19/03/2022
Pour clôturer cette semaine, pour poursuivre en réponse à certains commentaires, et pour finir de clarifier la notion de l’éducation telle que nous la concevons, à nouveau un ancien article sur la question : Quelle est la différence entre l’éducation et le dressage ?
Penchons-nous d’abord simplement sur leur définition, In Trésor de la langue française informatisée :
Le dressage était initialement défini comme le « Fait d’habituer un animal à certains comportements ». Il est ensuite devenu, en prenant une connotation plus péjorative, dans le domaine de l’enseignement : « Action qui consiste à amener l'élève à exécuter mécaniquement ce que le maître attend de lui (d'apr. Leif 1974) ». C’est en ce sens qu’il est maintenant communément employé.
L’éducation s’entend comme l’« Art de former une personne, spécialement un enfant ou un adolescent, en développant ses qualités physiques, intellectuelles et morales, de façon à lui permettre d'affronter sa vie personnelle et sociale avec une personnalité suffisamment épanouie. »
La première observation, d’après ces définitions, c’est que le dressage concernerait spécifiquement les animaux, l’éducation concernant les humains. La différence date du temps où l’animal n’était pas reconnu comme un être sentient (un être sentient ressent la douleur, le plaisir et diverses émotions), ce qui n’est évidemment plus d’actualité…
Pour répondre à la question, donc (et cela rejoint tous nos questionnements sur les méthodes d’éducation) :
• Dresser un animal, c’est donc automatiser une action ou une posture en réponse à un ordre donné par l’humain. C’est un conditionnement à rapprocher de l’expérience pavlovienne : un stimulus (« ordre ») déclenche une réponse attendue (« obéissance »). En l’absence de ce stimulus (donc en l’absence de l’humain), la réponse attendue n’est pas forcément celle que le sujet choisira.
• Eduquer un animal, c’est le mettre en capacité d’apprendre par lui-même comment s’adapter au monde d’humains qui l’entoure, en respectant les limites qui garantiront une bonne cohabitation, sécuritaire, sereine et agréable pour tous. (mais n’oublions pas que l’adoption d’un chien nécessite aussi une adaptation de son humain : sa vie quotidienne est impactée par la présence de ce nouveau compagnon !)
Quant aux apprentissages incontournables ? C’est le minimum nécessaire à leur sécurité, et à leur intégration dans la société humaine.
Cela amène à s’interroger sur « les règles de base ». Afin de ne pas s’user en se trompant d’objectif, il serait intéressant de se demander à chaque fois qu’on s’apprête à adresser une « commande » au chien : « Est-ce que ça a un sens ? pour moi ? pour le chien ? » « Qu’est-ce que je veux, finalement ? »
• Par exemple, quand j’arrive au bord d’un trottoir, en fait, ce que je veux, c’est que mon chien s’arrête pour ne pas se mettre en danger. Est-il pertinent que je lui demande de s’asseoir ? Le fera-t-il s’il se sauve en mon absence ? Est-il moins en danger assis que debout ? Ne sait-il pas rester immobile quand il est debout ? Dans ce cas, je vais, au calme, apprendre à mon chien qu’il doit associer le fait d’arriver au bord du trottoir à la simple action de s’arrêter, que je sois proche ou pas.
• Quand il me saute dessus lorsque j’approche sa gamelle, vais-je faire baisser la pression en lui demandant de se coucher, alors que je lui présente ce qui, dans son cerveau (ce n’est qu’un chien !) représente la nourriture, donc la survie ? Ce que je veux, c’est qu’il soit capable d’attendre. Ne serait-il pas plus judicieux de travailler en amont l’apprentissage de la patience, qui serait également utile dans bien d’autres occasions (si je papote avec une personne de rencontre en le promenant, par exemple) ?
Mais restons nuancés : oui, il y a nécessité d’assurer la sécurité et l’équilibre, au quotidien. Par exemple :
• L’apprentissage du « Stop ! » peut mettre à ma disposition un interrupteur, chaque fois que mon chien risquera de se mettre en danger, de déranger autrui ou de le mettre en danger.
• Le rappel sera scrupuleusement conditionné, afin qu’il soit au maximum efficace dans tous les environnements, aussi perturbés qu’ils puissent être.
Oui, il y a donc des « ordres » qu’il est incontournable d’automatiser. Pour le reste, comme dit précédemment, travaillons avec notre chien pour qu’il soit capable, dans des circonstances variées, de choisir de lui-même le comportement adapté à la situation, en l’absence de toute intervention de ma part : celui que je me suis appliqué(e) à renforcer, celui que j’attends parce qu’il garantit sa sécurité et celle d’autrui, ou parce qu’il lui permet de respecter les règles que lui impose la vie dans notre société humaine.