18/12/2025
On vit une époque étrange non?!
On parle tout le temps, mais on communique très mal!
Dans l’éducation canine (comme ailleurs ...) ça crée une dérive: on interprète tout à travers le prisme humain.
On plaque des émotions humaines sur un animal qui, lui, communique par posture, rythme, tension musculaire, micro-gestes (et je ne parle pas des phéromones)… et rien de tout ça n’a besoin de mots.
Le problème, c’est que nous avons oublié (ou jamais su?) comment lire ce langage-là.
Notre communication est devenue presque exclusivement verbale.
On envoie des messages, on commente, on discute, on s’explique.
Et plus on dépend des mots, plus on perd le reste: le corps, la distance, le regard, le silence, le contexte.
Le non-verbal humain s’est rétréci au point où, sans langage, on est quasiment muet.
Essayez d’échanger avec un Chinois ou un Russe sans un mot commun, sans technologie, sans traduction...
Pire... Imaginez essayer de communiquer avec un français ... Né en 1700! Cela serait quasiment impossible!
Dépourvu de notre vocabulaire "moderne", nous sommes vite désarmés, notre communication est devenue fragile, trop appuyée sur les mots.
Et notre vocabulaire est minuscule comparé à la finesse réelle d’une communication vivante.
Quelques milliers de mots pour décrire des milliers de nuances posturales, tensives, olfactives, rythmiques… c’est dérisoire.
On met le même mot—“peur”, “joie”, “stress”, “énergie”—sur des dizaines de phénomènes totalement différents.
Chez le chien, c’est l’inverse!
Le langage n’a pas été appauvri.
Il n’a jamais été remplacé par un smartphone ou une légende Instagram.
Il est resté biologique, instinctif, immensément précis.
Un chien d’aujourd’hui pourrait communiquer avec un chien né il y a 2000 ans.
Un chien français lit parfaitement un chien japonais, turc ou argentin.
Leur langage est universel parce qu’il est inscrit dans le corps, pas dans les mots.
Et c’est là que l’anthropomorphisme devient un vrai problème.
Quand on dit qu’un chien “est vexé”, “fait exprès”, “est jaloux”, “boude”, on colle une étiquette verbale extrêmement pauvre sur un signal corporel extrêmement riche.
On simplifie à l’extrême un système d’informations qui nous dépasse largement.
À chaque fois qu’on traduit un comportement canin avec un mot humain, on perd 90 % du message.
En prenant le mot "stress" par exemple, il peut traduire à lui tout seul, des dizaines d'émotions, des plus subtiles aux plus intenses... Et même chez l'humain, c'est un mot qui ne sera pas compris de la même façon par chacun.
Le défi moderne, ce n’est pas de devenir plus émotif, mais de redevenir compétent, de réapprendre à lire ce qui se passe vraiment.
Se sortir des mots et revenir au vivant.
Regardez votre chien comme un chien.
Observez la posture, le souffle, la vitesse, les micro-arrêts, les variations de tonus, les mouvements de sa gu**le...
Parce que lui, contrairement à nous, n’a jamais oublié comment communiquer.