plus ? Il existe pleins de situations ou ce n’est pas le cas : situations conflictuelles, pas de portes de sorties...
Ce mot est actuellement dans toutes les bouches : on prétend être éthique, on prétend être bienveillant. Mais peut-on réellement être éthique sans avoir les connaissances et les bases scientifiques pour savoir avec une précision immense ce qu’on est en train de faire ?
La question de l’éthique se pose profondément lorsqu’il s’agit de modifier un comportement. Nous prenons la responsabilité de modifier ses comportements et donc par voie de cause à effet, modifier aussi son ressenti, ses émotions, sa perception même.
Donner une friandise ne défini absolument pas le renforcement positif. Il ne définit pas non plus une stratégie d’action globale.
En fait globalement la meilleure façon d’être éthique serait de ne pas modifier un comportement du tout. Et la modification d’un comportement commence déjà par les contraintes environnementales (captives) qu’on lui offre.
Pourtant il existe bel et bien des tas de raisons de modifier un comportement. Y compris pour le bien de l’animal lui même. Je pense notamment et parce que j’y suis confronté régulièrement : aux cas ou l’animal est en impuissance apprise, ou il ne sait pas voler, ou il a peur de certaines choses, voir des phobies, ou il y a un traumatisme.
Oui il existe des raisons, et même des très bonnes, de vouloir modifier un comportement, ce n’est pas toujours (loin de la) égoïste, pour notre bon plaisir humain.
Et pourtant, même dans ce cas, oui, même dans ce cas, on peut avoir la meilleure volonté du monde et malgré tout manquer cruellement d’éthique.
On manque d’éthique en jetant un animal face à sa plus grande crainte pour “le pousser à s’habituer”.
On manque d’éthique dès lors qu’on retire un chiot à sa mère pour “mieux l’imprégner” alors que sa mère est parfaitement capable de s’occuper de lui.
On manque d’éthique dès lors qu’on souhaite accueillir un animal à la maison sans s’occuper de lui offrir les conditions de détention appropriée à son espèce en se disant “qu’il s’y fera”.
Ethique et Connaissance sont les deux faces d’un même pièce.
Bien sur on ne peut pas toujours savoir ce dont on manque, c’est même tout le principe. Nous ne pouvons pas toujours être au fait de toutes les informations dans chaque domaine de compétence. Moi la première. Et c’est précisément pour cette raison qu’il faut s’entourer avec des spécialistes dans d’autres domaines de compétences pour que la prise en charge de l’individu soit la plus globale possible.
“Do the best you can until you know better. When you know better, do better” - Maya Angelou
Il faut questionner nos acquis, sans cesse et sans relâche, remettre en question, aller chercher les informations, comprendre, encore et encore pour s’assurer qu’à chaque moment, nous sommes réellement en train d’aider l’individu dont on veut modifier le comportement et pas juste le plier à notre volonté (même pour les meilleures raisons de monde).
Cette responsabilité qui est la notre à partir du moment ou l’on prend en charge des vies - et qui plus est, celles des autres- ne devrait pas être prise à la légère, ne devrait pas être un combat d’égo, ne devrait pas se baser sur des croyances mais devrait sans cesse se questionner :
Est ce que la je peux affirmer avec certitude que j’aide cet individu de la meilleure manière possible? Et, par voie de conséquence dans notre métier : ses humains ? Est ce que la j’ai trouvé le protocole le plus adapté et le moins invasif possible pour cet individu ?
"Oui mais Marion, si ça marche déjà très bien avec des stratégies plus invasives alors pourquoi toujours tout remettre en question ?"
“Effectiveness is not enough” Friedman
Parce que l’efficacité ne devrait pas être notre premier critère de sélection. Parce qu’il est possible de modifier le comportement d’un individu, d’un animal, sans tenir compte de son bien-être mental et physique et pourtant, ça ne justifie pas de le faire.
Ce n’est pas parce qu’on à le pouvoir de le faire, qu’on devrait le faire.
En tant qu’humain nous considérons souvent comme acquis les vies animales. Mais spoiler : elles ne le sont pas. Nos animaux partagent nos vies, et ce n’est pas parce-que nous échangeons de l’argent pour les faire rentrer dans nos vies qu’ils nous appartiennent. Nous n’avons pas tous les droits sur eux.
L’éthique s’apprend, elle ne s’invente pas, elle ne s’applique pas juste parce qu’on proclame l’être. Et même quand on en a très envie, le chemin pour espérer le toucher du doigt est tortueux.
La meilleure façon d’être éthique ?
Remise en question, se former, encore, et encore et encore, avec des méta-analyses pas simplement en lisant des points de vue de personnes qui ont toutes les mêmes opinions. Questionner ses acquis. S’entourer de professionnels spécialisés dans d’autres domaines. Se confronter. Ne pas hésiter à sortir de sa zone de confort.
Douter de tout. A commencer par soi.
Tout ça pour quoi ? Pour devenir la plus capable possible de prendre le meilleur chemin, la meilleure stratégie d’action possible, la moins invasive, la plus efficace et celle qui mènera le mieux au bien-être de l’individu.
Marion | CDBC · CSAT · PST-CI · CPBT-KA · Elite FFCP
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