15/02/2019
Pas de ça chez moi...
"Pilote hors pair" Zoom sur la couverture de grand prix magasine de novembre
"Hier, je suis tombée sur la Une du magazine Grand Prix Replay, édition de novembre. Une cavalière partageait cette photo détail de la jument, montée par un cavalier professionnel de renom, et s'étonnait que personne n'ait relevé, que personne dans l'équipe du magazine n'ait empêché la publication d'une photo aussi dérangeante, en couverture, pour célébrer les "victoires" d'un cavalier.
On demande à cette jument d'être une athlète et d'enchaîner un parcours technique, physique, avec rapidité et précision, en apnée. La façon donc la muserolle est placée et serrée à outrance déforme complètement son visage ; la muserolle est normalement en corde à l'origine, mais il semble qu'on l'ait enrobé de chatterton ou autre. Pour limiter les "blessures"...? Ça serre encore davantage...
Je passe sur cette double muserolle qui me parait déjà improbable, et je scotche sur ce qui apparait entre le mors et la bouche. On m'explique que ce sont des rondelles à picots... pour exacerber la pression lors de la rêne d'ouverture, et que le cheval cède et tourne plus vite.
Je note les œillères.
Je note tout le reste, qui ne fait même plus frémir personne.
Je note que personne, dans le monde des cavaliers professionnels, n'ose s'émouvoir en public de ce genre de pratiques. Mais qu'on ose sans frémir utiliser ce genre de choses, en public, et qu'on chante les louanges des victoires de ces cavaliers.
Depuis hier soir, j'ai la nausée. Car ces cavaliers & cavalières, qu'ils soient du CSO ou du dressage, obtiennent des victoires. Et donc deviennent des modèles. Des modèles pour les cavaliers de club, les amateurs.
Avez-vous essayé récemment de trouver un filet simple, sans les montants de muserolle ? Avez-vous vu fleurir des "bandes de respect" ? Du "dégrippant buccal" ?
Le sport équestre en est là. Là dans les yeux de ce cheval qui n'a rien à dire. Là dans les commentaires des journalistes qui s'amusent de voir un cheval ruer fort, en disant que c'est "un sacré caractère", alors qu'il essaye tant que mal de dire m***e, ou de replacer le cavalier ou la cavalière sur son dos qui ne monte qu'avec les mains ; ou saluant la hauteur des genoux d'un cheval de dressage qui a le dos en cuvette et bave de souffrance.
Je ne suis pas une bonne cavalière. Mais j'ai le droit de m'en émouvoir. De dire que ceci n'est pas acceptable.
Nous avons notre part de responsabilité. Nous achetons ces magazines. Nous allons voir ces épreuves. Nous achetons parfois le dernier tapis à la mode avec un nom de cavalier ou cavalière émérite dessus parce que ça fait bien. Nous achetons une muserolle coercitive en rajoutant du mouton dessus, "pour ne pas blesser", en oubliant la pression exercée sur le chanfrein. Nous allons par curiosité sur les terrains de concours du dimanche, niveau club, et nous n'osons rien relever de ce qui nous choque.
Nous devons cesser de sponsoriser ce triste spectacle.
Je me fous complètement qu'un·e cycliste se dope. C'est sa vie, d'une certaine manière. Mais nous travaillons avec du vivant. Un animal. Qui ne peut pas s'exprimer, autrement qu'en devenant rétif.
Cela dit, ce n'est pas uniquement de la faute de ce magazine. C'est de la faute des règlements qui permettent à ces cavaliers et cavalières d'harnacher de manière honteuse pour obtenir des victoires, quelle que soit la discipline. C'est de la faute de la fédé, et du faible niveau d'enseignement. C'est de la faute de la FEI, et de ses règles aberrantes en matière d'équipement équestre comme d'attribution des points dans les épreuves.
Je l'ai déjà dit, le jour où les associations de défense des animaux vont débarquer là-dedans, avec parfois leurs gros sabots, ça va faire très mal. Et à tout le monde, pas uniquement aux écuries de compétition. On voit déjà fleurir partout des remarques, voire des insultes, quand on monte à cheval. Nous allons tou·te·s payer, un jour ou l'autre, pour avoir fermé les yeux.
J'adorais regarder le dressage et le CSO. Je ne regarde plus ; je ne comprends plus ce que je vois, je ne comprends plus les commentaires, je ne vois plus le cheval là-dessous, je ne vois plus le travail et la justesse. Je ne vois plus l'exemple qui me donne envie de pratiquer, de comprendre, d'apprendre.
Notre sport équestre est malade, pourri de fric, de sponsoring, comme tous les autres."
https://www.change.org/p/fédération-française-d-équitation-stop-à-la-surenchère-coercitive-sur-les-terrains-de-concours?recruiter=913229167&utm_source=share_petition&utm_medium=copylink&utm_campaign=share_petition&fbclid=IwAR1Sgbee0EhmyaSVuCqI_h2XD4oy8plNJLwL7qB9PBMC-okG7gIbebP54ms