05/12/2023
Aujourd’hui, j’aimerais parler d’un sujet assez peu évident. Le monde qui nous entoure a pour moi un aspect très particulier qui m’appartient. Ce monde, mon monde, est unique. Pour vous, le monde qui nous entoure a également un aspect très particulier qui vous appartient. Il est tout aussi unique ! Nos mondes sont un petit peu différent ou peut-être qu’ils le sont beaucoup.
Par exemple, pour moi, le monde extérieur, c’est d’abord certains villages, certaines régions, certains pays. Je le connais à travers des prismes très particuliers et très réducteurs. Quand je me balade en ville, je remarque d’abord les chiens, certains commerces et notamment les librairies (qui sont bien trop rares). Ce monde est différent du votre. Notons que même s’ils sont différents, nos mondes ont sans doute des points communs car nous sommes entre humains et en prime, entre humain francophone !
Chez les chiens, c’est pareil, ils ont tous leur propre monde. Vous pourrez retrouver ce concept sous le nom de « Umwelt ». Ce monde est relativement différent du monde d’un humain ! Prenons quelque chose de basique, leur point de vue se situe grossièrement à moins d’un mètre au-dessus du sol ! Quand on fait le test, on peut s’apercevoir que ça change un sacré paquet de détail. Et à nouveau, chaque chien a son propre petit monde, bien à lui.
Pourquoi je vous raconte ça ? Quand un chien a peur de quelque chose, ça rentre dans sa conception du monde. Son monde ne se résume pas à ça pour autant ! Mais… ça en fait partie. Et pour aller à sa rencontre, il va falloir accepter d’essayer de se mettre un peu dans ses patounes pour comprendre à quoi il ressemble le monde, de son point de vue. Une petite technique mentale peut être de remplacer tout ce qui lui fait peur par des crocodiles… Je vous promet que les balades prennent très vite une autre allure !
Il y a un deuxième concept qui me paraît important avant de poursuivre et qui est un concept tout aussi personnel que la perception du monde, c’est celui de la résilience. La vitesse à laquelle on guérit après un traumatisme, mais également la manière dont on gère cette guérison, ce n’est pas pareil pour tout le monde. Vous pouvez l’observer chez l’humain. La santé mentale n’est pas exactement la même pour tout le monde après une catastrophe. On pourrait dire qu’il y a « ceux qui s’en sortent le moins bien » et « ceux qui s’en sortent le mieux » mais en réalité, il y a pleins de façon de bien s’en sortir et pleins de façon de ne pas bien s’en sortir.
Chez le chien… C’est pareil !
Maintenant que je vous ai dit ça, si je vous parle d’adopter un chien dans une structure précise, disons un chien qui sort de laboratoire ou qui sort d’un marché pour la viande ou … Je suis désolée, je fais un peu le tour des pires horreurs ! Bref ! Donc imaginons que l’on adopte un chien précis venant de l’un de ces endroits. On peut s’attendre à des « traumatismes types » à raison ! Il est par exemple très commun que certains chiens aient des problèmes avec le fait de porter un collier. Néanmoins :
Ils ont tous construit leur propre monde qui n’est pas tout à fait identique.
Ils ont tous des capacités différentes notamment en matière de résilience.
Et du coup ? Et du coup, on n’adopte simplement pas le même chien ! Même si ce sont des frangins, avec une vie strictement similaire, ils ne seront pas identiques à l’arrivée. Ce que j’aimerais souligner, c’est que derrière un traumatisme, il y a d’abord un individu qu’il faut accepter de découvrir.
L’autre point important, c’est que si on ne connaît pas le passé d’un chien, on peut être tenté de se dire que la taille visible de son angoisse reflète la taille concrète de son traumatisme. Seulement, ce n’est pas forcément ceux qui s’expriment le plus fort qui ont vécu les pires horreurs… C’est parfois intéressant de le prendre en compte, pour dédramatiser du côté de l’humain (car nos sentiments peuvent aussi nous jouer de mauvais tours) mais également pour prendre conscience de la sensibilité propre de l’individu qui nous fait face (ce qui va être important pour décider de ce que l’on fait !).
Conclusion ! Quand on observe un chien qui semble traumatisé, on peut s’intéresser :
- A ce qu’il a vécu concrètement
- A la manière dont il perçoit le monde (ce qui va nous être très utile)
- A la résilience qu’il a déjà montré si possible
Et tout ça, ça nous amène à un sujet extrêmement important qui est la prise en compte de l’individu ! Voilà, j’espère que ce petit mot sur la prise en compte de qui on a face à nous était à peu près clair, c’est un sujet qui est assez nébuleux dans ma tête mais qui est très important parce qu’il m’apprend à ne pas sauter sur les conclusions trop vite.