12/11/2025
L’ordre “On s’en fout”
En parlant avec une cliente du "lâcher prise", nous avons fini par en conclure qu’il serait judicieux de mettre en place l’ordre “on s’en fout” avec beaucoup de nos chiens.
Et au-delà de l’aspect un peu cocasse de cet ordre, laissez-moi vous expliquer pourquoi.
Parce que de nombreuses erreurs viennent d’un même endroit: le contrôle.
On veut bien faire, on veut guider, on a peur de perdre la face, et on veut que le chien réussisse.
Alors on sur-réagit, on surcorrige, on surinterprète…
Et à force de vouloir aider, on finit par brouiller le signal.
Prenons un exemple concret:
vous croisez un autre chien dans la rue.
Le vôtre se fige, se tend, puis aboie.
Et là, tout le monde connaît la suite: la laisse se tend, la voix monte, le stress grimpe.
Et plus vous essayez de “reprendre le contrôle”, plus votre chien perd le sien.
Mais souvent, ce qui bloque le plus, ce n’est pas le chien.
C’est le regard des autres.
Ces quelques secondes où vous sentez les yeux des passants, où votre ego voudrait se justifier, prouver, réparer.
Et c’est là qu’il faut justement se dire: "on s’en fout"!
Parce que ce travail-là, personne d’autre ne peut le faire à votre place.
Ni le voisin, ni le passant, ni le dresseur de trottoir du dimanche (mon préféré, celui-là…).
“On s’en fout”, pas au sens du “je m’en fiche” (quoique…), mais au sens du “je ne nourris pas.”
Je reste présent, ancré, mais neutre.
Je ne donne pas d’énergie au conflit.
Je ne nourris pas émotionnellement cette situation.
Et surtout: je ne me sens pas coupable.
Le lâcher-prise, ce n’est pas sur la gestuelle, c’est sur l’implication émotionnelle.
Votre chien aboie ? Ce n’est pas un échec.
Ce n’est pas “vous contre lui”, ce n’est pas un jugement public.
Ce n’est qu’un comportement — à lire, à comprendre, à réguler.
Pas à vivre comme une faute.
Dans une situation pareille, le simple fait de s’arrêter, de s’excuser ou de se justifier, c’est déjà valoriser le comportement du chien.
Alors que c’est tout l’inverse qu’il faut faire:
donnez votre ordre “on s’en fout”, continuez tranquillement votre chemin, et avancez.
Plus vite vous passerez à autre chose, plus vite votre chien en fera autant.
Parce que le dire, ça agit.
C’est un bouton mental.
Une phrase qui aide à désamorcer le stress.
Un peu comme la méthode Coué, mais version cyno: plus vous le dites, plus votre corps y croit, plus votre chien le ressent.
C’est une compartimentation mentale:
je sépare ce que je ressens de ce que je montre,
je sépare l’émotion du réflexe,
et je garde la tête froide.
L’ordre “on s’en fout”, ce n’est pas de l’indifférence.
C’est le choix de ne pas valoriser ce qui ne doit pas l’être.
C’est un ordre qui vous implique autant que votre chien.
Parce que l’éducation, c’est un travail d’équipe.
Et qu’un chien ne pourra jamais être indifférent à une situation qui vous atteint émotionnellement.