09/10/2023
Quelque chose de fondamental différencie l’humain et le cheval : le regard.
Nous sommes des prédateurs. Cela n’est ni bien ni mal en soi - la « super-prédation » étant un autre sujet - cela est.
Cela fait de nous des êtres capables de focaliser notre attention de manière longue et intense pour obtenir des résultats et avancer droit vers notre objectif, notre cible. Célébrons cela car c’est ce qui a permis à l’humanité d’accomplir de grandes choses.
Si nous gardons à l’esprit que cette caractéristique est inhérente à notre nature, nous pouvons prendre conscience que, parfois, nous l’utilisons à notre propre détriment et au détriment de nos relations. Car, par ailleurs, nous sommes des êtres sociaux: comme les chevaux, nous avons besoin du lien à l’autre pour vivre et survivre et en cela nous avons besoin de nourrir une certaine harmonie dans nos relations.
Elle peut s’avérer artificielle chez les humains, elle est toujours authentique chez les chevaux.
Revenons à notre essence. Je crois que la confusion est grande à l’endroit sur lequel nous concentrons notre énergie et notre attention : nous confondons l’individu et l’objet de la convoitise, l’être et le résultat que nous souhaitons atteindre.
Nous exerçons alors une pression, souvent de manière inconsciente, sur cet autre vivant pour qu’il bouge, se plie à nos exigences égotiques, comble le vide de nos besoins non satisfaits.
C’est précisément en cet endroit que l’équitation devient trop souvent un sport de combat et que la lutte des pouvoirs s’établit entre les humains. Nous oublions que l’autre est - pourrait être - notre partenaire et que c’est avec lui que nous désirons avancer.
Si nous ne prenons pas conscience de cela, la relation devient le lieu où tout s’enflamme, tel l’effet d’un rayon de soleil sur un tas de foin à travers une loupe.
Si, pendant ne serait-ce que quelques instants, nous adoptons le point de vue de la proie, nous faisons l’expérience directe du lâcher prise, de l’intérêt de relever la tête, de détourner le regard de « l’objet » de notre convoitise, de regarder au loin pour embrasser l’horizon.
C’est ainsi que chacun peut reprendre son souffle et qu’après quelque temps, parfois cinq minutes à peine, tout s'éclaire et quelque chose s’équilibre, circule à nouveau.
Elodie Hammiche - Le Cheval Enseignant
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Illustration : Gabriel Pacheco