05/07/2025
Une question qui revient souvent :
Pourquoi mon chien m'écoute mieux quand il est détaché plutôt qu'en laisse ?
Et c'est souvent flagrant avec la plupart de nos chiens.
Bien qu'il n'existe pas (à ma connaissance) de réponse universelle, je vais essayer de vous aiguiller un peu, et pourquoi pas, de vous proposer quelques pistes pour améliorer la situation.
(Bien que là, pour le coup, ce serait clairement plus parlant en vidéo… 😅)
D’où ça vient ?
Selon moi, la raison principale, c’est le lien biaisé qui s’installe dès le départ autour de la laisse.
Beaucoup y voient un outil de contrainte, un moyen de tenir le chien. Que ce soit pour sa sécurité, celle des autres, ou par habitude.
Mais personnellement, j’y vois avant tout un outil de communication : un prolongement du corps, un lien palpable entre le chien et son humain.
Une laisse peut retenir, oui.
Mais elle peut aussi guider, informer, sécuriser autrement.
Je dis souvent que c’est comme donner la main à quelqu’un :
– à un enfant, par souci de sécurité
– à un conjoint, par envie de créer ou d'affirmer un lien
Le geste est le même. L’intention change tout.
Et pourtant, chez beaucoup de chiens, c’est justement la mise à l'attache qui casse le lien.
Le chien ne devient pas sourd ou aveugle. Il est simplement sous contrainte.
(...et vous aussi.)
Les facteurs qui entrent en jeu
1 – Neurologique
La laisse modifie la perception corporelle du chien.
Elle altère sa proprioception (sensation de son propre corps), bloque ses prises d'information naturelles (angles, vitesse, équilibre), et réduit son autonomie posturale.
Certains chiens deviennent alors plus réactifs, d’autres plus passifs (bon, c’est plus rare, mais en détection c’est flagrant : le chien s’éteint en laisse).
Dans tous les cas, leur système nerveux est perturbé.
Et un système nerveux perturbé ne traite plus finement les signaux extérieurs: il sature…
2 – Comportemental
Un chien apprend vite à associer la laisse à certaines expériences : tensions, interdictions, agacements, maladresses involontaires...
Et plus cette association s’ancre, plus le chien développe un comportement de retrait, de fuite ou de confrontation passive.
À l’inverse, détaché, il peut s’exprimer, réguler sa distance, ajuster ses choix. Il n’est plus sous contrainte : il choisit.
Et un chien qui choisit devient plus lisible, plus disponible.
3 – Humain (et oui… encore)
Le facteur le plus négligé.
L’humain change de posture quand le chien est attaché (souvent inconsciemment)
Il anticipe plus, se crispe, s'énerve (si, si, je vous vois faire).
Et il transforme la laisse en fil de tension.
Et comme je le répète sans cesse : ”Laisse tendue, relation tendue”
À l’inverse, quand le chien est détaché, l’humain relâche la pression, il observe mieux, il laisse de l’espace, il offre une marge de manœuvre…et le chien le perçoit immédiatement.
Le changement ne vient pas toujours du chien, il vient aussi de la manière dont l’humain entre dans la relation.
4 – L’excitation du chien en contexte
Autre facteur souvent négligé: l’état émotionnel du chien au moment de la sortie.
Pour beaucoup de chiens, la promenade, c’est l’événement de la journée.
Ils sont surexcités avant même de franchir la porte, une fois dehors, ils veulent tout sentir, tout voir, tout explorer, tout de suite…Et cette montée en excitation, quand elle se combine à une laisse courte, déclenche systématiquement une frustration motrice.
Le chien veut aller vite, (en tout cas à son rythme) la laisse l’en empêche…Il veut faire demi-tour, on tire de l’autre côté….Il veut zigzaguer, on corrige la trajectoire…
Résultat : plus il est contraint, plus il s’énerve, et plus il s’énerve, plus vous vous enervez…et ça n’en finit pas!
Détaché, il garde cette excitation, mais il peut la canaliser par le mouvement.
Il va flairer, trottiner, ralentir de lui-même…Et paradoxalement, cette liberté l’aide à se calmer plus vite.
En laisse, on le bloque, détaché, il s’autorégule.
Du coup, on fait comment ?
Exercice 1 – Marche informée
Travailler la marche en longe détendue, sans tension parasite. Encore mieux : longe traînante au sol, gérée en marchant dessus ( c’est un coup à prendre, mais c’est top, parce que le chien apprend que vous avez un contrôle sur lui…même les mains dans les poches).
L’objectif : rendre la laisse invisible, mais présente.
On guide, on n’impose pas. (Sauf urgence… 🙄)
Exercice 2 – Changements de direction
Sans prévenir verbalement, (sinon le chien est directement interpellé, et il n’a pas d’effort cognitif à faire), changer de direction avec le corps.
La ligne droite est souvent l’ennemi de la marche en laisse ou au pied.
Ce travail oblige à redevenir lisible corporellement.
(Parfois, il faut exagérer les mouvements, notamment avec les épaules : mouvement d'aspiration du chien.)
Exercice 3 – Zones libres / zones guidées
Alterner entre zones en totale liberté (dans un lieu sécurisé) et zones en longe avec objectifs clairs (par exemple : rester dans une bulle de 1,5 mètre).
L’idée : créer un cadre lisible sans contraindre le mouvement.
Exercice 4 – réapprendre à marcher en laisse détendue
Réapprendre à marcher en laisse détendue, à s'observer mutuellement et ne pas monter en pression quand le chien tire.
Juste à le rappeler à l'ordre calmement, et reprendre le contrôle.
(Et on n'oublie pas les 3D – durée – distance – distractions.)
Exercice 5 – Le lâcher prise (le plus dur)
Tout ne doit pas être source de conflit.
Bien sûr, le chien ne doit pas vous arracher le bras en permanence…
Mais peut-être que vous ne devez pas lui arracher le cou non plus.
J’ai appris beaucoup, quand j’ai appris à lâcher la laisse.
Parfois, mon chien démarrait vite pour aller renifler je ne sais quoi.
Au lieu de partir au conflit, si l’environnement le permettait, je lâchais simplement la laisse.
(Et comme je suis un énorme feignant, je lui ai appris à la ramasser et à me la redonner…)
Et on repartait tranquillement.
La contrainte amène la contrainte.
Ce n’est pas la laisse le problème, c’est ce qu’elle trahit!
Il n’y a pas qu’à s'entraîner! :)